mercredi 25 novembre 2009

sawndterview N° 11... Pierre Gerard - co-fondateur de Jamendo

pierreneoJamendo est un animal d'une espèce particulière... issue de cette vague du "Open" au sens large ; leur objectif n'est ni plus ni moins que de casser le modèle traditionnel du licencing tel qu'il existe aujourd'hui dans le monde de la musique. C'est sans doute d'ailleurs leur proximité avec ce monde de l'Open qui leur vaut une très belle page sur Wikipedia... 


Pierre Gerard est l'un des co-fondateurs de cette société dont la fondation remonte à 2005 et qui est basée au Luxembourg. Parmi ses faits d'armes, on notera qu'elle a su s'attacher comme investisseur le prestigieux fond Mangrove Capital, qui avait auparavant financé des sociétés comme Skype... On leur souhaite le même parcours. 


Pierre, question directe : est ce que vous êtes concurrents de la Sacem?
Nous ne pouvons pas nous définir comme un concurrent de la SACEM au sens large car nous ne pouvons pas pour l'instant proposer à un auteur de collecter l'ensemble de ses droits d'auteurs. Par contre, nous proposons aux artistes et auteurs qui décident de mettre leur musique sur Jamendo des canaux de distributions commerciaux pour leurs créations, ils peuvent ainsi être rémunéré. Nos offres de radio Jamendo Pro pour lieux publics (magasins ou restaurant par exemple)  permettent de ne plus payer la Sacem car nos artistes n'en sont pas membres. Dans ce cas, nous devenons concurrents.
Mais j'aime bien dire que nous sommes aujourd'hui complémentaires en nous adressant à une population d'artistes qui n'avaient pas accès à une diffusion commerciale et qui ne sont pas affiliés à une société de collecte.

Pourquoi les artistes devraient signer avec Jamendo plutôt qu'avec quiconque d'autre?
Parce qu'en signant avec Jamendo ils sont libres de signer ailleurs, de notre point de vue en tout cas. D'autres sociétés vont demander l'exclusivité mais ce n'est pas le concept de Jamendo. Par contre, pour être diffusé sur Jamendo, il faut pouvoir diffuser sa musique sous licence Creative Commons. Ce choix n'est pas possible si on est par exemple affilié à la Sacem, mais d'autres sociétés de collecte dans d'autres pays l'acceptent . Dans ce cas l'auteur peut choisir plus facilement qui il choisit pour gérer ses droits suivant l'usage qui est fait de sa musique.

Est ce que vous cherchez des fonds?
Nous avons déjà levé 3Mio d'Euros et nous sommes en train de chercher une somme  équivalente. Notre projet est ambitieux et un des plus innovants dans le domaine de la musique car il permet à une nouvelle population d'auteurs d'avoir accès à la diffusion de masse et à une rémunération. Le pari est ambitieux et il lui faut donc des moyens.

Dans quel état te semble le monde de la musique en ce moment?
Il vit une profonde mutation comme des dizaines de modèles économiques en ont déjà vécue. On peut tenter de tout faire pour essayer de maintenir les équilibres existants ou oeuvrer pour faire évoluer tout le système en innovant et en se disant que l'évolution technologique qui entraine ces changements est une formidable opportunité de développement et de création de nouvelles chaines de valeur.
Mais arrêtons de dire que l'industrie de la musique est en crise, l'industrie du disque traverse une période critique mais toutes les études montrent que globalement les sommes d'argent consacrées à la musique ne font qu'augmenter.

Pour les maisons de disque, tu penses que le business va s'améliorer ou se dégrader?
Les maisons de disques ont bénéficié de manière extraordinaire des évolutions techniques et sociales depuis près de 30 ans. L'éclosion des MTV et du CD leur ont permis d'accéder à un marché de masse comme jamais auparavant. Notons au passage, que durant les années 80 on nous a vendu deux fois la même musique en passant du vinyle au CD.
Aujourd'hui les acteurs en place tentent de faire légiférer pour maintenir leurs positions. Mais souvenons-nous: il y avait 3 chaines de télévision en France en 1980, les seules radios commerciales étaient alors des radios périphériques comme on les appelait alors. Aujourd'hui nous avons des dizaines de chaines de TV, certaines payantes, d'autres gratuites, la video à la demande, la bande FM est remplie. Il y a eu des adaptations, de nouveaux acteurs sont arrivés, des échecs, des réussites, les acteurs en place se sont plus ou moins bien adaptés mais globalement cette économie s'est très largement développée.
Les causes de  la dégradation actuelle sont nombreuses mais citons par exemple: d'une part que  la dématérialisation de la musique en passant du CD physique au fichier numérique recopiable à l'infini à coût presque nul n'a entrainé pour l'utilisateur aucune économie ou alors très faible. D'autre part tous les nouveaux outils pour faire de la musique, la promouvoir et la distribuer font que son marché se concentre de moins en moins au mainstream et qu'il va à nouveau se morceler. La rareté n'est plus du côté de la musique, qui est partout, mais du côté de l'audience, de l'attention qu'il faut capter et monétiser.


Quel est leur plus gros défi à relever en ce moment?
Accepter qu'elles doivent changer leurs règles, comprendre que le système actuel de peut pas perdurer. Ne plus vouloir nous fabriquer des « Nouvelles Stars » et prendre le public plus pour un passionné que pour un consommateur.


Quel est la révolution la plus forte qui va arriver dans l'industrie de la musique d'ici à 4 ou 5 ans?
La dématérialisation va encore évoluer avec le tout streaming, toute la musique sera accessible à tout moment. On va encore moins compter en nombre de copies qui a de moins en moins de sens. La valeur sera dans nos playlists (accéder à la musique que j'aime) et dans la recommandation (découvrir de la musique que je vais aimer). Il faudra néanmoins trouver un système juste de répartition des revenus suivant l'usage et surtout envisager ce streaming comme un relai marketing qui permettra de déboucher sur d'autres sources de revenus pour les artistes, certaines existent déjà et il faut les amplifier, d'autres restent à créer.

Tu ferais quoi si tu étais un artiste?
Tout d'abord je me dirais que je vis une époque formidable: je peux diffuser ma musique dans le monde entier, je peux choisir comment je vais gérer mes droits, en quelque sorte garder ma liberté. Pratiquement, je ferais tout pour garder la maitrise de mes créations, je profiterais de toutes les médias pour « rencontrer » mon public, collaborer avec d'autres musiciens même à l'autre bout du monde comme le font déjà certains.
Je ne dis pas que tout est facile, mais que les opportunités sont extraordinaires et largement plus nombreuses qu'il y a 10 ou 20 ans.

Quels sont les projets, les start-up qui t'intéressent le plus en ce moment ?
Dans la musique, je suis très intéressé par Spotify même si son principal problème reste qu'ils sont aujourd'hui tributaires des majors pour accéder au contenu qu'ils vont diffuser. Je suis aussi curieux de voir ce que va proposer le site de musique Rdio, le nouveau projet des fondateurs de Skype  Zennstrom et Friis.
Bien entendu Twitter que l'ont peut qualifier de start-up, tant que son modèle économique reste à prouver, représente aussi la grande inconnue mais rejoint un sujet qui m'intéresse au plus au point: la convergence de l'info en temps réel, de la géolocalisation, de sa base de connaissance personnelle et de son réseau social. Les applications là aussi sont potentiellement incroyables.

Tes sites préférés?
Facebook est devenu notre référence à tous, principalement pour moi par l'aspect recommandation avec les liens partagés par son réseau, les invitation à des événements, la richesse des applications et bien sûr les nouvelles de ses amis.
Je dirais qu'avec Google Reader je peux garder dans mon « radar » des dizaines de sites dont les sujets sont dans mes centres d'intérêts et là aussi je peux retrouver les articles partagés par mes amis.  Mais la valeur des sites ou blogs se mesure à leur originalité dans le traitement de l'information et à la qualité des analyses, on peut citer par exemple rue89 et dans les plus spécialisés electronlibre, readwriteweb ou mashable mais je n'ai pas la prétention d'en faire une liste exhaustive.

Quels sont les musiciens qui te semblent les plus innovants en ce moment?
Trent Reznor avec Nine Inch Nails représente la voix la plus innovante dans la distribution de leur musique, ils sont parmi ceux qui ont à mon sens le mieux compris l'évolution du rapport avec les fans. Les initiatives de Radiohead mais aussi de The Smashing Pumpkins qui va proposer 44 titres gratuitement sont aussi à suivre.  Etant un grand admirateur de Peter Gabriel, je trouve sa démarche aussi très intéressante, il fait de la musique depuis 40 ans, investit dans des start-up [avec Eden-Ventures NDRL], produit de nouveaux artistes du monde entier, est toujours à la pointe de la technique et de l'interactivité, preuve que la vieille génération peut aussi s'adapter !

Tu peux nous dire où en est Jamendo, en quelques mots?
Après plusieurs années durant lesquels nous avons construit notre catalogue, bâti notre communauté,  toute l'infrastructure technique et légale, nous sommes maintenant en 2009 en phase de commercialisation de notre musique. Les revenus sont en hausse continue, nous redistribuons plusieurs dizaines de milliers d'Euros tous les mois à nos artistes. Il nous faut maintenant des fonds pour nous permettre de développer ce modèle et atteindre notre équilibre pour pouvoir proposer de nouveaux services avec encore plus de musique. 


Merci Pierre, super modèle... Bonne chance pour la suite. 

mardi 24 novembre 2009

UGC est mort, vive le UCC...


Il y a deux ans, on ne pouvais sortir dans la rue sans entendre parler de UGC pour User Generated Content, dont on entend plus beaucoup parler à présent.
En réalité, plutôt le constat de la fin d’une illusion. L’UGC pour User Generated Content a été popularisé par Youtube puis DailyMotion, dans la vague du 2.0, ils symbolisaient un univers de contenus sans limites…
Quelques procès plus tard, et beaucoup d’argent évaporée plus loin, l’UGC  devient un peu moins glamour. En cause la notion de "vu à la télé" -et parfois même vu au cinéma-, UGC exprimant plus la notion de catch-up tv/ ciné qu'autre chose...
C’est peut être à partir de cet instant, qu’on a commencé à trouver de l’interêt pour "l'autre création", celle avec un grand C. Entre les films de Spiderman, qui déclenchent des montagnes de procès (qu'on aurait du appeler User Pirated Content), et les videos de grand-mère avec un chat sur les genoux (du vrai UGC ça), qui n’intéressent que celui qui les a posté sur le site, il fallait créer une alternative. C'est L'UCC... Vous suivez?
UCC pour User Creative Content… C’est à dire la 3ème categorie…  Celle des contenus de qualité, souvent créé par des pros, sans pour autant provoquer une myriade de procès, car postés volontairement par leurs auteurs.
La vraie question est « comment faire en sorte que les auteurs de qualité fassent de l’UCC ? ».
C’est le truc et c’est curieux qu’on y ait pas pensé plus tot.
L’idée toute simple, c’est de mettre en relation les auteurs avec ceux qui ont besoin de ce contenu. Ca peut être des marques, qui veulent que l’on fasse leurs publicités, des journalistes, qui ont besoin de reportage, des musiciens, qui veulent créer leurs clips, etc…

C’est cette idée toute simple, et finalement assez élégante, que sur internet, il y a plein de gens qui ont des compétences, qui sont souvent prêt à les mettre en œuvre pourvu que ça vaille le coup, mais qui ne savent pas comment faire.
Nous en reparlerons.

lundi 23 novembre 2009

Nos élites réfléchissent sur le futur de la musique ou, De l'analyse des avantage du modèle culturel Nord-Coréen.



Ces derniers temps, il semble que l'industrie du contenu ait reçu le soutien de quelques pontes institutionnelles -parmi lesquels Asterix, nom de code d'un ancien ministre connu pour sa loi en faveur de l'exception culturelle française- afin de reprendre l'initiative et faire de nouvelles propositions de nature à passer au delà de la controversée loi Hadopi.

Ainsi, dans une réunion qui s'est tenue la semaine passée du coté du Palais Royal et à laquelle ont participé deux patrons de majors françaises, des propos aux tonalités guerrière ont été entendus...
Sans doute inspirés par nos amis Chinois -ou Nord-Coréens, c'est au choix- ils ont décidé -entre autres idées géniales- qu'il serait à présent opportun d'essayer de forcer Google à restreindre ses résultats de recherche ! D'après eux, ce moteur de recherche serait un très grand pourvoyeur de contenus piratés dont, évidemment, il tirerait moult profits.


Méchants américains
Les mêmes sont plus que critiques à l'égard de Itunes qu'ils accusent (asseyons nous un instant)...  d'hégémonie ! Mais plus abject encore, de contrôle des marges et des prix. Ouh les méchants américains! Internet, Google, Apple -qui font rien que nous embêter (bien entendu, aucune des majors n'a jamais -en son temps, lointain il est vrai- essayé de contrôler les prix).
Ce matin même, ils étaient rejoint dans leur sainte croisade par le héros (bientôt sans terre à l'en croire) Nicolas Seydoux, qui s'en prend aussi à Google, mais cette fois-ci pour se comporter en rouleau compresseur de la culture, Rien de moins. Il est vrai que les coréens du Nord n'ont pas ces problèmes et que leur culture est sans doute aussi bien préservée qu'un Tinguely au fond d'un bocal de formol.


Lorsque le sage montre le soleil, l'imbécile regarde le doigt
et bien c'est aussi ce que font nos élites lorsqu'elle s'en prennent à Google, qui a le défaut d'être riche, américain et... efficace, des tares difficilement prescriptibles pour nos élites françaises. 
Faisons une petite expérience et tapons "Daft Punk" sur Google... est ce que notre ordinateur se transforme soudain en une machine à cracher du mp3, dans la seconde? En réalité pour trouver un site pirage, il nous faut aller... au 108ème lien ; et encore, le site malfaisant  n'est que cité dans un blog avec le lien approprié ! 
Les 107 liens qui précèdent conduisent sur des sites comme Deezer, Starzik, virginmega, Itunes et de nombreuses autres offres légales... Mais ça c'est tout à fait secondaire. 


Et voilà le mashup !
En revanche, et il faut l'admettre, ce qui est plus étonnant c'est que de nombreux liens conduisent vers des contenus mashupés, c'est à dire des remix de titres connus. Ce phénomène est tout à fait étonnant car il n'existait pas il y a seulement trois ans. Il ouvre un champs entier de disputes entre ayants-droits, sites web et musiciens... Un bonne pagaille assurée, dont nos amis cité plus haut semblent commencer à s'émouvoir. 


Ya de la joie, mais pas beaucoup... 
ce qui semble stupéfiant, c'est que personne ne dit jamais "que pourrions nous inventer pour reprendre l'initiative?".  Et surtout ne nous posons pas la question de savoir comment notre culture peut être plus forte, ou comment nous pourrions avoir une créativité qui transcende ce débat. Force est de constater que ce n'est pas l'industrie musicale qui a inventé les ringtones hifi (3,5Mds de $ de CA en 2006), mais quelques nerds dans une start-up du 20ème arrondissement. 
Dans ces pages, il a maintes et maintes fois été théorisé le potentiel de la co-création en général. Il semble d'ailleurs que concernant la musique, ce débat, ne fait que commencer. Et plutôt que d'essayer de clore le système, même s'il convient de limiter les comportements illicites, il faut essayer d'en tirer profit. Ce blog fera d'ailleurs prochainement une analyse des différentes formes de co-création dans le domaine de la musique. 


Pour finir donc, cessons de nous en prendre à nos amis outre-atlantique, Google n'est reponsable ni de l'aplanissement culturel (encore une fois, et pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, google est un moteur de recherche), ni du piratage, qui est le fait des sites vers lesquels il peut conduire. Il est vrai que si google devait s'assurer que le contenu des sites est licite avant de les indexer, le Minitel aurait encore toute sa place dans notre monde globalisé... 



dimanche 22 novembre 2009

Black Kent en concert à Kinshassa...

Black Kent (que Sawnd a signé il y a quelques mois) va donner une série de concerts à Kinshassa. Pour voir le trailer sur Facebook c'est ici. Et il devrait normalement jouer à guichets fermés.
Il faut vraiment être fan pour faire le déplacement, mais bon au moins l'ambiance devrait être garantie... Attention, la distribution de places se fait exclusivement dans les stations Fina !

jeudi 19 novembre 2009

Pourquoi la musique devrait être gratuite.... ou pas.

Ca apparait entre les lignes, parfois c'est en clair, mais c'est un point qui revient trop souvent pour qu'on ne l'aborde pas frontalement. La musique devrait elle être gratuite?
Après tout, elle pourrait l'être !
Il est donc intéressant de faire l'exercice de simuler un monde sans argent, tout au moins pour les musiciens.
1er Janvier 2011, il est interdit de vendre de la musique enregistrée en France ! 
Dans un premier temps, on assisterait à la fermeture de l'ensemble des entreprises qui en vivent : en France Sacem, Majors, indépendants, organismes de gestion collective, etc. Quelques milliers d'emplois en tout, soit un impact supportable à l'échelle d'un pays.
Pour les artistes faisant beaucoup de scène, l'impact serait limité, mais ils sont finalement très peu nombreux ; David Guetta, Bob Sinclar, une poignée d'autres Dj et on y est. Pour les formations très subventionnées (opéra, grandes formations classiques), pas d'impact du tout, les revenus des ventes de disques sont marginaux ; sauf leur respect.
La ou ça se complique c'est finalement pour tous les autres. TOUS, pour ainsi dire l'ensemble des gens qui font la musique que l'on écoute, seraient impactés. Si l'on prend le top des ventes de la semaine et même en mettant à part les artistes étrangers, les Kools Sen, Jena Lee, Benjamin Biolay et autres se retrouveraient sans revenus. Dans une certaine mesure, il pourrait continuer à produire de la musique, mais ils devraient trouver un boulot par ailleurs, la scene était probablement incapable de leur fournir des revenus suffisants pour vivre. Ils ne pourraient rémunérer les artistes avec lesquels ils travaillent, et en conséquence, ceux ci devraient également trouver un petit boulot par ailleurs et la qualité de leurs prestations s'en ressentirait sans doute largement.
Le temps qu'il leur est nécessaire de consacrer à leur art pour parvenir au niveau de qualité qu'on leur sait est rarement connu des néophytes. Les DaftPunk racontaient dans un interview qu'il leur arrivaient régulièrement de ne plus savoir combien de nuits s'étaient écoulées depuis qu'ils s'étaient mis au travail. Les Beatles avaient certes du génie, mais ils travaillent aussi jusqu'à 14h par jour les semaines durant lesquelles ils enregistraient un album et, ils consacraient  de 8 à 10h par jour à la musique en dehors de ces périodes !
De surcroît, il n'est pas certain qu'on entendrait jamais parler de Benjamen Biolay et autres. Qu'en le veuille ou non, le travail de promotion, pour chacun des noms cités plus haut, a été déterminant dans leur émergence. C'est à un article élogieux dans le New-York Times -pour lequel il a certainement nécessité l'emploi d'une agence de relation publique- que Monsieur Biolay doit son émergence à l'étranger.
Bien sûr, une certaine frange de musique pourrait se développer ; celle qui est aujourd'hui autoproduite, et parfois avec talent. Comme indiqué il y a quelques temps dans ces pages de blogs, la baisse des coûts des équipements technique milite aussi en la faveur de l'autoproduction. Il n'en reste pas moins vrai qu'il s'agit d'une sous-catégorie de la production musicale dont évidemment les gens ne se satisferaient pas.
Par ailleurs, je ne connais pas d'études concernant le nombre de d'artistes qui vivent de la musique, mais il me semble qu'avec un volume de 1,4Mds d'Euros pour la France, il doit être possible de rémunérer un nombre assez conséquent de gens. D'autant qu'il est probable que la "fragmentation" (nombres de bénéficiaires) soit assez importante. L'impact ne toucherait donc pas uniquement Jonny Halliday, mais également votre voisin de palier. Personnellement, je préfère que les musiciens soient plus riches que les traders, mais ça, c'est un autre débat...

mardi 17 novembre 2009

Sawndterview... Jean Bourcereau, investisseur (VC) en Capital Risque de Ventech

Au sein de la liste des meilleurs fonds de Capital Risque en Europe, on ne manquera pas de trouver Ventech. Créé en 1998, gérant 360 millions d'Euros, l'une de ses particuliarités est d'être assez exposé au monde de la musique, comme nous l'expliquions il y a peu, avec des sociétés comme Mxp4 (souvent cité dans ces colonnes), Awdio ou Believe. 

Par le passé, Cette firme de capital-risque a été également la première à croire en Musiwave -qui s'appelait d'ailleurs à ses débuts Musiwap- qu'elle a accompagné durant 6 ans, jusqu'à la revente pour plus de 100 millions d'Euros. 
Jean Bourcereau a rejoint Ventech en 2001, pour être peu de temps après nommé au Conseil d'Administration de Musiwave. Son intérêt pour la musique est resté intact -il est au conseil de Awdio- et il suit toujours attentivement le secteur. Il sera d'ailleurs expert sur le sujet du capital risque au prochain Midem.  Polytechnicien de formation, Jean a aussi passé une partie assez conséquente de ses études à organiser des concerts de rock, ce qui explique en partie son intérêt pour le secteur. 

Jean, tu peux nous expliquer en deux mots en quoi consiste le métier  d'investisseur dans un fond de capital risque? L'investisseur en capital-risque est là pour accompagner les entrepreneurs dans leurs projets les plus ambitieux, à la fois financièrement et opérationnellement. l'immense majorité des projets d'entreprise ne nécessitent pas d'apports importants en fonds propres ; néanmoins, les plus ambitieux ont souvent besoin d'un accélérateur au démarrage et d'un soutien financier à la croissance. C'est là que nous intervenons.

Comment expliquez vous votre intérêt particulier pour le monde de la musique? Cette industrie est en pleine révolution, ce qui est un pré-requis important pour permettre l'éclosion de nouveaux acteurs qui peuvent prétendre à devenir dominant. Même si les revenus générés par l'industrie sont en déclin, il est clair que la musique reste un 'driver' très fort pour le consommateur, qui n'a jamais autant écouté de musique qu'aujourd'hui, sous tous les formats, sur tous les supports. mais les business models sont à réinventer, et c'est là que les entrepreneurs ont leur mot à dire.

Quels sont les facteurs qui prévalent à une décision d'investissement? Comme disent nos confrères américains : en 1., l'équipe de management, en 2. l'équipe de management et enfin en 3. l'équipe de management !
Au-delà de ce poncif, bien entendu, nous nous concentrons sur les critères de taille de marché adressable, faisabilité du "go-to-market" et barrière à l'entrée.

Quel est le dernier investissement de Ventech? La société Biovex qui développe des médicaments en oncologie. Dans le domaine IT & Communications, l'investissement le plus récent a été fait dans la société Bonitasoft, éditeur de solution Open Source de Business Process Management.

Dans quoi aimeriez vous investir prochainement? Le paysage de l'internet mobile est en train de se simplifier et de devenir (enfin) compréhensible. C'est l'une de nos cibles d'investissement prioritaire. Nous sommes également attentifs aux opportunités de "build-up" dans les médias et l'entertainment.

Je vais te poser une série de question et tu vas me dire si c'est 'in' ou 'out' pour toi dans les temps qui viennent, du point de vue d'un investisseur? 
D'accord, je me prête volontiers au jeu, mais c'est important que les lecteurs comprendre que je  puisse répondre du point de vue de l'investisseur "early stage", c'est à dire quelques année avant le marché de masse. Donc certains sujets jugés très 'in' par le grand public nous paraissent 'out' car déjà bien adressés.

Merci pour la précision... Que penses-tu des reseaux sociaux? Exemple typique de ce que je cite plus haut : Out

Le mobile? Très très 'in'

Les jeux? 'in'. Formidable industrie avec des perspectives énormes.

Les moteurs de recherche? 'in', mais tâche très ardue

La publicité? 'in' sur le mobile, 'in' en build-up et later stage, 'out' sinon.

La video en ligne? 'out'

Quels sont les start-up qui t'intéressent le plus sur internet en ce moment? Celles du portefeuille de Ventech bien sur ! Viadeo, Purepeople, Curse.com,... En-dehors de nos bébés chéris (dont certains ne sont plus vraiment des bébés...), je suis comme tout le monde très intrigué par Twitter. Et je suis impressionné par la myriade de petit sites de e-commerce de niche qui arrivent à être très rapidement profitables.

Quelle est la start-up que tu as regretté de ne pas avoir fait ? Nous avons beaucoup aimé le concept et l'équipe de Qype récemment. Malheureuseument ça n'a pas pu se faire.

Qu'est ce que tu essayerais de faire si tu étais un entrepreneur qui devait monter une nouvelle start up? Je tâcherais de bien peaufiner la phase de positionnement marketing stratégique de mes produits en interagissant en avance avec le plus de clients potentiels possibles. Eviter de penser seul dans son bureau est la clé de l'efficacité capitalistique. Et cette efficacité est la clé de la réussite pour un entrepreneur. N'oublions jamais que les fonds propres sont là pour aider au démarrage d'une activité, pas pour se substituer aux clients d'une entreprise. ce sont les clients qui font vivre, progresser et reinvestir une entreprise.

Tes sites préférés? Inconditionnel d'eBay qui a changé ma vie. Awdio.com et deezer pour la musique, youtube pour la détente, techcrunch pour notre écosystème.

Sinon, tu crois qu'on va continuer à acheter de la musique dans dix ans? oui, mais certainement pas sous la forme que l'industrie a connu depuis 100 ans !

Merci Jean... J'ai plusieurs raisons de te souhaiter tout le succès que tu mérites. 

lundi 16 novembre 2009

Crowd sourcing... People for Cinema

www.peopleforcinema.comNous avons souvent ici évoqué le "crowd-sourcing"... Ce phènomène qui consiste à travailler avec une communauté de spécialistes, via internet. Dans la veine des communautés créatives, on trouve Sellaband, Eyeka, Welogo, MyMajorCompany, bientôt mxp4, etc. 
Aujourd'hui est à marquer d'une pierre blanche, car c'est l'annonce du lancement de PeopleForCinema, fondé par Simon Istolainen, interviewé ici même il y a quelques jours. 


Voici donc l'annonce officielle :  
Après plusieurs mois de travail sans répit, nous sommes heureux de vous annoncer que le site PeopleForCinema dont je suis l'un des fondateurs ouvre ses portes en partenariat avec EuropaCorp, StudioCanal, Wild Bunch et Mars Distribution !
Pour la première fois, grâce à PeopleForCinema.com, gagnez de l’argent en prenant des parts dans des grands films bientôt à l'affiche, découvrez les coulisses de leur fabrication et bénéficiez d’avantages exclusifs (avant-première, fête de fin de tournage…) !

Vous pouvez dès aujourd'hui vous associer sur 5 films prestigieux :

Le siffleur de Philippe Lefebvre avec François Berléand, Thierry Lhermitte, Fred Testot, Virginie Efira ! http://www.peopleforcinema.com/fr/film/53/le-siffleur-1
L’âge de raison de Yann Samuel (Jeux d’enfants avec Guillaume Canet et Marion Cotillard), avec Sophie Marceau (La Boom, LOL) :http://www.peopleforcinema.com/fr/film/7/l-age-de-raison-1
Killer Inside Me de Michaël Winterbottom (Un cœur invaincu avec Angelina Jolie et In this World) avec Jessica Alba (Les 4 fantastiques, Sin City) et Casey Affleck (Ocean’s Eleven, American Pie 2, Will Hunting) : http://www.peopleforcinema.com/fr/film/10/killer-inside-me-1
Dog Pound de Kim Chapiron (Kourtrajmé, Sheitan) http://www.peopleforcinema.com/fr/film/3/dog-pound-1
Brothers de Jim Sheridan (Au nom du père avec Daniel Day Lewis et Emma Thompson, Réussir ou mourir avec 50 centsavec Tobey Maguire (Spiderman, The good German) et Nathalie Portman (Star Wars, Closer, V pour Vendetta, Léonhttp://www.peopleforcinema.com/fr/film/12/brothers-1

dimanche 15 novembre 2009

Pourquoi la chute du marche de la musique va désormais s'accélérer... Suite et fin.

A l'issue du papier "Pourquoi la chute du marche de la musique va désormais s'accélérer"..., nombreux ont été ceux qui se sont exprimés, parfois avec une certaine virulence, directement sur le blog, un peu sur facebook, mais surtout en envoyant directement  leurs commentaires dans la boite mail de l'auteur, pour ceux qui la connaissaient.
Certains arguments faisaient beaucoup de sens, tandis que d'autres étaient clairement tendancieux, voire de mauvaise foi. Il nous a donc semblé intéressant de résumer les points de désaccord les plus marqués, pour continuer le débat et tenter de parvenir à un consensus plus élaboré. C'est l'idée des 11 points qui suivent. 10 reprennent ceux de du post, et un onzième fait la synthèse. 





1) Concernant "la chute du marché physique va s'accélerer". C'est sans surprise le seul sur lequel vous avez été tous unanimes. La plupart d'entre vous font d'ailleurs observer que cela fait déja des années qu'ils n'ont pas acheté un CD. Petite surprise cependant, le retour du Vinyl, qui a cru de.... 310% entre 2001 et 2008 en Angleterre... Il est vrai qu'à 340M de £ en 2008, cela reste un petit marché. 


2) Concernant 'Itunes a mangé son pain blanc'. Il s'agit clairement un point contreversé.  Mais ce qui semble surprenant, c'est la conviction de beaucoup d'internautes que la position dominante d'Itunes est bien assurée. Il nous semble étonnant de ne pas prendre en compte que ce qui a été fait en cinq ans ne pourrait être défait dans le même temps, voir moins. La notion de possession de la musique (les fichiers sont sur mon disque dur, donc ils sont à moi) semble également être un argument de faible poids. D'ici peu, on oubliera même qu'on stockait la musique en local. Certes, il ne faut pas être prisonnier d'une offre de streaming et il sera impératif que l'on puisse exporter ses playlists (en xml par exemple), mais c'est une idée qui fait son chemin, de ce que j'en sais.  
La pseudo dépendance des terminaux avec ITunes ne me semble pas un argument. Ce fut vrai un court moment avec les Ipods -et la DRM Fairplay-. Deezer et Spotify s'affranchissent brillamment de cette contrainte. 
Il est également surprenant de constater que beaucoup contestent les prix élevés des CD (physiques), mais que le prix élevé des titres sur Itunes (qui pourtant n'a que peu de coûts logistiques...) semble acceptable...


3) Concernant "On va enfin parler de musique mobile". C'est un argument qui est contesté sur le plan technique. Les réseaux ne supporteraient pas un usage massif. Or, pour avoir pas mal travaillé sur le sujet, il est très difficile d'affirmer cela. A priori, les réseaux sont à même de supporter un niveau de débit sensiblement supérieur à l'usage que nous en faisons actuellement. Il ne faut pas oublier que l'infrastructure UMTS a au départ été conçue avec l'idée qu'une part non négligeable des abonnés feraient des video-calls ; usage qui ne s'est finalement pas concrétisé. La musique nécessitant environ 8 fois moins de bande-passante qu'un video-call, cela ne semble donc pas être une difficulté incontournable. Sans compter du fait que le HSDPA (la 3,5G) est en déploiement rapide (avec 2Mb en descendant !), que les réseaux micro-cellulaires devraient permettre d'augmenter encore la capacité. Il est ainsi difficile de douter du fait que l'expérience de musique mobile va exploser à court terme, y compris dans les pays émergents. 


4) Concernant "le MP3 va réellement commencer à disparaitre dès 2010". C'est une vraie satisfaction d'observer que personne ne conteste vraiment ceci. Des journalistes américains et Brésilien ont d'ailleurs repris cette note. Il est heureux que cette disparition intervienne, permettant ainsi de faire émerger de nouveaux standards, sensiblement plus performants en ce qui concerne l'expérience artistique.
En revanche, nombreux sont ceux qui doutent que le streaming puisse devenir dominant. Cette notion (un peu grégaire, il faut l'avouer non?) de 'possession' des fichiers MP3 semble tenir fortement à coeur de certains ! Les auteurs de ce papier prennent  les paris à cinq contre un. Reste à trouver un arbitre fiable.



5) Concernant "le P2P va peu à peu s'effacer". C'est de loin le point qui a été le plus contesté. Il semblerait que parmi nos lecteurs, beaucoup soient des adeptes de cette technologie. Il est pourtant difficile de contester son déclin, constaté par de nombreuses études. Les ISP eux même confirment que le trafic issue du P2P est en nette baisse.  Quand à son efficacité, les doutes exprimés lors de notre post initial peuvent être renouvelés : sur Limewire, en tapant "Dance" et "Prince", entre l'instant d'envoi de la requête et le début de l'écoute d'un titre, il nous a fallu six minutes (avec un abonnement ADSL 30Mb) avant de commencer à écouter un titre improprement encodé (128kb en MP3). Ca marche certes, mais ça n'est en rien comparable à une plateforme de streaming qui offre une qualité de 256Kb ou plus, et une écoute instantanée. 


7) Concernant "Il y aura plusieurs plateforme gagnantes". Encore une fois, il est étonnant de voir à quel point le joug de Itunes semble être perçu comme une fatalité, pour le siècle à venir. Peu d'entre vous imaginent que les lignes de front puissent être enfoncées et qu'un ou plusieurs autres challengers prennent cette (ces) place enviée. Pourtant, une erreur de stratégie aussi simple que celle qui consiste à ne pas passer au "all you can eat" et au streaming pourrait bien leur être fatal. Mais encore une fois, ne présupposons pas que le vers soit nécessairement dans le fruit... Il est clair qu'historiquement, Apple a fait preuve d'une capacité de réaction remarquable. 


8) Concernant "L'échange de playlist va largement se populariser". Il importe de préciser que les playlists s'échangent pour l'instant dans une logique fermée. Votre serviteur a récemment suggéré au management de Spotify et de Deezer d'adopter le xml comme standard d'échange de  playlists, ce qui est déja le cas de Itunes.



9) Concernant "De nouvelles expériences musicales vont émerger". Evidemment, le moins que l'on puisse dire c'est que tout le monde ne suit pas notre conviction que le mxp4 puisse devenir un format de prédilection. Pourtant de nouveaux développements devraient être révélés en 2010, qui devraient pousser les septiques à revoir leur jugement. 


10) Concernant "le marché de la musique va recommencer à croitre en Europe dès 2011". 

C'est pour le moins un point contesté ! Beaucoup d'internautes entendent ici "les majors vont à nouveau vivre grassement sur le dos des internautes et des artistes". Le fait est que toute la croissance du marché devrait être tirée par une nouvelle catégorie d'acteurs, petits labels, start-up internet... Les majors n'ayant -à notre sens- de toute façon plus de structures adaptées à ce nouveau monde. 
La question du prix est évidemment très présente dans vos réactions. Or, un calcul assez simple, montrant que si la moitié des foyers français payaient seulement 4,5 euros par mois pour une offre de musique exhaustive, le marché français serait à nouveau en nette croissance. C'est d'ailleurs le point que nous avions défendu auprès de la commission Internet et Création : plus qu'une logique répressive, la mise en avant d'offres compétitives, et économiquement accessibles. 


Et 11) En synthèse... Le point le plus notable nous semble être ce sentiment très fort, qu'un nombre assez significatif d'entre vous expriment, concernant la gratuité de la musique. 200 ans après la déclaration des droits de l'homme, il semble que l'accès libre et gratuit à la musique, voire plus largement à tous contenus,  soit à présent également considéré comme un droit fondamental. 
La notion de licence globale est revenue (par email) à deux reprises ; il semble important de rappeler qu'elle pose des problèmes de Droit assez structurel. La France et l'Europe sont signataires de nombreux accords (GATT, OMC...) sur le respect de la propriété intellectuelle (1), qui -à priori- rendent particulièrement difficile la mise en oeuvre de cette idée. 
A ce titre, Hadopi en prend pour son grade. Il est vrai que les obstacles semblent nombreux avant que cette loi puisse être mise en oeuvre efficacement, si elle l'est. Il n'en reste pas moins vrai qu'il est hypocrite de soutenir que la loi est inique car opérée par des serveurs. Les radars automatiques n'ont aucune modération humaine et malgré tout le Conseil Constitutionnel, le Conseil d'Etat et la Cour de Justice Européenne ne les ont pas remis en cause. 


Romualdo, avec la participation de Babgi. 




(1) sur ce sujet et plus globalement un article écrit dans le Figaro, et reproduit par invention.ch, résumant plus largement les enjeux de la propriété intellectuelle et artistique. 


NB : vos avis sont bienvenus, la courtoisie et la retenue les rendent encore plus pertinents.




vendredi 13 novembre 2009

Start-up ideas - N°11 - myelectricmapping.com





 Après la publication récente de  "dix idées de start-up toutes cuites".. Les sollicitations ont été nombreuses pour que cette thématique soit reprises avec de nouvelles idées. Et il se trouve que le réservoir s'est à nouveau rempli d'une nouvelle dizaine d'idée... Qui seront ici publiées au fil de l'eau. Il n'en reste pas moins que vous êtes plus qu'invités à participer à ce projet, en suggérant vous même des idées qui vous seraient venues à l'esprit, que vous n'avez pas le temps ou le courage de réaliser. 

Par ailleurs, plusieurs internautes ont souhaité savoir ce qu'étaient devenus ces idées. Toutes n'ont pas été préemptées, et seule deux porteurs de projets -ils ont chacun souhaité ne pas se faire connaître pour l'instant- semblent être passés à l'acte. 
Concernant les projets à venir, plusieurs d'entre eux concernent les médias, mais dans un premier temps, quelques projets qui n'ont rien à voir avec la musique ou les contenus. D'ici quelques temps, seront évoqués d'autres projets vraiment dans la thématique musicale et d'autres encore plus largement dans les contenus. 


myelectricmapping.com 



Il n'existe à priori rien sur internet pour dessiner les plans de masse électrique des appartements et des PME. Ces plans sont pourtant essentiels dès lors que l'on souhaite faire la moindre modification/réparation d'une installation. Ces documents sont généralement en papier, difficile à faire, et se perdent dès que l'on change de propriétaire, voir avant. Quiconque doit intervenir derrière doit faire de l'archéologie pour comprendre comment ça marche. Dans les applications industrielles, c'est encore pire. Certains electriciens préfèrent tout refaire à zero plutôt que d'essayer de comprendre ce qui a été fait seulement une ou deux années auparavant (c'est une expérience vécue) !

Sur le web, ils seraient beaucoup mieux protégés de l'épreuve du temps.
C'est un sujet en apparence assez rébarbatif, mais à fort potentiel.  Il est évident que l'affiliation sur un vertical de ce type serait extrèmement remunératrice. Il est difficile de trouver des chiffres du marché du ré-équipement électrique en France. En allemagne, cela représente 12Mds d'Euros par an...   Il est difficile de comprendre qu'un Schneider, un legrand, un Siemens ou autre n'ait pas encore fait ça.


mercredi 11 novembre 2009

Après la musique, la video


J'ai été surpris par l'intérêt qu'a suscité mon précédent post sur l'évolution du marché de la musique. Aussi, la vidéo est un sujet qu'il semblait naturel d'aborder... 

Ca tombe bien car en ce début de semaine s'est tenue la convention Future TV (1) qui a permis de faire le point sur ce qui se passe dans le domaine de la video et de la TV. Et il me semble que les ressemblances sont assez nombreuses, à commencer par le conservatisme des acteurs traditionnels, pétrifiés par 40 années sans véritables remises en question. 
Ce monde est pourtant en train de basculer à une vitesse stupéfiante. Les medias TV traditionnels semblent d'ailleurs être d'une impréparation totale, tout au moins si l'on les juge à leurs discours. Tandis que de l'autre coté, les nouveaux entrants pourraient bien avoir traversé le tunnel ; DailyMotion par exemple n'est plus loin de la profitabilité. Voici donc à présent une suggestion des enjeux qui pourraient se jouer sur les 18 prochains mois


Les discussions ont pas mal évoqué le preroll : c'est ce petit morceau de publicité que vous apercevez avant de voir votre video sur la plupart des plateformes (DailyMotion, Youtube...). 
Celui-ci n'est pas insignifiant... Il s'agit du principal moyen de financement de ces acteurs. Longtemps décrié, prétendu mort avant d'exister, le Preroll est parvenu à devenir un standard pour l'ensemble des acteurs de la publicité. Son acceptation par les internautes ne semble plus une difficulté majeure. 
Le preroll est le fossoyeur de la télé linéarisée, c'est à dire de la TV que vous recevez par votre antenne rateau ou votre ISP. C'est aussi un puissant vecteur de qualité sur internet, car il va pousser les producteurs à s'intéresser à ce moyen de diffusion, désormais bankable. Ainsi, le CPM du preroll (cost per mille ; ou coût pour 1000 videos vues) est en train de monter pour la première fois depuis qu'il a été inventé, il y a trois à quatre ans ; 75 dollars sur CNBC et plus de 20 euros sur les plateformes Européennes, du jamais vu à date. 
En conséquence l'indexation des vidéos devient donc essentielle : vous vous intéressez aux videos de voitures, on vous pousse de la publicité de voitures. Mais pour parvenir à réussir cela, il faut disposer d'une technologie avancée, capable de détecter qu'une vidéo parle de voiture. Et ce qui est évident pour un humain l'est beaucoup moins pour une machine, mais il semble que sur ce point, Youtube dispose d'une longueur d'avance, avec une technologie capable d'écouter le son et de regarder l'image pour décider ensuite de la catégorie à laquelle celle-ci appartient. En segmentant finement son audience et élargissant son inventaire,Youtube serait en passe de pouvoir augmenter très significativement son CPM. 


Ce qui est tout à fait surprenant, c'est que les acteurs de la télévision traditionnelle ne voient absolument pas ces mouvements de troupes. Ils se contentent de se rassurer en notant que Youtube a encore fait des pertes ces derniers trimestres et ils se gaussent en mettant en doute la pérennité de ce genre de plateformes à moyen terme. On croit rêver. La réalité s'impose pourtant d'elle-même ; Youtube est sur le point d'être profitable, tout comme l'ensemble des acteurs de la video en ligne d'ailleurs. 
Un autre sujet qui me semble d'importance concerne l'arrivée de Facebook dans ce monde de la video. Même en lançant discrètement leur player, ils n'en deviennent pas moins un acteur de premier plan.  Il se murmure d'ailleurs chez les acteurs d'infrastructure de streaming que ces dernières semaines, Facebook auraient absorbé l'essentiel de la croissance du marché du video-streaming... Les mêmes disent qu'ils pourraient devenir le premier site de destination video d'ici moins d'un an ! impossible de savoir si cela peut être vrai tant les chiffres manquent. Il convient toutefois de rappeler que chaque jour, 270 millions de photos sont uploadées sur Facebook (vous avez bien lu) ! Et avoir plus de 300 millions d'utilisateurs, les positions de leadership ne sont pas imprenables... 
Enfin, je note que dans ces conférences, tout le monde continue de parler de catch-up TV et de délinéarisation (ces concepts ayant quand même quelques années) ce qui occulte le mot clé du moment, à savoir la conversation. 
La Conversation,  ce sont ces petits commentaires que vous faites avant ou après une video, voir même du rating que vous donnez à un contenu. Ces élements sont malheureusement trop souvent négligés et perçus comme subsidiaires, alors qu'ils représentent de plus en plus le coeur de la valeur des plateformes. Ce sont en effet de puissants vecteurs de viralisation (j'aime cette video, tu devrais la regarder) mais également d'identification (je me reconnais dans cette video, elle fait partie de ma page). 
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les marques sont particulièrement en recherche de ces conversations, capable de restituer l'authenticité du message qu'elles ne sont plus capable de créer "si tu me dis que ce produit est bien, je vais l'acheter". 
A mon sens, cela ne fait que renforcer le potentiel de Facebook dans le domaine de la video. Ils ont le traffic, ils ont les conversations (pour le moins!), il ne leur manque finalement que le search... Attention. 


Pour finir, un dernier point : lors de cette conférence, on a beaucoup entendu les acteurs traditionnels (diffuseurs, producteurs, etc.) décrier le "nivellement par le bas" qu'impose cette nouvelle forme de contenus Internet. Il me semble au contraire que la créativité en sort gagnante. J'évoque souvent ce paralèle du monde de la musique: un ami très cher me disait que dans les années 70' il fallait investir au moins 2 millions de dollars (disons 1M en dollars constants) pour disposer d'un vrai studio d'enregistrement, il pense que l'équivalent est aujourd'hui accessible pour moins de 20,000 euros ! Ce qui fut vrai dans la musique l'est largement dans l'image. Rappelez-vous le prix d'une caméra HD il y a seulement 3 ans.... Certainement un point ennuyeux pour le monsieur qui représentait les studios CVF. 
La barrière qualitative réside donc de moins en moins dans la capacité d'investissement et de plus en plus dans le talent, ce qui reste largement encourageant pour la suite. Je ne peux résister à cet égard de faire un petit aparté et à vous inviter à aller voir ce qui se fait sur Eyeka ; un bouillonnement de créativité et de fraicheur. 
Bon dodo. 




(1) Je participais au panel "les nouvelles formes des contenus TV". 



mardi 10 novembre 2009

Pierre Sarkozy, Da Cream Chantilly et la SCPP

Tout le monde ou presque a suivi la polémique qui a concerné cette affaire de subvention de la SCPP concernant Pierre Sarkozy, à priori détestable.  
Chez Sawnd, nous avons suivi ça également, car c'est ici qu'est édité Pierre, ou plus exactement le Label Da Cream Chantilly, dont il est membre, et ce depuis près de deux ans. 
J'ai connu Pierre il y a quatre ou cinq ans et il a fallu de longs mois avant que j'apprenne un peu par hasard qu'il était le fils de Nicolas. Il s'était toujours attaché à être très discret sur ce point. Certainement parce que la compatibilité d'un fils de ministre de l'intérieur avec le milieu du R&B et plus exactement de la musique urbaine n'allait pas exactement de soit, mais aussi parce cette notion de "fils de" paraissait le mettre réellement mal à l'aise. C'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui : ceux qui le connaissent un tant soit peu sont unanimes sur ce point. 
La musique, mais aussi des amis communs nous ont rapprochés. Est venu le temps ou Da Cream Chantilly s'est mis en quête d'un société de publishing, d'un producteur, etc. A cet instant, il leur aurait été probablement plus facile -et préférable- de signer dans une grande maison de publishing, à laquelle l'aspect 'politique' n'aurait pas échappé (et il y en avait). Unanimement, les membres de Da Cream ont pourtant préféré signer avec Sawnd, chez qui personne n'est membre de l'UMP, ni même sympathisant des idées de l'UMP, et qui ne comprend aucun anciens ou proches de l'Elysée. C'était un choix totalement indépendant, uniquement dicté par des raisons artistiques. 
Pour Sawnd, cette signature s'est révélée plutôt problématique. Pierre et son associé n'ont cessé de nous demander de ne jamais mettre en avant la marque Sarkozy. Lorsque nous allions à la rencontre d'artistes, de producteurs, d'agences de publicité... nous devions nous attacher à essayer de ne parler que de la musique de Da Cream, sans évoquer ce nom connoté. Mission presque impossible, mais que nous avons essayé de mener malgré tout. Il était évident que dès que nous faisions un rendez-vous en sa compagnie, le subterfuge tombait. Pierre n'en restait pas moins centré sur les aspects artistiques et s'est toujours méfié  des tentatives de détournements ; parfois trop à notre goût, il faut l'avouer. 
En ce qui concerne la communication, c'était encore plus compliqué. S'il fallait évoquer Da Cream, ce devait être uniquement pour parler de musique, concrétement. Si il était possible de s'abstenir de citer DaCream -trop connoté dans le milieu- c'était même beaucoup mieux. 

Il convient maintenant d'évoquer cette affaire de subvention auprès de la SCPP. En tant qu'éditrice j'ai effectivement encouragé Minds (société de production de Da Cream) à déposer un dossier, comme je le conseille à d'autres de mes artistes.
 Lorsque que Pierre a appris que leur demande avait été refusée, il m’a appelé pour essayer de comprendre ce qui pouvait justifier de l’acceptation ou d’un refus, la SCPP ne motivant pas ses décisions. Pierre a  également posé cette question à d'autres professionnels de son entourage, ainsi qu'à Eric Garandeau, ancien membre du CNC.  Dans l'esprit de Pierre, et j'insiste sur ce point, il ne s'agissait absolument pas de changer le cours des choses, mais simplement de connaître les causes d'un refus. Nous ne trouvions ça ni juste ni injuste, nous voulions juste savoir ce qui était en cause. 
J'ignore si la machine s'est emballée, et si Garandeau a demandé à ce que cette demande de subvention soit malgré tout acceptée. Mais en ce qui concerne Pierre, en quatre ans, je peux témoigner du fait que je ne l'ai jamais vu user de son nom pour obtenir un passe-droit. 


Je terminerai en ajoutant que cette notion de piston m'est, en ce qui me concerne, totalement insupportable. Je ne dois ce que je suis qu'à mon travail et, en tant que fille d'immigrés sénégalais, je n'ai pas une prédisposition naturelle à être un fervente supporter du Sarkozysme. 
Je ne suis pas dupe du fait qu'il puisse y avoir un prix à m'exposer ainsi, mais je m'en serai voulu de ne pas avoir fait ce témoignage, tant cette polémique me semble, au moins pour cette affaire, fausse et injuste. 


Fama Niang.
Directeur de Sawnd.