lundi 31 mai 2010

Spectacle vivant... Sur la même pente que l'industrie de la musique?

C'est un lieu commun de dire que le secteur du spectacle vivant se porte au mieux tandis que l'industrie du disque connait l'enfer depuis dix ans. Il est vrai qu'avec un chiffre d'affaire qui n'a cessé de progresser ces vingt dernières années, le monde du live se porte effectivement plutôt bien. Avec 450 millions de chiffre d'affaire en France -en ne comptant en fait que les très grandes salles- ce secteur représente un peu moins que l'ensemble de l'industrie du disque. 
La rentabilité n'en reste pas moins faible. Les chiffres consolidés ne sont pas malheureusement pas connus, mais la plupart des acteurs soulignent les frais fixes élevés et le plafonnement de la rentabilité, dû au simple fait qu'une salle dispose d'un nombre de places fini. C'est idiot, mais c'est imparable. 
A titre d'exemple, sur la série de concerts que les Rolling Stones avait organisé en 2006, le producteur avait réussi à dégager... 4,2 millions de dollar de profits -sur quarante dates- tandis que les Rolling Stones en engrangeait... 106m$.
Interviewé dans Billoard peu après le dernier concert, ce producteur -Michael Kohl- déclarait (c'est une traduction) "avec le niveau de risque que nous avons pris, notre profit ne représentera toujours que quelques pour cent de la totalité de notre engagement financier, et pourtant nous avons joué à guichets fermés partout [...] et même si nous avions voulu rajouter des dates, nous n'aurions pas pu". 
On trouvera de nombreux autres exemples comparables à celui-ci. L'industrie du concert se porte certes bien, mais elle ne se développe plus vraiment, ni aux Etats-Unis, ni en France, principalement, semble t'il, en raison du niveau d'engagement que n'arrivent plus à supporter les tourneurs et producteurs. 
il existe certes quelques très rares exceptions : le stade de France, par exemple, auquel il est consacré un très bel article dans le Challenges de cette semaine- au travers de très grands acteurs. Ceux-ci disposant des meilleurs équipements, et d'un niveau de professionnalisme inégalé, et montrant encore le chemin. 
Légitimement cependant, une comparaison peut sans doute être faite entre ce métier et l'industrie de la musique telle qu'elle était en 1997, soit juste avant le début des ennuis, avec l'arrivée massive du mp3, et de tout ce qui s'en est ensuivit. 
On ne peut en effet nier que l'expérience Live ne s'est pas vraiment renouvelée. Il suffit de discuter avec un quelconque producteur de salle pour comprendre que ce grief tape dans le mille et qu'ils se savent en compétition avec de nombreuses autres offres de loisirs. 
L'innovation ne serait pas allée assez loin : un point sur lequel tout le monde avoue être sur la mauvaise rive concerne l'internet et les nouveaux médias. Tandis que c'est devenu une source de revenus très significatifs pour nombre d'autres industries, ce n'est clairement pas encore le cas du Live. En fait, mise à part quelques offres finalement assez limitées, (Awdio par exemple), la création de nouvelles expériences est pour ainsi dire inexistante. C'est pourtant curieux, car il y pour le moins moyen d'innover. Lorsque l'on sait que la plupart des matchs de football américain vont, dès cette année, être diffusés en 3d, avec possibilité de changement de caméra par le spectateur lui-même, on se dit que ça serait la base de ce dont on pourrait bénéficier pour un bon concert. 
Mais ça ne s'arrête pas là. l'interaction pourrait même permettre aux internautes distant d'être vraiment au coeur du concert. 
Si vous pensez que c'est une aberration, attendez simplement que la nouvelle Xbox sorte pour être convaincu du contraire. Elle contient des fonctionnalités qui permettent d'être au coeur du concert et de voir son propre avatar bouger au milieu d'autre gens. Plus fort, il serait possible de communiquer directement avec l'artiste, et même de chanter des couplets avec lui, voir être présent dans le concert par l'intermédiaire d'écran vidéos, etc.
Beaucoup de gens pourraient objecter que le live-on-line ne sera jamais qu'une version dégradée du vrai concert. C'est sans doute vrai, mais nous connaissons tous beaucoup de gens qui disent "qu'ils y étaient et qu'on ne voyait rien". Or, non seulement le live on line permet de résoudre cet inconvénient mais il permettra certainement bientôt un niveau d'immersion inégalée. De surcroît, il serait possible d'être à ce concert avec un sous groupe de proche amis Facebook, et donc d'en recontrer de nouveaux par ce biais. 
Il ne sert à rien de clamer que l'authenticité d'un concert ne se rencontre que sur place, c'est un peu comme de dire que le plaisir d'un livre n'existe que lorsqu'on le tien en main. Le concert peut certainement virtualiser son expérience et monétiser ce type d'offre. Cela reste simplement à inventer. 
Tout cela sans même évoquer l'intérêt qu'internet apporte (déja) pour la vente de produits dérivés, à commencer par la musique et l'enregistrement dudit concert... 
Il n'en reste pas moins que tout ceci reste à construire. Or, nous n'en sommes qu'aux prémises, et même avant. Il sera intéressant de voir si les anciens acteurs se feront remplacer par de nouveaux -à l'instar des distributeurs de musique qui ont du céder le pas sur Itunes- ou si le monde du live, édifiée par l'infortune de l'industrie de la musique enregistrée, sera réagir de façon approprié. Tout ceci est encore en train de s'écrire, sous nos yeux. 


mardi 25 mai 2010

Tendance technologique de la musique ; le Cloud.

Cela fait longtemps que beaucoup d'entre nous considérent que la musique est devenue une commodité et que l'innovation technologique n'est plus au coeur de son évolution. Les fichiers AAC ou mp3 peuvent circuler sur le réseau en quelques secondes, la musique est d'ailleurs de plus en plus massivement streamée et il est donc difficile d'imaginer une application qui pourrait totalement révolutionner son usage.
Pourtant, 2010 pourrait bien marquer le monde de la musique par plusieurs innovations assez significatives. Nous en avons parlé dans un précédent post, et ce sera très certainement cette année que Apple lancera son offre Itunes Streaming... Jusqu'ici, rien de révolutionnaire, que Deezer, Pandora (depuis bientôt.... 10 ans!) ou Spotify ne fassent.
Pourtant, il y a beaucoup à parier que Itunes ne pourra se contenter d'offrir une transposition de son service dans le Cloud, c'est à dire en logique client-serveur(s).
De surcroît, les récentes gesticulations de l'armée de Google aux frontières de la musique vont très certainement pousser ces deux acteurs à venir avec des offres clairement innovantes. Plusieurs officiels de la société ont fait part de l'éventualité que Google investisse le terrain et la société vient de racheter Simplify Media, une start-up évoluant aux frontières de la musique.

Voici donc quelques suggestions (parfois un tantinet informée) de ce que pourraient intégrer ces acteurs :

1° Les partages de playlists. Plusieurs sites ont connus de réels succès en autorisant le partage de playlists ; c'est la dernière fonction en vogue chez Spotify et si vous avez un ami qui utilise le service fréquemment, vous n'avez pu manquer de constater qu'il est très actif -presque malgré lui- dans les groupes sociaux.
Nous pensons que la probabilité que Itunes et Google intégrent cette fonction, s'ils viennent avec une nouvelle offre musicale, est de 100%.

2° les contenus multimédias : 38% des adolescents canadiens utilisent principalement... Youtube pour écouter de la musique. Il nous semble que les contenus pourraient être facilement enrichis de video, dans un nombre significatifs de cas. cette fonction, sur laquelle Youtube a un clair avantage pourrait apparaître avec une probabilité que nous estimons à 30% pour Itunes et à 80% pour google.
Dans le même thème, il semblerait que Apple souhaite donner un petit coup de pouce au format LP, qu'ils ont lancé l'été dernier. 

3°Du Live: Google souhaite rattrapper son retard dans le domaine événementiel. Dans le peu de communication qu'ils ont fait sur le sujet, ils évoquent le live comme une piste qu'ils trouvent intéressante et qu'ils aimeraient développer. Plusieurs expérimentations ont été menées, principalement en Californie, par la firme aux deux OO. La probabilité à grande échelle reste faible, de l'ordre de 20%

4°Les générateurs de playlist automatiques. Ces fonctions sont généralement considérés comme peu accessibles par les spécialistes. Il est probable que Apple et peut être google, tachera de mettre en valeur cette technologie en "symbolisant" la génération de ces playslists automatiques, en utilisant un procédé qui pourrait être proche de celui de Musicovery et consors. Il est vrai que dans une perspective de découverte de nouvelles musique, le streaming complété de playlists intelligentes aurait tout son sens. C'est une fonction sur laquelle ni Spotify, ni Deezer n'ont encore vraiment excellé. Cette probabilité est une quasi certitude, donc 100%. 

Enfin, il faut rappeler que la Xbox et la playstation sont des plateformes de prédilection pour la distribution de contenus en mode cloud. Dans le cas de la Xbox, la rumeur évoquerait le fait que Microsoft ait confié (ou souhaite confier) à Musiwave le soin de développer des modules dont la finalité serait particulièrement adaptée à cette dernière plateforme... A suivre donc. mais un petit 80% ne serait pas déplacé. 

samedi 22 mai 2010

P2P et tendance de l'industrie musicale

Ces jours-ci deux évènement fort concernant le P2P
° Aux Etats-Unis, un juge a considéré que l'activité de LimeWire était clairement en contradiction avec les lois sur le respect du Copyright. C'est une première, car jamais auparavant les juges américains ne s'étaient aussi précisément prononcés sur le fond. L'injonction à cesser d'opérer pourrait désormais parvenir à LimeWire à n'importe quelle moment. Rappelons que différentes études placent LimeWire comme le 2ème player P2P et le premier sur Mac. le revers serait donc important. 
° The PiratBay a quand à lui cesser de fonctionner (il semblerait qu'il ait repris jeudi dernier cependant). Cela fait plusieurs années qu'un service de P2P n'avait pas été arrêté de façon autoritaire, mais la société de hosting a été mise en demeure de cesser d'héberger leurs serveurs sous peine d'une amende de 225,000 euros par jour.
Evénements isolés ou tendance de fond? Si l'on faisait un graphique intégrant l'ensemble de ce qui est en faveur d'une dérégulation ou au contraire d'une régulation, il semble que les 18 derniers mois ont clairement été en faveur de la reprise de contrôle.  Il faut toutefois souligné que la question du piratage et plus encore du P2P est à présent un sujet d'une demi génération. 

mercredi 19 mai 2010

Qui gagne quoi? Les vrais revenus d'artistes par type de contenu


Nous ne résistons pas à la tentation de mettre en ligne les calculs d'un confrère -David McCandless, auteur du blog "information is beautiful" concernant les revenus des artistes en fonction du support et du mode de distribution que celui-ci choisi. C'est en réalité assez éloquant.
Nous avions par le passé comparé dans ces lignes l'industrie de la musique à celle de la sidérurgie ; cette fois-ci la comparaison serait plutôt à faire entre l'artiste et le monde paysan ! Les niveau de marge qui sont effectivement concédées à l'artistes restent, particulièrement sur le digital, en deça de ce que l'on pourrait espérer d'un process aussi efficace de distribution. 










vendredi 14 mai 2010

PIratage : qui gagne et qui perd.



ImageUn peu de droit, d'ici et d'ailleurs. 
Mardi 11 mai : la cour Fédérale allemande a donc décidé que les possesseur d'un spot wifi étaient tenus de le sécuriser -c'est à dire d'en limiter l'accès libre à l'aide d'un mot de passe- sous peine d'amende. Mesure à priori technique, elle n'en est pas moins d'une portée importante tant elle décrète clairement que chacun est responsable de son ou de ses accès à internet et donc de ce qui circule par cet accès.
Beaucoup objecteront que, malgré tout, cela ne restreint pas grand chose tant il reste possible de contourner cette contrainte en préservant son anonymat lors du téléchargement, à l'aide d'un VPN par exemple. Et c'est en effet exact.
Il n'en reste pas moins qu'à force de loi et de décrets, le périmètre de ce qui est légal et de ce qui ne l'est pas, devient sensiblement plus net et ceci à une échelle planètaire.
Les premiers à tirer furent les américains, avec leur Millenium Act, adopté sous la présidence Clinton, dès 1998.  Il a visé à établir une législation concernant la propriété intellectuelle et a clairement déporté la responsabilité de l'usage illégal d'un contenu sur l'internaute et les fournisseurs de technologies et de services qui y pourvoient. 
D'autres legislations ont suivi, et il serait fastidieux d'en faire la liste ; rappelons donc que pour la France, LSI, LOPPSI, DAVSI, HADOPI, représenteront quelques unes des étapes (certaines non mises en pratique d'ailleurs) allant dans le sens sus-cité. 
Il est intéressant de noter que d'un monde à priori libertaire et non régulé, l'internet est devenu un espace certes d'échanges peu réglementés, mais où la responsabilité des contrevenants au droit d'auteur est de plus en plus nette.
A contrario, les tentatives pour soumettre l'ensemble des échanges au regard de régulateurs ont échoué. Il a ainsi été de l'ACTA, pour l'instant à l'arrêt, et de l'Hadopi Australien (ACMA), sur lequel le gouvernement a du finalement revenir pour finalement l'abandonner. 

Toujours possible, mais plus compliqué...
La conséquence curieuse -et en contradition avec une étude récente sur le sujet- semble indiquer que le piratage pourrait refluer plus qu'on ne l'imagine. L'exemple suédois montre que près d'un an après l'application d'une loi réprimant le téléchargement illégal, les revenus de l'industrie musicale ont augmenté de près de 50% et contrairement aux prédictions de nombreux Cassandre, cette tendance ne semblait pas devoir se démentir à la fin du premier trimestre 2010. 
il sera certes toujours possible de trouver mille feintes pour continuer à accéder aux contenus de façon illégale, mais il est également possible que l'on assiste prochainement à une évolution similaire à celle qu'aurait connu le marché des cassettes video VHS. Un ami nous rappelait en effet qu'à ses début en 1985, un marché pirate assez dynamique avait rapidement vu le jour, tout aussi vite étouffé par l'apparition d'une offre commerciale légale (les video-clubs principalement) et par la mise en place de dispositifs anti-piratage (Macrovision) sur les appareils enregistreurs.
En déplaise au plus grand nombre des internautes, et même si par essence les prédictions font partie des arts à haut risque, il pourrait donc y avoir une grande similitude entre ces temps lointains et le monde d'aujourd'hui.   

mardi 11 mai 2010

Itunes streaming: quand, ou et comment?



Depuis que Apple a annoncé que la fermeture de lala.com -le site de streaming bien connu que la société a racheté à la fin de l'année dernière- interviendrait dès le 31 mai 2010, les rumeurs vont bon train pour essayer de définir ce que pourrait être l'offre d'Itunes, telle qu'elle apparaîtra certainement bientôt et intégrant Lala.

Apple ne communiquant qu'avec une parcimonie toute calculée, les analystes et autres journalistes ont coutume de s'intéresser aux dépots de marque et de brevet que la firme opère pour en déduire ses prochaines annonces. 
C'est d'ailleurs ainsi que deux ans avant le lancement de l'Iphone, le site Apple-insider (à présent fermé) avait annoncé que la firme éponyme, allait lancer un téléphone, tant les dépots de brevets dans le domaines étaient caractéristiques d'une évolution dans les télécoms. De surcroît, l'évolution du système d'exploitation ne laissait guère de doute, en intégrant des fonctions tout à fait dédiée à la gestion d'applications de téléphonie. 

Apple en a tiré la leçon, les brevets sont à présent déposés par des sociétés écrans, et réintégrés dans le giron de la firme après les lancements des produits. Il en a sans doute été ainsi de l'Ipad, tant les dépots de brevets liés à ce produits semblent avoir été peu nombreux. 
Concernant l'évolution de Itunes, il est difficile de faire des prédictions avec beaucoup de certitude à partir des dépots de marque et de brevet -Apple a bien renforcé l'étendue de la marque qu'elle possédait déja -Itunes Live- tant les indices sont faibles. 
Quelques reflexions de bons sens permettent cependant d'avoir une idée somme toute assez précise de ce qui devrait émerger. 

a) En premier lieu, Apple est à présent le premier vendeur de musique de la planète. Il lui est donc impossible de se tirer directement une balle dans le pied, en créant une offre directement concurrente de Spotify -ou Deezer en France-, sauf à y mettre massivement de la publicité. Or... Apple vient de lancer sa propre régie mobile. 
il n'est donc pas invraisemblable de penser que la firme à la pomme intégre une offre gratuite, truffée de publicité, à l'instar de ce que fait Spotify et qui sera principalement accessible en mobilité. 

2) L'expertise Lala se situe sur deux terrains (i) le streaming (ii) la gestion de" DRM light" -les priorités d'écoute en fonction du profil. On peut donc spéculer sur le fait que Apple va lancer une offre en streaming d'une part et une solution permettant de gérer des droits d'écoute en fonction du profil de l'utilisateur ou de la zone géographique : sans possibilité d'écoute -autre que des extraits-, écoute avec publicité, écoute plus ou moins illimitée pour les utilisations payantes. 

3) Comme cela a été dit plus haut, il est peu probable que Apple vienne concurrencer radicalement son offre de download. On peut donc émettre l'hypothèse qu'elle offrirait une solution mixant les deux offres, de sorte à renforcer la pénétration de l'offre Itunes. Il est à cet égard important de souligner que même aux Etats-Unis, le taux d'adoption de Itunes reste relativement bas, soit à 17% des foyers américains. Le streaming serait donc un moyen de renforcer considérablement cet usage. 

4) Apple pourrait en profiter pour lancer des "Spod", des Ipod permettant de streamer la musique à partir de la 3G ou du wifi. Un usage domestique autant que portable ferait plus que sens qu'encore une fois cela renforcerait largement le niveau de pénétration de la firme à la pomme. D'autant que ces produits pourraient être extrèmement simples d'usages et accessible à une génération qui a pour l'instant du mal à adopter des produits qui, même en provenant de chez Apple, restent perçus comme très technologiques et complexes d'usage. 
Il est en effet important de rappeler que Apple n'a que 4% de part de marché au niveau mondial, le grand challenge de la pomme croquée est donc de parvenir à accroitre ce pourcentage sans diminuer trop nettement sa marge. C'est un défi qu'elle peut relever grace au niveau de différenciation technologique et fonctionnel auquels elle est à présent parvenue.  


vendredi 7 mai 2010

Prédiction sur le marché de la musique... révisions après six mois.

Plusieurs pays, la Hollande, l'Angleterre, et à présent la France, viennent de faire état d'un arrêt de la baisse des ventes dans la musique. Excellente nouvelle, qui est assez conforme à ce que nous avions pronostiqué, à quelques points -majeurs certes- dans notre post, "pourquoi la chute du marché de la musique va maintenant s'accélérer" vieux à présent de près de sept mois. A mi parcours de l'année (à peu près), il est intéressant de faire notre auto-critique et de tacher de voir ce qui y est juste et ce qui ne l'est pas. 
Voici donc les dix prédictions initiales



1) la chute du marché physique va s'accélerer.
plutôt faux. c'est même d'une hausse dont il s'agit en France, aux UK mais pas aux USA. Celle-ci reste difficilement explicable et le SNEP est guère dissert sur ce point. Nous continuons à penser qu'il ne s'agit que d'un artefact ou plateau et que la baisse va reprendre. 

2) Itunes a mangé son pain blanc. 
Vrai, et... bientôt faux. Apple ne fait état que d'une progression limitée (1,1mds vs 950 millions en 2008) de son chiffre d'affaire musique dans Itunes, sans rapport aucun avec la croissance de ses ventes d'Ipod, d'Iphone et autres produits. De surcroît le donwload est down et le streaming est up. Reste qu'ils ne vont pas tarder à réagir, Lala ne donne plus signe de vie et cela serait plutôt en faveur d'une intégration accelerée dans Itunes...

3) On va enfin parler de musique mobile. 
Plus que vrai... C'est une catégorie en explosion dans les Iphones App. blackBerry en fait un axe stratégique. Le manche est passé des telcos aux devices makers et aux solutions Saas. 
4) le MP3 va réellement commencer à disparaitre dès 2010
Etal : pas beaucoup de signaux déterminants, mais encore une fois, le streaming devient plus qu'un ennemi du mp3, que personne ne regrettera vraiment. 

5) Le P2P va peu à peu s'effacer
Vrai, il est déja largement en baisse, selon l'ensemble des études sur le sujet. D'autant plus que c'est souvent le principal facteur visé par les Hadopi de tous pays. 

7) Il y aura plusieurs plateforme gagnantes. 
Etal : difficile à dire à ce stade, mais l'expérience musicale est définitivement plus large qu'auparavant. 

8) L'échange de playlist va largement se populariser. 
plutôt faux. Spotify n'a toujours pas largement ouvert l'importation de playlist de plateformes concurrentes à notre grand regret. 

9) De nouvelles expériences musicales vont émerger (suivez mon regard). 
plutôt  vrai ; il suffit de voir celles qui sont proposées dans le App Store. Que de la créativité et de l'innovation. 

10) le marché de la musique va recommencer à croitre en Europe dès 2011. 
Vrai: en six mois, les signes allant en ce sens sont impressionnants. Même si on devrait encore connaitre un ou deux trimestres de baisse, le plus dûr semble passé. il reste qu'en Europe, le pourcentage de revenus provenant du numérique est étrangement faible (20% environ). 

5 en faveur du vrai, 3 en faveur du faux et deux étals... pas trop mal non? 

dimanche 2 mai 2010

Palmarés des opérations dans la musique du CAC40

Cette semaine, un dossier sur le CAC40 et la musique... On le sait, on ne parle que ça, les marques raffolent de la musique ; tout le monde l'aime, c'est très identitaire, et ça ne coute finalement pas si cher que ça.

Reste que toute les marques n'ont pas nécessairement un ADN qui soit particulièrement musical et que les marques musicales n'ont pas impérativement des accointances avec tous types de musique. On ne voit pas trop EADS faire de Lio son égérie ni Bouygues choisir les Berruriers Noirs pour sa communication institutionnelle.
A l'inverse, il existe plusieurs marques qui utilisent déja beaucoup de musique ou qui devraient le faire plus, tant leur identité s'y prête. Voici la presque totalité du CAC40 au prisme de ce qu'elle font -ou devraient peut être faire- dans la musique.

Accor : le 3ème réseau d'hotels au monde et premier nom du CAC (par ordre alphabétique) est un gros diffuseur de musique au travers de ses myriades de halls et chambres d'hotels. Curieusement cependant, il n'a à notre connaissance jamais tenté de rentrer dans la juteuse filière de Bhudda Bar / Café del Mar/ Costes, -et autres lieux un chouilla branchouilles- qui consiste à poser sa compil sur le comptoir. Sans doute est-ce dû à la très grande indépendance qui existe entre toutes ses marques d'Hotel (Sofitel, Pullman, Mercure, AllSeasons Etap, etc.) qui n'ont d'ailleurs parfois que peu à voir les unes par rapport aux autres.

Airliquide: L'une des entreprises les plus rentables du CAC n'a pas jugé utile de tenter de rentrer en concurrence sur le terrain du groupe de pop au nom éponyme... Dommage.

Alcatel: A contrario des maisons de disque, la marque n'a pas vraiment réussi en business ces dernières années, mais la piraterie lui a plutôt porté chance. l'utilisation sans accord de ses brevets liés au mp3 par Microsoft lui a permis de chipper 1,5mds de dollars à cette dernière...

Alstom: Depuis des années, Alstom est aux cotés des Eurokéennes de Belfort, cette ville étant l'un des fiefs principaux du fabricant de turbines et de locomotives. Pas grand chose à part cela. il fait sinon aller jusqu'au Chili, pour trouver une opération de mécénat visant à aider les enfants à apprendre la musique.

ArcelorMittal: Quelques petites opérations de mécénat et de sponsoring de festivals. On notera avec amusement qu'ArcelorMittal semble assez fier que son acier soit assez bon pour faire des cordes de guitares et le fait savoir dans ses communiqués de presse officiels. 

Axa: Pour l'instant, l'une des sociétés françaises les plus prodigues en opération de mécénat ne semble pas avoir quoi que ce soit à faire avec la musique... A part un petit festival de musique Classique, en Belgique, la musique ne semble pas être un loisir assez sérieux pour les assureurs.

BNP-Paribas : à l'instar d'une autre banque, citée plus loin, BNP est férue de musique classique. Nombreux sont les programmes qu'ils sponsorisent, et il faut reconnaitre que souvent, ceux-ci sont plutôt de bonne qualité. 

Bouygues: en tant que tel, Bouygues n'est pas très présent dans la musique. Leur site web n'indique que de très petites opérations de mécénat... C'est oublier que Bouygues c'est aussi TF1, et TF1 c'est la fête de la musique tous les jours... avec la StarAc, TF1 musique, la techtonik et tant d'autres programmes que nous en oublions.

CapGemini: la société de Conseil en services informatiques est aussi parfois, une société de conseil... tout court. Récemment, elle a réalisé un très gros rapport pour un grand groupe de média français, très impliqué dans la musique qui, en substance expliquait que... ça allait continuer à être dur pendant quelques années. Le rapport a été... Moyennemement reçu. Plus généralement, Cap est fréquemment solicité comme expert sur les histoires de piraterie, de création de plateforme (pour la Fnac par exemple). Sans être particulièrement une société Rock&roll, il n'en sont pas moins de la partie.

Carrefour: Le gros et grand distributeur reste... le premier distributeur de musique non-digitale en France. Autant dire qu'ils en connaissent un rayon. Chaque année, la grande inquiètude de l'industrie musicale est de finir par se faire "déréférencer", c'est dire exclure des rayons des hypers. Il semblerait que cette crainte soit à présent éloignée, le nouveau management de Carrefour souhaitant renforcer la dimention culturelle de son offre. A bon entendeur...

Crédit Agricole : encore une banque et encore du mécénat de musique classique. Il faut croire que ça donne un genre honnête. Ou à défaut d'adoucir les moeurs, ça adoucit la lecture de ses relevés d'aggios.

Danone : la marque sympa près de gens est surtout la marque... préférée des français. Pourquoi n'essayent t'il pas le produit le plus affinitaire qui soit? Danone et vous est étrangement silencieux, à part un peu de musique genre "c'est mon cousin qui l'a fait avec son synthè" sur les video de relaxation.

Dexia: tiens ! encore un banquier, et... encore un mécène de la musique classique. Ca en devient inquiètant ce mimétisme si appuyé. Espérons qu'ils n'ont pas également tous les mêmes idées sur l'évolution des marchés financiers...

EADS: en voilà un qui assume. Une fondation omniprésente, une activité sur tous les continents, des références à la culture appuyés dans les discours du président, et... pas beaucoup, sinon pas de musique dans le programme de EADS. Au moins c'est clair.

EDF: Il y a bien un orquestre maison, quelques opérations de mécénat et... des CD distribués de temps à autre aux partenaires et employés, mais l'électricien sans lequel la musique ne serait sans doute pas, n'est pas plus actif que cela dans le secteur.

Essilor: y voit bien mais n'entend goutte ! pas de programme dans la musique pour le fabricant de verre de lunettes, à notre connaissance.

France Telecom : la marque d'ingénieurs-qui-voulaient-devenir-un-grand-média-à-coup-de-millions n'est pas franchement un grand acteur de la musique. Ce n'est certes pas faute d'avoir tenté, il n'en reste pas moins qu'ils auraient sans doute un peu de succès ne serait qu'en mettent en avant une playlist chaque mois sur leur site, ou même en relançant les ringbacktones avec un partenaire comme Musicall, par exemple. Avec l'une des toutes première audience de l'internet, et des dizaines de millions d'abonnés au téléphone, ça ne pourrait sans doute pas rater... Quoi que....

GDF SUEZ: Si vous avez des amis musiciens, il vous en feront sans doute la remarque. GDF-Suez est un gros sponsor. Il est difficile de dénombrer les évènements qu'ils sponsorisent ou dans lesquels leur fondation intervient. Rien à dire, les vannes sont ouvertes.

L'Oreal, n'a pas l'air de le vouloir... A force de s'attacher à faire rèver les filles (et les garçons), on en oublie le pouvoir envoutant de la musique. Avec des millions de points de vente dans le monde, avoir une vraie identité musicale devrait être une préoccupation majeure de ce groupe. Or, de l'avis même d'un consultant qui a travaillé pour cette marque récemment, la cohérence est loin d'être de mise. Rare seront ceux, à part Sebastien Tellier, pour dire le contraire.

Lagardère, on peut avoir dans son ADN gravée l'infamie d'être un ancien marchand de canons -de missiles plus précisèment- et aimer le sport et la musique... En commençant pas prendre une proportion non négligeable du capital de Because, le petit label branché du moment. Ce qui compte avant toute chose, c'est d'avoir l'air cool et d'être bon en communication et ça tombe bien car Lagardère est aussi -et maintenant surtout- un groupe de communication, avec Europe2, VirginRadio et tutti quanti. 

LVMH : certaines de leurs marques sont au top de la musique, il en est ainsi de Hennessy, qui a monté Hennessy Artistry. D'autres n'ont aucun programme continu sur le sujet. En revanche l'identité musicale de Sephora a fait l'objet d'investissements soutenus et le résultat s'entend (on aime... ou pas). la holding LVMH réalise néanmoins une action de mécenat pour essayer d'aider les ado à écouter autre chose qu'NRJ. Bon courage.

Michelin: Bon vieux Bibendum ne semble pas trop porté sur la musique...

Pernod Ricard : Boire un petit coup -en musique- ça a toujours été agréable. Et c'est fort de ce constat assez basique que pernord Ricard fait de gros efforts pour sponsoriser autant que possible -et sans trop outrepasser la loi Evin- toutes les évènements live possibles et imaginables. Tout concert capable de rassembler plus de 1000 personnes est potentiellement éligible... et la maison sait se montrer prodigue.

Peugeot: Le lion rugit mais ne chante pas beaucoup. A part quelques brevets pris dans les années quatre-vingt sur des techniques de diffusion de son dans l'habitacle, peugeot ne goutte que peu la musique...

PPR : la musique n'a pas vraiment réussi à PPR, qui cherche à se désengager de la FNAC, dont le recul des ventes (-8% en 2009) est largement le fait des piètres performances des rayons disques. En son temps, PPR était aussi sorti -trop tôt- du capital de Musiwave, bien avant que la société ne devienne un succès.

Renault ferait t'elle des voitures à vivre pour... sourds et malentendants? C'est à croire tant sa présence dans la musique se résume à celles de ses publicités et aux autoradios qu'ils installent dans leurs voitures. De l'avis même d'un ancien responsable du marketing, Renault n'a pas l'oreille musicale.

SaintGobain: feu un mécène, Saint Gobain semble avoir réalisé quelques opérations de mécénat de festivals, mais ceci ne semble plus être d'actualité au XXIème siècle.

Sanofi, la marque ne dispose pas particulièrement des caractérisque d'une emblème musicale, cependant elle mérite d'être ici mentionnée pour ses opérations de mécénat en faveur de son soutien à l'Association Velntin Haüy, qui aide les aveugles et leur permet d'accéder à des évènements musicaux.

Société Générale: S'il existe bien une banque qui s'est investie dans la musique -classique pour ne rien changer- c'est la Société Générale. Il faut reconnaitre que l'investissement a été massif et continu depuis près d'une vingtaine d'année, principalement réalisé au travers de leur fondation. Comme quoi il n'y a pas que Jérome Kerviel dans la vie.

STMicroelectronics, eux ont un programme de musique... electronique. ST intégre chaque année dans plusieurs centaines de millions de puces les players mp3 que nous utilisons tous les jours. Si la musique est bonne, c'est un peu grace à eux. Dommage qu'ils ne le fassent pas savoir... en musique. De surcroît ST est la petite fille de Thomson SA, la société qui a co-inventé le mp3. 

Total : encore une marque qui dispose de milliers de points de vente, qui prétend être proche des gens et qui ne fait rien dans la musique... Bizarre autant qu'abscons. Ce n'est pas compliqué pourtant de faire une compilation de musique pour la route, que l'on aligne le long des caisses, d'autant que si l'on tape Total + Musique dans google, on trouvera des centaines de liens d'internautes cherchant à identifier la musique de leurs publicités. Il suffirait de mettre tout cela en boite pour que ça se vende.

Veolia: c'est ce qui reste du métier de Vivendi Universal avant l'arrivée de Jean-Marie Messier. La plomberie, très peu pour lui. Il a ainsi vendu une société hyper rentable pour se lancer à corps perdu dans la musique. Veolia s'en est tenu là et n'a jamais cherché à remettre les pieds dans ce bazar. Il serait toutefois injuste de ne pas mentionner leur discrète mais efficace fondation, qui aide l'enfance en difficulté, entre autre chose en permettant aux tous petits d'accéder à des expériences musicales.


Vivendi : L'honneur est sauf ! c'est, dans l'ordre alphabétique, la dernière société du CAC et c'est le seul dont la musique est un métier fort. nous voilà rassurés.

ps : le même exercice serait très amusant à faire pour le SBF 250, mais nous laissons cette joie à d'autres.