vendredi 24 septembre 2010

Itunes: désormais un vieux soft

A force de n'entendre que des éloges d'Apple, on en oublie que ma pomme a quand même quelques faiblesses et que son produit phare, à l'origine de sa reconquête commerciale, n'a pas été dépoussiéré depuis bientôt une decenie... I-Tunes est aujourd'hui totalement dépassé et pour en faire la preuve, voici une la liste des dix griefs les plus évident que l'on puisse lui faire: 

- Pour commencer, Itunes a un démarrage plus que poussif. force est de constater qu'il est préférable de ne pas avoir une trop grande librairie musicale. Sur un Imac de toute dernière facture, il est nécessaire d'attendre... près de deux  minutes lorsque l'on possède quelques dizaines de milliers de titres avant qu'il ne s'ouvre. Par la suite, ce n'est guère mieux. La récente installation de Ping impose une "transmissions des résultats Genius en cours" préalablement à tout partage et... Cela dure de longue minutes. 

- la DRM a été supprimé mais on la paye encore. presque dix ans après avoir acheté nos premiers titres et après avoir transféré ceux-ci de machine en machine, il est nécessaire de disposer d'une autorisation spéciale pour que la DRM se débloque sur votre dernier ordinateur. Résultat : des centaines de titres restent inaccessibles à nombres des plus fidèles consommateurs de produits Apple.

- la synchronisation n'a jamais réellement fonctionné : oublie de titres, pertes de données lors de changement d'ordinateur, voir destruction partielle de fichiers AAC... Un petit interview autour de soit est assez révélateur : il est étonnant de constater combien nombreux sont ceux qui se plaignent de cette fonction, peu aboutie, de synchronisation des titres. 

- Pas encore 'GrandMama proof' ; et c'est sans doute là le plus grand reproche. Le processus qui consiste à acheter les titres sur Itunes Store, pour ensuite pouvoir les écouter sur Itunes n'a jamais été accepté par le plus grand nombre, à contrario de Spotify ou Deezer, qui sont si simples à utiliser que les plus récalcitrants les apprécient. 
De surcroît, la navigation qui fut géniale en son temps, est restée pour ainsi dire la même. Elle commence à être dépassée, particulièrement par celle de Spotify. 

- Un Genius pas si génial que ça ; sur 40,000 titres de la librairie de votre serviteur, Genius ne s'aventure jamais au delà des 10 à 15% de ceux-ci. En conséquence, sa capacité à faire découvrir des titres -que l'on possède- est inexistante.

- Pas de radio interactive : celles-ci ont pourtant démontré leur efficacité pour faire découvrir et consommer de nouveau titres. Développer un petit Pandora est quand même à la porté d'Apple. Il est étonnant qu'en dix ans, cela n'ait pas été fait. Certainement dans la prochaine version, mais en attendant, il y a mieux ailleurs. 

- Une politique de prix peu flexible, que même les majors rejettent. En voulant définir le standard de prix du marché, Itunes s'est enferré dans une politique qui lui revient en bommerang aujourd'hui : impossible de s'abonner à un artiste ou à une catégorie d'artiste. Les bonus track ne peuvent être offert qu'en même temps qu'un autre titre. Pas de pack 100 titres ou 500 titres. Cela a pavé la voie au développement de leurs concurrents. 

- Un Itunes store raté : à la différence de beaucoup de site d'e-commerce, le Itunes store est lent, et ses recommandations musicales ne sont que d'une pertinence moyenne. Cette critique est valable également pour les films, et les apps. La mise en oeuvre du réseau social Ping pour tenter de suppléer à cette lacune a été entreprise bien tard. 

- Une impossibilité d'exporter simplement une playlist. La fonction ne fonctionne que si le destinataire dispose de tous les titres. Impossible ne serait de lui dire quels sont les titres d'une playlist (à moins de faire des impressions écran) ou d'utiliser Ping... qui n'est pas interroperable avec Facebook... 

Et le ponpon... c'est une arrogance sans faille dans la communication de ma Pomme qui a le dont de crisper tous ceux qui remarquent ces petits défauts. Leurs produits sont les meilleurs du monde, surtout les nouveaux... Les autres, on y reviendra lorsque la concurrence se refera sentir... Espérons que 700,000 nouveaux comptes sur Spotify leur permet de percevoir l'urgence qu'il y a à reprendre l'ensemble de ce logiciel qui, il convient de le reconnaître, a changé la donne en matière de musique digitale. 






samedi 18 septembre 2010

Un peu de politique, où quand les extrèmes se rejoignent...

Comme souvent lorsqu'une nouvelle loi est mise en débat en France, on assiste à des échanges plutôt passionnés entre les pro et les anti (pour éviter son équivalent anglais). Il en est ainsi du débat sur les retraites où nos élites sont, lorsqu'elles s'expriment sur le sujet, à la limite de la crise de nerf, plus particulièrement celles qui sont contre.

Hadopi ne fait pas exception à la règle. Sur ce point, le débat, commencé il y a plus de 4 ans (avec la loi DADVSI) a été et reste particulièrement passionné.
La singularité -et qui n'est que rarement relevée- de la contestation anti-hadopi est qu'elle parvient à mettre dans le même camp des courants qui sont par ailleurs radicalement opposés, en premier lieu, nos amis de UFC que Choisir, particulièrement remontés sur le sujet, aux cotés des opérateurs de télécoms, que UFC justement n'a cessé d'attaquer pour leurs pratiques commerciales. D'après une de nos relations, directeur général de l'un des trois grands opérateurs mobile UCF QueChoisir nous a certainement fait perdre des dizaines et probablement des centaines de millions d'euros à coup de procès concernant nos offres, nos conditions commerciales, notre soit-disant absence de concurrence. Ces deux là ne s'aiment donc pas trop, mais font cause commune, l'AFFA (Association Française des Fournisseurs d'accès, représentant les opérateurs de télécoms fournisseurs d'accès) ayant même été jusqu'à reprendre certains argument de UFC QueChoisir...
Le Monde syndical lui-même s'est parfois exprimé sur le sujet, outre l'apparition spontanée de revendications anti-Hadopi dans des manifestations sur les retraites par exemple, des syndicats comme SUD ou la CGT se sont régulièrement exprimés en défaveur de la loi. 
Cependant, force est de constater que les logiques qui sous-tendent l'opposition des uns et des autres ne sont pas les mêmes, loin s'en faut. 
Pour les ISP et Opérateurs, -que nous identifierons comme étant le groupe des Capitalistes établis- il existe un argument officiel, et l'autre officieux. L'officiel c'est que le coût de traitement technique serait prohibitif et à ce jour, il n'a pas été question de le compenser du moins en totalité. Les opérateurs évoquent le chiffre de 100M d'euros d'équipement et de développement pour mettre en place un détecteur de P2P efficace. D'après plusieurs experts indépendants, ceux notamment issus d'un grand systèmier militaire français qui a installé des systèmes de filtrages dans des pays peu démocratiques, ce chiffre est très largement exagéré et il serait plus proche de la quinzaine de millions d'euros. 
L'argument officieux, c'est que nos ISP ont tout simplement peur que l'Hadopi ne freine l'appétit de ce qui ne sont pas encore abonnés à l'ADSL et renchérisse donc leurs coûts de recrutements. Ce dernier argument s'évacue de lui même, car peu à peu, les ISP réalisent que l'une des seules planches de salut pour augmenter l'ARPU (ou le revenu moyen par abonné) consistera à vendre des contenus... Une baisse du P2P, qui a représenté jusqu'à 50% de la bande passante Internet n'est donc pas ou plus une damnation...
Une évolution de position dictée, on le voit, par des considérations bien pragmatiques et pécunières... Sauf peut être dans le cas de du patron du seul ISP indépendant, pour qui les réseaux doivent structurellement être le plus ouvert possible. 

Concernant les associations et syndicats, l'échiquier idéologique est extrèmement diversifié. La frange la plus importante concerne sans doute les "neo-anarchistes" bien défendus par de nombreuses associations de consommateurs (i) et des sites à vocation techniques, traitant de programmation Linux par exemple. Leur principal argument consiste à faire valoir que la culture est financièrement hors d'atteinte pour nombre de foyers et que la gratuité de fait de Hadopi n'est donc qu'un juste retour de balancier. 
Ils sont rejoints sur ce point par nombre d'association généralement classées à gauche, dont les partis politiques, PS en tête. Pour ces derniers, la démarche est plus structurée, avec une volonté de mettre en avant la Licence Globale, une taxe appliquée à l'ensemble de l'internet pour financer le contenu, ou une sorte de CNC Internet... Il y a donc une cohérence à retrouver à gauche une volonté de régularisation par l'impôt. 
Enfin, dernier groupe des Anti-Hadopi, les Libertariens, au sein desquels on retrouvera nombre de grands entrepreneurs de l'internet. Les arguements de ceux-ci sont radicalement opposés à ceux du groupe précédent mais arrivent à la même conclusion : Internet est comme l'argent, et toute entrave à sa circulation nuit au développement économique, il convient donc de laisser faire. L'industrie du contenu disparaitrait peut être, mais un grand bien en naitrait certainement. 
Il ne nous appartient pas de prendre position sur la pertinence des propos de l'un ou l'autre de ces groupes. Force est cependant de constater que Capitalistes Etablis, Neo-Anarchistes, courants de Gauche, et Libertariens ne pourrait être d'origine plus opposés. Est le signe qu'un consensus très fort émane de l'ensemble des citoyens? Il convient de rappeler que les alliances étranges ont toujours existé en politique pour le meilleur -à la libération par exemple- ou pour le pire -juste avant la seconde guerre mondiale-. La particularité de ces alliances a été de se rompre plus vite encore qu'elles ne s'étaient formées.  


(i)  Il faut cependant reconnaitre qu'une faction de UFC souhaite l'application de la Licence Globale. 






jeudi 9 septembre 2010

Social Music Gaming: année 0?

MXP4 imageAu cours des mois passés, les auteurs de ces lignes n'ont cessé de mettre en avant le fait que la consommation de musique avait définitivement évolué vers une forme plus active. Les concepts des années soixante (on écoute 45 min de musique enfermé dans sa chambre avec des copains) et plus encore celui du siècle précédent (on écoute 3 heures de musique d'affilé, à l'opéra), sont désormais totalement obsolètes sauf pour quelques élites peu significatives. On écoute désormais de la musique en restant actif et de plus en plus souvent alors que l'on est en train d'utiliser les reseaux sociaux. Une récente étude du FairChild Educational Project montrent que 81% des adolescents écoutent de la musique lorsqu'ils sont sur Facebook !
C'est l'analyse à laquelle vient finalement de se résoudre Apple, en lançant -tardivement- Ping : la notion d'échange, et d'interaction est au coeur de la musique et elle est incontournable.
Ca tombe plutôt bien car c'est aussi le credo de mxp4 depuis maintenant 3 ans : en développant des technologies et applications qui mettent l'interactivité et le jeu au coeur de l'expérience musicale, la société a fait aussi un pari sur l'évolution même du concept de musique. 
Cette évolution a trouvé, au travers de plusieurs applications facebook une définition qui nous convient particulièrement bien : le Music Social Gaming. 
Cette notion nous semble en effet être pertinentente tout autant qu'intéressante car elle est à la convergeance de cette évolution dans l'usage de la musique et plus généralement au coeur de ce phénomène très marqué, qui voit les internautes passer un temps très significatif sur les nouvelles plateformes de jeu. 
Le pari que nous faisons est que le MSG va devenir central dans l'évolution de l'univers de la musique à un horizon très bref. Dès à présent, les chiffres sont plutôt encourageants, comme évoqué dans le post de ce jour sur Techcrunch. D'autres applications sont à venir, qui renforcent ainsi ce positionnement. 

vendredi 3 septembre 2010

Aujourd'hui, le gagnant c'est... spotify.

spotify_apple
Le 1er Septembre fut-il un jour comme un autre? 
Peut être pas. Et peut être qu'il serait au contraire opportun de marquer cette journée d'une pierre blanche pour ceux que l'avenir de la musique dématérialisée intéresse. 
Car c'est ce jour là qu'Apple n'a finalement... rien annoncé. Mieux encore, la firme Californienne a fait aveu d'échec, Steve Jobs reconnaissant que les majors n'avaient pas voulu accepter les conditions commerciales qu'il leur a proposé concernant le lancement de son offre Lalatunisée et cloudisée...

Spotify dispose donc momentanément d'une opportunité, avec l'absence de challenger. Avec une très bonne offre en streaming (22 millions de titres versus 29 millions pour Itunes), une fonction d'écoute de mp3 en local, des fonctions de navigation très réussies, sans parler du design, ceux-ci en effet réussi à percer sur des domaines qui étaient jusqu'à présent considérés comme la chasse gardée de Apple. En offrant ce service irréprochable, ils ont donc convertis plus de 600,000 utilisateurs tout en bénéficiant du soutien appuyé des majors, trop heureuses de voir enfin une alternative apparaitre, face à Apple. 

Reste que la route sera longue avant que la domination de Apple ne soit sérieusement entamée, et mine de rien, la pomme croquée commence à placer ses pions afin de rattraper le terrain perdu : après l'acquisition de Lala.com, c'est à présent l'annonce de Ping qui représente un mouvement significatif. 
D'une expérience passive -telle qu'Itunes la proposait et la propose encore-, la musique est devenue en moins de cinq années sociale et interactive. La voie fut ouverte par Myspace, puis par Youtube et nombres d'autres solutions, au sein desquels Spotify représente une forme de quintessence, tant elle est réussie. 
Pour Apple cependant, il ne pouvait être envisageable qu'une fonction stratégique telle que le partage de playlist et plus largement  l'expérience de "social music", soit sous-traitée à Facebook, à la différence de ce que fait Spotify. 
Il est certain qu'Apple va mettre toute son énergie dans sa contre offensive. Mais désormais, ils se trouvent en position défensive. 

Reste, qu'un des nerfs les plus proéminant de cette bataille sera la capacité de Spotify à régulièrement se refinancer. Rappelons que le player suédois n'est toujours pas aux États-Unis, ni en Asie d'ailleurs et que chaque ouverture de pays représente un investissement (très) massif. Certes, de nombreux acteurs locaux montrent qu'il n'est nul besoin de disposer d'une présence globale pour exister, il n'est est pas moins vrai que le leadership d'Apple ne pourrait être sérieusement entamé que lorsqu'il ne pourra plus prétendre à une domination sans challenger sur au moins deux des trois grands marchés, Europe, Asie, et Etats-Unis. C'est loin d'être le cas aujourd'hui et ça reste pourtant la clé pour être considéré sérieusement par les maisons de disques et les artistes. C'est aussi un facteur de succès des fonctions de social music...