dimanche 28 février 2010

Quelques nouvelles du front des starts-up musicales.

Le ciel n'est jamais très loin de l'enfer, tout au moins dans le merveilleux des start-up musicales...
On peut en effet s'étonner de voir que les jeunes pousses qui étaient deux ou trois ans plus tôt aclamées comme le futur de l'industrie musicale, se retrouvent, juste une demi-douzaine de trimestres plus loin, aux portes du tribunal de commerce, proches du dépot de bilan.
C'était ainsi le cas de Cellaband, qui s'est retrouvé en redressement judiciaire, puis en liquidation ce vendredi... Il semblerait qu'un investisseur soit sur le point de reprendre l'ensemble de la société, mais nul doute que les fondateurs et salariés ont du se faire quelques cheveux blancs dans l'aventure.
Est-ce specifique au monde de la musique? Sans doute pas : nombreux sont les exemples de sociétés qui ont approché le dépot de bilan pour ensuite rebondir. Pour ne citer qu'un exemple, Ebay avait eu de grosses difficultés à se financer dans ses jeunes années.
Il n'en est pas moins vrai que le nombre de start-up musicales qui connaissent ce type d'errements est particulièrement important. Même les succès n'échappent pas à la règle. L'argent était à ce point rare chez Musiwave en 2002, qu'à titre préventif, un rendez-vous avait été pris entre son patron et le tribunal de commerce. L'argent arriva finalement, in-extremis.... Et qui se souvient que Myspace a été revendu pour 200,000 livres anglaises par les fondateurs, en bout de course, avant de connaitre le succès?
Aujourd'hui, ce sont les sociétés qui développent des offres de streaming gratuit qui se retrouvent en terrain miné. Les majors remontent peu à peu leurs redevances et la conversion vers le premium est nettement plus ardue que prévue. L'argent se fait en conséquence rare. Spotify ne cesse de rencontrer des fonds de private-equity, principalement anglo-saxons et asiatiques (et plutôt late stage), mais sans générer un grand enthousiasme, tout au moins jusqu'à présent. Le fait qu'ils aient levé entre 3 et 5 millions de dollars récemment auprès du Founder Fund (les informations concernant ces chiffres sont gardés avec le plus grand secret), confirme que ça n'est pas si évident que cela.  Deeezer est à nouveau à la recherche d'argent frais et là non plus ça ne paraît pas aller autant de soit que par le passé. On connaît également les difficultés de Jiwa et de ses consoeurs.
Il est vrai que chercher le succès dans un environnement qui perd 15% de sa valeur chacune année, c'est un peu comme vouloir ouvrir une acièrie en Loraine dans les années quatre-vingt. Un fait dont il est difficile de ne pas tenir compte lorsque l'on est dans la peau d'un investisseur sur le point de faire un chèque de quelques millions pour financer une start-up musicale, au business-model hypothétique, évoluant dans un environnement totalement dégradé.
Pourtant, il y a un an seulement le detaillant KingFischer avait fait réaliser un sondage d'opinion qui mettait la musique parmi les 3 préoccupations les plus importantes des anglais (après la famille et les relations sentimentales...)!
Il y aura sans doute de très bonnes récoltes pour ceux qui auront choisi d'investir, à condition cependant d'être prêt à traverser quelques années de vaches maigres. La culture du gratuit a mis par terre l'industrie musicale et il va falloir attendre que le balancier revienne un peu dans l'autre sens avant d'entrevoir une possibilité de succès. Si on le dit plus abruptement, cela fait dix ans que le piratage est pour ainsi dire légal, il pourrait en falloir quatre ou cinq avant que l'internaute se convainc du bien fondé d'une offre payante.

jeudi 25 février 2010

La tendance.... est aussi dans les instruments de musique




The Beatles on the Ukulele
A l'occasion d'un passage dans un magasins d'instruments à Pigalle, nous avons eu un échange intéressant avec un vendeur sur le type d'instruments les plus recherchés. Finalement assez révélateur d'autres tendances, plus numériques... 
En premier lieu -qui s'en serait douté- les instruments les plus vendus, haut la main sont... les guitares acoustiques, classiques. Ca n'est révélateur d'aucune tendance cependant. Les guitares folks (à cordes métalliques, arrivent juste derrière). 
Juste après, on trouve les claviers en tous genres. Les prix s'étant écroulés depuis une dizaine d'années, notre vendeur pense en vendre presque autant que de guitares, tout au moins en ce qui concerne les claviers d'entrée de gamme. Les claviers haut de gamme arrivent loin derrière, leur maîtrise étant un repoussoir pour nombre de musiciens amateurs. Ces claviers disposent d'interfaces midi très appréciées, offrant un grand champ créatif, dès que l'on les connecte à un ordinateur. 
Les guitares électriques arrivent après (environ 1 guitare électrique pour 2 guitares sèches), mais restent en 3ème catégorie. Grosse remontée ces dernières cinq années, pour un produit qui était devenu totalement ringard à la grande époque de la musique électronique. 
Au doigt mouillé, les pianos (avec des cordes) pourraient très bien représenter -en volume- la 4ème catégorie et la seconde en valeur "c'est un investissement important, mais on ne le fait qu'une fois" ; il observe que les pianos d'entrée de gamme ne coûtent finalement pas si chers et qu'ils sont perçus comme un investissement familial.

En 5ème catégorie (en valeur cette fois-ci), viennent beatbox et autres machines à générer du son... La progression est impressionnante dans la mesure où nombre de néophytes qui ne connaissent rien au solfège achètent désormais ces produits. Ceux-ci devraient, selon notre ami, représenter la première catégorie d'ici 4 à 5 ans. 

La catégorie virtuelle concerne... les logiciels... "c'est compliqué à vendre, on ne fait pas de marge et de toute façon tout le monde [...]. Si tout le monde les payait on serait vraiment blindé".  Double son de cloche, donc fiable. 

Petite surprise cependant. les magasins visités ne vendaient ni violons... ni trompettes, mais ceux-ci viennent rapidement à l'esprit de l'un de nos sympathiques informateurs. Les trompettes ont beaucoup monté et d'autres instruments plus exotiques sont en forte croissance (Ukulélé, etc.). 



mercredi 24 février 2010

Un post supprimé, un !

Nous avons pris le parti de supprimer le précédent post, traitant des aléas de trois sociétés emblématiques de l'univers de la musique.
Cette décision n'est en rien motivée par l'absence de fiabilité de ce que nous avions annoncé et dont nous ne retranchons rien. Simplement, la vocation de ce blog ne consiste pas à faire des scoops ayant trait au monde de la musique, mais à donner aux artistes et en entrepreneurs de cet univers un éclairage de fond sur les tendances de cette industrie.
Par ailleurs, ce blog nous prend suffisemment de temps à produire pour que nous n'y ajoutions pas des discussions sans grand intérêt avec les responsables de la communication de chaque major.

Le directeur de la redaction,
les correspondants étrangers,
et tous les journalistes.

mardi 23 février 2010

Pro-Hadopi? plaidoyer sans fards

Parfois nous, auteurs de ces lignes nous surprenons à penser que nous pourrions finalement n'être que de vieux réactionnaires libéraux, défenseur du créancier face à l'orphelin... 
Dans plusieurs des polémiques récentes, Sawnd a en effet pris le parti des puissants : pro-hadopi, moqueurs de ceux qui s'effraient de l'immission dans la vie privée de Facebook et consors, quasi défenseurs de Google face aux Ministres défenseurs de cette grande France (Gaullienne), plusieurs d'entre vous nous ont d'ailleurs fait remarquer que ce blog ne parlait et ne prenait pas assez le parti des artistes, ce qui devrait être sa vocation première, Sawnd étant avant tout une maison de publishing musicale de nouvelle génération.

Nous nous attacherons à l'avenir à parler plus souvent d'artistique. Mais en attendant, voici les 10 (2 fois 5) arguments contres, et pro Hadopi, les plus communs. Pour faire bonne mesure, nous avons rajouté notre commentaires aux critiques les plus populaires avec lesquels nous sommes en désaccord. 

Pourquoi il faut Hadopi

1) Même si Hadopi se révèle peu efficace, c'est un mal nécessaire
Truman, ce personne sympatique qui a lancé deux bombes atomiques sur un Japon prêt à se rendre, avait aussi coutume de dire "speak soft and carry a big stick" -parle gentiment et balade toi avec un gros bâton (bien visible)-. C'est l'esprit dans lequel il convient d'adresser le piratage. Même si les mailles dans le filet seront assez larges, le fait qu'il y ait à présent un risque de se faire prendre devrait être une incitation à payer...

2) aucun autre mode de financement de la musique ne fonctionne
Les tentatives de licences globales, même si elles sont tentantes, sont difficile à mettre en oeuvre car elles peuvent être assez facilement contestées par les ayant-droits. C'est du moins l'argumentation que plusieurs juristes font à son égard. De surcroît, la licence globale supprime toute notion d'exclusivité, qui peut être un outil marketing intéressant dans nombre de cas.

3) c'est la notion de propriété intellectuelle qui est en jeu
Après la musique, c'est le film et après le film c'est le livre... A moins d'imaginer un monde sans film tel qu'Avatar, il va devenir difficile de financer les gros budgets (les plus piratés) si tout est gratuit.

4) Les Fournisseurs d'accès ne sont pas si contre... 
Car -ils ne le diront jamais- la course vers des débit toujours plus importants leur coûte fort cher et ils ne peuvent pas vraiment créer de revenus alternatifs, genre VOD, tant que le piratage reste aussi massif. Un ancien membre de l'AFFA m'a confié que les activités illicites représentaient prè de 50% de la bande passante utilisée (en 2007), soit un coût assez significatif sur le réseau. Il est à ce titre intéressant de remarquer que la France est le 3ème pays au monde ou le piratage est le plus important après... Taiwan et l'Italie, pays où le coût de la bande passante est parmi les moins chers du monde.


5) Il faut nourir la bête
La dette de la France atteindrait 90% du PIB en 2012; il faudrait donc accroître les sources de revenus... Avec 1000 suspensions de lignes par jour et des amendes allant jusqu'à 1500 euros, ce déficit ne sera certes pas comblé, mais la contribution des internautes sera certes bienvenue !


Et pourquoi il ne faut surtout pas Hadopi !

1) C'est totalement liberticite
Internet est un rempart contre le totalitarisme -naturel- des Etats ; une façon de garantir la liberté d'expression de chacun. Commencer à le brider aujourd'hui, c'est restreindre les libertés fondamentales demain. Et puis, couper l'ADSL en 2010, c'est comme couper l'eau à quelqu'un ; c'est un droit élémentaire.
NDLR restreindre les libertés publiques à terme nous semble être effectivement la faiblesse structurelle d'une telle loi. 

2) Il y a moyen de créer des modèles économiques alternatifs (ça nous l'avons souvent entendu...)
Nombreuses sont les études économiques qui montrent que l'on pourrait adopter la licence légale et que ça marcherait très bien. C'est d'ailleurs une piste qu'a évoqué la Sacem elle-même. Prélevons 5 Euros sur chaque abonnement ADSL et 3 euros par ligne 3G et ça devrait faire rentrer entre 700 et 900 millions dans les caisses des maisons de disques et de films chaque année !
NDLR Minute : vous avez dit 8 euros par personne??? 96 euros par an? Ca fait beaucoup non? Beaucoup vont soudainement penser qu'ils ne télécharge pas tant que ça ; le modèle crée donc une inégalité de fait entre les différents profils d'internautes. 

3) les maisons de disques nous ont assez pompé : qu'elles cr... 
il est contre productif de soutenir une industrie vouée à disparaître du fait de l'évolution technologique. Cela aurait revenu à sponsoriser les relais à chevaux en 1905. D'autres modèles fondés sur la scène par exemple pourraient certainement émerger.
NDRL C'est le second point régulièrement entendu, mais il n'en reste pas moins que le travail de production reste très nécessaire et demande des moyens significatifs ; les majors sont souvent contestées, mais on oublie trop souvent qu'une grande partie des contenus sont produits par des maisons de disques indépendantes et que ces mêmes contenus ne verraient tout simplement pas le jour sans une vraie production. 

4) De toute façon Hadopi est inapplicable
Il suffit de relire le post d'hier pour en être convaincu. Autant que le gouvernement n'ajoute pas le ridicule à sa situation déja bien enfoncée. C'est les types qui ont inventé le Minitel qui ont conçu cette loi ou quoi? De toute façon, moi j'utilise le wifi de mon voisin pour me connecter.

5) Pas de salut en dehors de l'innovation 
L'industrie du Cinéma a montré la voie ! Seule l'innovation devrait permettre aux industries du contenus de s'en sortir. Avatar est un bon exemple. Impossible de le regarder en 3D sans aller en salle...
Il n'en reste pas moins que les équipements 3D sont déjà en vente auprès du grand public et qu'il n'y a aucune raison qu'Avatar ne soit pas téléchargeable sur les réseaux pirates à brève échéance. 
 

samedi 20 février 2010

Hadopi : ripostes graduées et... contre-mesures... ou que vont faire les pirates.

Illegal music downloading logo
Au fur et à mesure que se lève le voile sur le fonctionnement de l'Hadopi, il est intéressant de constater que les pourvoyeurs de contenus illégaux mettent en place des contre-mesures de plus en plus performantes pour permettre à leurs clients de continuer à télécharger illégalement. 

Les newsgroups... déja Hadopi-proof. 
L'adaptation la plus surprenante de notre point de vue provient des newsgroups (autrement nommés Usenet). Pour ceux qui l'ignorent, les newsgroups sont une des formes de l'internet, standardisée dès l'origine du réseau et dont l'usage initial -permettre des conversations- a été depuis largement détourné pour faciliter l'échange de contenus pirates. Problème, les newsgroup n'étant pas initialement fait pour accueillir du contenu en quantité, le transfert de celui-ci doit se faire par l'intermédiaire de plateformes d'accès, qui vont adapter le contenu, de sorte à ce qu'il soit simple à identifier et à télécharger. La qualité et la diversité des contenus qui s'y trouvent est tout simplement incroyable. Pratiquement rien n'en est absent ; et tout nouvel utilisateur est proprement stupéfait de voir qu'un monde de contenu illégal semble prospérer sans être vraiment inquiété. Avec Hadopi cependant, les fournisseurs de newsgroups ont commencé à comprendre que leur activité ne passerait pas au travers des mailles du filet -le législateur ayant jusqu'à peu négligé de s'intéresser à cette spécificité de la structure de l'internet, particulièrement pourvoyeuse de contenus illégaux- les agrégateurs de newsgroup ont totalement restructuré leur offre. En premier lieu, ils codent l'ensemble du traffic en SSL, ce qui rend totalement impossible d'investiguer ce que contient leurs flux. Il est à noter que ce cryptage, en 256bits, n'est pas neutre pour eux, leur imposent de "re-processer" l'ensemble des flux alors qu'ils se contentaient de gérer l'adressage de ceux-ci auparavant. 

Les VPN
Les liens sponsorisés promouvant des VPN semblent également fleurir ces jours-ci. Un VPN est un serveur, généralement situé à l'étranger, sur lequel tous les contenus illégaux d'un internaute donné -issus du P2P par exemple- vont arriver. L'internaute ne pourra pas être attaqué pour ensuite télécharger des contenus depuis son VPN dans la mesure ou ces échanges sont réalisés entre deux points qui lui appartiennent.  De surcroît, les liaisons entre le VPN et son ordinateur peuvent-être et sont généralement criptées. 

Illegal streaming
De même, le streaming illégal semble être devenu plus que populaire ces derniers mois : un site, que nous ne nommerons pas, a connu la plus forte croissante dans le top 50 des sites consultés depuis la France. Des sites, généralement situé dans l'ex-bloc soviètique, offrent des très larges catalogues de films, en qualité high-def, pour quelques euros par mois. 
Ces offres restent toutefois très faciles à détecter, et ne devraient pas être trop difficile à bloquer. 

P2P et direct download
Ces solutions sont en constantes évolution, le cryptage y est depuis longtemps la norme, et leurs offres évoluent aujourd'hui entre VPN, fragmentation des fichiers, double masquage des fichiers (j'émets 1000 fichiers Word, en fait un film), etc. Il est important de comprendre que les acteurs qui ont conçus ces offres P2P sont généralement les développeurs les plus doués de leurs génération. Le contournement des censeurs est donc un facteur d'émulsion sans limite pour eux et il faut bien reconnaître que l'ensemble des contre-mesures évoquées plus haut, rendent la riposte difficile. 

En conséquence, Hadopi, qui paraissait au départ principalement taillé pour lutter contre le P2P en s'en prenant au consommateur final, semble avoir un discours en évolution. Des mesures directes, à l'encontre des fournisseurs de solutions illégales, sont de plus en plus souvent envisagées. 
De même, il nous semble plus que probable qu'on en vienne un jour à traquer les utilisateurs par leurs comportement. Avoir un trafic de plusieurs Gigabites sur une ligne ADSL privé est un indice à peu près certain que quelqu'un est en train de télécharger ou streamer un film. La question reste de savoir si ce téléchargement est légal. Dans un monde certes un peu Orwelien, on pourrait imaginer que tout mouvement de fichier qui n'est pas fait de ou vers un fournisseur de contenu agréé puisse être déclaré suspect (i). Bien qu'avant d'en venir là, il y ait heureusement des solutions alternatives, il faut être naïf pour penser que le "comportement" d'une ligne ADSL ou cable ne devienne rapidement, si ce n'est un élément de preuve, un indice à charge ou à décharge pour confirmer ou infirmer une condamnation.

La réussite de la mise en place d'Hadopi demandera donc certainement une bonne compréhension des technologies en jeu par les hauts-fonctionnaires chargés de mettre en oeuvre les mesures coercitives, mais également beaucoup de sens pédagogique et un bon doigté pour éviter un comportement un peu trop intrusif, qui serait légitimement condamnable. 



(i) Dans un monde encore plus policier, on pourrait très bien imaginer qu'Hadopi soit doté d'un service action... Amusant non?


crédit image (magnifique) www.musictime.com

mardi 16 février 2010

les meilleurs succès des technologies musicales...


TPS_L2.JPGAprès avoir parlé en mal de l'industrie de la musique, il est temps de faire amende honorable et d'évoquer quelques uns de ses meilleurs succès. Ceux-ci, par définition même, sont raisonnablement plus connus que ses échecs... et c'est pourquoi certains de ceux-ci, comme la radio, sont des évidences. On ne vous parlera donc pas de l'inventeur Marconi, ni même de Emile Berliner, qui a inventé le Gramophone, conscients du fait vous ne lisez pas ce blog pour prendre des leçons d'archéologie... Mais en revanche, nous vous parlerons volontiers de cinq inventions et inventeurs qui ont marqué ces trente dernières années. 

Walkman: le premier, c'était le TPS-L2, de Sony, dont la commercialisation a débuté au Japon le 1er juillet 1979. C'était l'époque ou Sony détenait à peu près la même place que Apple dans notre imaginaire collectif de consommateurs. Le produit prend rapidement un statut d'icône identique à ce qu'est l'Ipod (ou l'iphone) aujourd'hui. Sur une période d'une dizaine d'année, Sony en aurait vendu environ 250 millions, une performance incroyable pour l'époque, surtout lorsqu'on réalise que c'est plus que le nombre d'Ipod vendu par Apple depuis son lancement, soit depuis 9 ans. 

Dolby: la société a été créée en 1965 par Ray Dolby. Il lui a fallu tout de même dix ans pour mettre au point son format, sortie en 1976 et qui fut tout de suite un must tant il permettant aux cassettes, qui avaient alors un son déplorable, de faire jeu égal avec le vinyl... Peu de chiffres sur le nombres d'unités dolby installées, mais un bon indicateur reste la fortune de M. Dolby, estimée par Forbes à 2,7 milliards de dollars en 2007 par Forbes. A dix euros la licence (ce qui semble démesuré), on peut au moins être certain qu'il en a vendu plus de 270 millions d'unités. Dolby Laboratories a décliné son format en de nombreux produits -Dolby B, SR, Surround, Pro Logic, etc. -. Sa technologie est récemment revenue en vogue avec le home cinéma. 

mp3: nous avons déja conté l'histoire du mp3 dans ces pages. En résumé, c'est un format qui va sur ses vingt ans. Il a été licencié en si grand nombre qu'il est impossible d'en donner une estimation. Un petit repère cependant, Forrester a estimé que rien que sur l'année 2009, 700 millions de téléphones mobiles ont été vendus "mp3 enabled" ; on peut en conclure que ce format a donc déja été intégré plusieurs milliards de fois dans différents produits... Il est peu probable que chaque mp3 fasse l'objet d'un paiement de licence. On estime que Thomson, un des détenteurs des brevets du mp3, collecte entre 20 et 50 millions d'Euros par an, de ce format et de ses dérivés. Les inventeurs sont trop nombreux pour être tous cités ; celui qui semble avoir été le leader du projet est le bon Professeur Karlheinz Brandenburg, régulièrement présent au Midem. 


l'iphone/Ipod : trop d'information circule sur l'invention de l'Iphone, de l'Ipod. Nous ne pouvons pas ne pas vous recommander la lecturede l'article de Wired "inside Look at Birth of the Ipod". On y apprend entre autres, que le project leader travaille à présent pour... Microsoft. Dans un autre article de la même revue, on y apprenait également que la carrosserie métallique de l'Ipod provient du design d'une boite à asticots pour la pèche ! Le crédit en revient largement à Steve Jobs, mais également à Tony Fadell et Ben Knauss, qui ont eu, eux, les doigts dans le cambouis, ou plutôt les composants. 


la Playlist: et bien oui, il fallait bien que quelqu'un l'invente ; et c'est Winamp qui en a intégré une le premier dans son player... Avant? et bien on n'écoutait pas de musique sur son PC et... les playlists n'existaient pas. Il faut donc rendre crédit à cet inventeur méconnu, dont nous bénéficions tous les jours que dieu fait de la qualité pratique de sa petite astuce. l'inventeur de la playlist reste cependant anonyme. 

les meilleurs flops technologiques de la musique






scopitone1.jpgCertain pourraient nous reprocher de tirer sur l'ambulance -ce dont nous nous défendrions- mais on ne peut pas faire une chronique sur la musique et la technologie sans citer les flops les plus retentissants qu'ont connu cette industrie...
En voici donc quelques uns. Il en manque sûrement, mais c'est toujours amusant...

Le Scopitone : inventé en 1960 par un français, Le Scopitone est un juke-box qui diffusait des clips videos dans les bars et autres lieux de divertissement. Sans doute justement parce qu'il était français, cette invention au design élaboré ne dépassa pas les frontières de l'hexagone... On trouva des scopitones jusqu'au milieu des années soixante-dix dans certains bars, mais la complexité de l'appareil le rendait particulièrement sensible aux pannes. Les scopitones en bon état sont de plus en plus rares, et seuls les bons fouineurs parviennent parfois à en trouver sur ebay ou dans des puces ; compter tout de même plusieurs milliers d'Euros plus les films.

Le Laserdisc : lancé peu avant le CD, le Laserdisc était sensé amener une qualité video inégalée ; son promoteur et constructeur -Philips- y voyait un produit idéal pour vendre des videoclips et des enregistrements de concerts. Très vite décrié en raison de son encombrement, de son absence de possibilité d'enregistrement (à la différence de la VHS), le Laserdisc sera finalement retiré du marché au bout de seulement 2 ans.

mp3.com : lancé dans l'exubérance de la bulle internet, mp3.com avait un business model assez simple. Toute la musique en download, sans se soucier de savoir à qui elle appartenait. Ca n'a pas fait plaisir à tout le monde ; mais contre toute attente, Michael Robertson n'a pas fait un jour de prison et a revendu sa création près de 375m de dollars à notre ami J6M (Jean-Marie Messier), patron de Universal ; cocorico. Il y aura au moins une major qui aura pardonné à Michael le fait d'avoir été le premier à ouvrir la brèche du piratage sur internet. mp3.com sera fermé peu après l'éclatement de la bulle, en 2001. 


DRM : sensée protéger les oeuvres musicales de la copie et donc du partage, la DRM fera l'objet d'âpres batailles entre Intertrust, Microsoft et d'autres groupes comme Bertelsman. Il serait trop long d'en raconter l'épopée ici, si ce n'est qu'en résumant que ces batailles industrielles ont finalement échoué, constatant que les consommateurs n'étaient pas prêts à payer pour un contenu qu'ils pouvaient avoir par ailleurs gratuitement et sans limitation de droits.
Sur la musique, la DRM est donc un échec. Elle reste néanmoins très utilisée dans le domaine de la video, sécurisant assez efficacement DVD, BluRay et surtout VOD.


Sirus : ça n'est pas encore un échec, mais ça n'est pas passé loin. En 2002 est lancé le satelite sirius (pour ceux à qui ça aurait échappé, lancer un satellite est un peu plus compliqué que lancer une start-up...). l'idée est de proposer un bouquet de radios hifi, grace à un satellite géostationnaire (d'ou le nom) et à des autoradios spécifiques. Tout s'annonce bien ; un partenariat avec Hertz est créé, le buzz est énorme,  la qualité sonore est au rendez-vous et, cerise sur le gateau pour les US, il n'y a pas de pub.  Huit ans plus tard, c'est plus morose... obligé de fusionner avec son concurrent XM, et avec seulement 19 millions d'abonnés -ce qui n'est déja pas si mal, car chacun paye en moyenne 9$- alors que son plan d'affaire en prévoyait plus de 60 millions, le site a du se mettre en Chapter 11 (une sorte d'administation judiciaire) durant une longue période. En rémission, mais toujours succeptible d'une rechute, sa santé est suivie avec inquiètude par... ses clients, qui jurent que c'est le meilleur service par abonnement qu'ils n'ont jamais connu. 

PressPlay / Musicnet... Dès 2000, les patrons de maisons de disques sentent qu'ils sont en train de louper quelque chose ; ils ne profitent qu'à la marge de cette vague de l'internet, qui vient d'ailleurs dangereusement leur lécher les pieds, voir emporter boués et sacs de plage. BMG, EMI, Warner Music et quelques indépendants créent alors Pressplay, destinée à devenir une sorte de Itunestore en ligne... Et de leur coté, Universal et Sony créent MusicNet, son concurrent. 
Quelques centaines de millions de dollars plus tard, force était de constater qu'on ne s'improvisait pas patron de start-up à coup de dollars. L'échec fut absolu et allait dammer la route à Itunes. Un naufrage sans contrepartie, qui invite à méditer sur la raison d'être des start-up. 

Les sonneries de téléphones : succès puis échec en fait. Ce sont des outsiders (des bidouilleurs de mobiles) qui ont lancé ce truc et à la décharge de l'industrie musicale, elle y était plutôt opposée. Reste que ça a plutôt marché. On dit qu'en 2004, le marché est monté jusqu'à 3,5 mds de dollars, globalement. Certains acteurs avisés appelaient cela un "pins market" (ces trucs horribles qu'on portait à la boutonnière dans les années 90) et ils n'avaient pas tort. Le marché a presque disparu, et n'aurait rapporté en France que 20 millions d'Euros en 2009. 

PeopleSound.comPeopleSound: L'idée était de fonder la 6ème major, mais depuis Internet... Tout était verticalement intégré, la découverte de talents, le management d'artistes, la distribution et la vente. Brillant sur le papier, sauf que... Ca n'a pas marché. PeopleSound a finalement fusionné avec Vitaminic, elle-même fusionnée avec Biongorno (vous suivez?)... Le tout existe toujours, mais... sans Vitaminic ni PeopleSound.

Francemp3: crée début 2000, dans l'euphorie de la bulle internet, Francemp3 commence par lever 25 millions de francs et se lance dans une campagne massive de recrutement. Sa vie aura été aussi flamboyante que brève, Francemp3 ferme après deux années d'activité. 

Mais elle tourne toujours ! 



dimanche 14 février 2010

Ma petite entreprise ne connait pas la crise.


Ca n'a frappé personne? Vous n'avez pas remarqué que lorsque l'on rentre dans un centre commercial, il est difficile de ne pas y trouver un magasin d'instruments de musique? 

Tandis que le monde de la musique enregistrée ne cesse de compter les années de crise, celui des fabricants et marchands d'instrument semble en plein développement. Interrogé, un marchand de la rue Blanche à Paris qui fait ce métier depuis 30 ans nous déclare "il y a vingt ans, on vendait quelques instruments, beaucoup plus chers, maintenant on vends beaucoup beaucoup plus, mais un peu moins cher [] et c'est vrai qu'on a jamais vendu autant que ces derniers temps". 

Long tail effect?
Une des façons de voir ça consiste à se dire que finalement on n'a jamais autant écouté de musique et on n'en a jamais autant partagé, grace ou à cause de l'internet et des payers mp3. Il n'est pas anormal que certain aient envie de sauter le pas et prennent le manche en main. En conséquence, une nouvelle catégorie semble apparaître entre pro et amateurs : les musiciens promateurs, qui parviennent à produire un petit album, distribué par les amis et la famille. Parions que cette catégorie est un peu plus importante que l'on le pense ; il suffit pour cela de voir le niveau de qualité auquel parviennent de petits groupes de lycéens, que l'on peut écouter sur Myspace. 

7 millions d'amis
Une étude datant de quatre ou cinq ans (il nous semble nous souvenir qu'elle provenait de l'IFOP) évoquait le nombre de 7 millions de musiciens amateurs, c'est à dire jouant plus d'une fois par semaine, en France. Ce chiffre est, en proportion, un peu en retrait du chiffre américain (National Association of Music Merchants) qui évoque lui 62 millions de musiciens amateurs, sur une population du 300 millions de personnes, soit un sur cinq là-bas contre un sur huit chez nous. 

My Music Instruments Retailer is Rich
Il ne semble malheureusement pas exister de chiffre fiables concernant les ventes d'instruments (la France ne paraît pas avoir d'équivalent de la National Association of Music Merchants), mais faisons tout de même une petit hypothèse... Si chacun des 7 millions de français qui font de la musique dépensent en moyenne, disons 100 euros par an (en partition, corde de guitare, lubrifiant à trompette, etc)... cela fait tout de même un marché de 700 millions d'Euros, soit beaucoup plus que celui de la musique enregistrée... 
Par mal non? 
Il est donc assez curieux que ce marché soit aussi fragmenté. il n'existe aucune chaîne de vente d'instruments (à notre connaissance) et il semble y avoir encore moins d'offre sur internet pour essayer de créer des revenus récurrents avec ces musiciens du dimanche. 
Zimbalam.fr semble être l'un des rares à essayer de proposer des outils pour les artistes en développement. L'idée que nous avions développé dans ces lignes, concernant une offre totalement online de fonctionnalités de studio d'enregistrement, (une sorte de photoshop de la musique dans le cloud) n'existe toujours pas. Il y a pourtant un marché de plusieurs centaines de millions de personnes sur terre ! 
C'est d'autant plus curieux que dans ces domaines, les marges sont significativement plus élevées que lorsqu'on est un distributeur en ligne, coincé entre les maisons de disque, les publishers, le Search Engine marketing, les coûts de bande passante, etc. 

Avis aux amateurs et longue vie à eux, donc... 

jeudi 11 février 2010

La fin du modèle gratuit?


Nombreuses sont, ces jours-ci les annonces de fin du modèle gratuit.  Edgar Bronfman Jr (patron de Warner Musique) vient d'en dire autant de mal qu'il pouvait tandis que Spotify, qui cherche désespérément à entrer aux USA depuis cinq mois, bute d'après un négociateur proche du dossier, principalement sur ce point. 
Les Majors en ont assez du gratuit, et même du Frimium, combinant un produit d'appel gratuit, avec une offre plus qualitative, elle payante. 
Quel est la raison de ce revirement? Plusieurs études semblent avoir montré que beaucoup de consommateurs se satisfont plutôt bien des offres gratuites telles qu'elles existent. Ces études mettent en avant un point plus ennuyeux pour les maisons de disques ; le gratuit renforcerait auprès des consommateurs l'idée que la musique ne se paye plus. 
Jusqu'à présent, les majors l'acceptaient à peu près. Ce qui aurait déclanché le feu au poudre serait, justement, la tentative de lancement aux USA de Spotify. Warner et Sony Music se seraient alors rendus compte que ce type d'offre était réellement en train de se généraliser et qu'il était temps d'y mettre un hola. Un Consultant, qui travaille directement pour  E. Bronfman, auquel nous avons parlé récemment, commente ainsi "on travaille toute la journée pour recréer de la valeur aux contenus et ces gars là font exactement le contraire ; Edgar en a juste raz-le-bol, son business n'est pas de faire vivre les start-up mais d'avancer de façon cohérente dans une direction". 
Même les offres qui consistent à proposer de la qualité sonore réduite, mono par exemple, n'emportent qu'une adhésion plus que limitée "c'est gratuit ou c'est payant ; et notre métier c'est de vendre la musique". 
Selon cette même source, "le but n'est pas de tuer ces start-up, mais de réorienter leurs business model de la musique dans la bonne direction, et on tient le manche"... avis aux intéressés. 
Mais le vrai reproche que les majors font à ces même start-up c'est de ne pas avoir respecté leurs promesses concernant les taux de conversation du gratuit au payant. Problème, aucun chiffre n'est connu. Spotify a évoqué au Midem un taux de conversion de l'ordre de 4%, ce qui, si l'on en croit le livre de Marc Andersen -- Free --  se situerait plutôt dans le haut de la fourchette des taux constatés sur les offres "fremium". Ca n'est pas pour autant satisfaisant pour les maisons de disques, qui aimerait bien revenir au temps ou chaque foyer français achetait 3,2 disques par an, pour des montants signifitifs, avant que les prix ne commencent à baisser. 

Il semble donc que Spotify ait du souci à se faire, même si ils continuent d'afficher leur confiance sur le fait que les négociations puissent aboutir prochainement concernant leurs lancement aux USA. 

Petite consolation cependant, EMI vient de licencier son catalogue à DailyMotion... ce qui montre bien que les maisons de disques n'ont pas encore vraiment accordé leurs violons sur ce qu'il convient de faire pour avancer de concert... 


mardi 9 février 2010

Interview du Journaliste Emmanuel Torregano : Sawndterview #17



Emmanuel Torregano est le fondateur de ElectronLibre, le site qui est à l'origine d'un certain nombre de scoop, principalement dans le domaine d'internet et des nouveaux médias. Nous avons tenu à avoir son témoignage dans Sawnd, bien que son activité soit un peu éloignée de celle du monde de la musique, d'une part en raison de son point de vue original sur l'industrie, mais aussi parce qu'il a été au coeur de la polémique lié aux récentes évolutions du management de Deezer.
Emmanuel est de formation "philosophie", et il a longtemps été journaliste à la section Media au Figaro Economie. Sa capacité à accéder à des informations privilégiées et sa compréhension du monde de l'économie l'on finalement poussé à voler de ses propres ailes et à fonder Electron Libre en février 2008.


Commençons d'abord par cette histoire de Deezer : le 21 janvier, tu révèles que le CEO, Jonathan Benassaya, est en passe de se faire débarquer et que la société pourrait être mise en vente. Jonathan n'a pas été débarqué, mais un nouveau CEO a effectivement été nommé. Scoop ou Flop?
Scoop, à l'exception près que l'info était aussi dans la tribune du jour, ce que j'ignorais, je n'y suis pas abonné, et il n'y avait rien non plus sur [GoogleNews]. Ce que j'ai publié était exact à l'heure où je l'ai publié. J'ai ensuite acquis la certitude que le scenario écrit par les actionnaires de la société et que j'avais publié (dans les papiers qui ont suivi lors du Week end du Midem) a subitement évolué lorsqu'ils ont compris les dommages que cela pouvait faire si mes informations se confirmaient. J'ai effectivement été largement attaqué dans cette affaire. Pourtant, je pense n'avoir rien à me reprocher ; j'ai utilisé la même rigueur dans le traitement de mes sources que lorsque que j'étais au Figaro. Je m'amuse finalement de constater qu'une information juste, publiée sur ElectronLibre est incomparablement plus attaquée que lorsque la même information l'est dans le Figaro. Pourtant, encore une fois, la rigueur de traitement et de recoupement et totalement identique et, je le répète, mes informations étaient exactes au moment où elles ont été publiées.

Donc ton scoop, initialement juste, est devenu faux, à cause de sa publication??
Oui, et cela a été confirmé par mes sources. L'agressivité de certains des actionnaires de Deezer à mon égard n'est qu'une confirmation de plus que j'ai tapé juste.
J'ai d'ailleurs été mis au courant du revirement de situation assez rapidement. Et je continue d'ailleurs à disposer d'informations très privilégiées sur Deezer, comme sur de plusieurs autres sociétés du secteur.


Ton regret dans cette histoire?Je n'en ai pas beaucoup. Je regrette d'avoir été attaqué injustement. Et que certains ne comprennent pas que le métier de journaliste comporte une composante "risque". Notre métier n'est pas d'avoir raison, mais de rendre compte de la complexité inhérente à ce genre d'affaire. Ensuite, que l'on soit pris dans le tourbillon, et d'observateur transformé en acteur, c'est un impondérable. L'information sur Internet est comme la physique quantique, observer c'est modifier l'objet de cette observation.

Passons à un autre sujet, dans quel état te semble l'industrie de la musique?La musique est un marché plus vaste qu'on ne le croit. Il ne faut plus seulement regarder les ventes de CD et se désoler qu'elles chutent encore et encore. Au contraire, le signe d'un marché de la musique en bonne santé, c'est le renouvellement des supports : soit la disparition du CD comme support de masse par le téléchargement, ou tout autre exploitation dématérialisée. Aujourd'hui le marché de la musique, s'étend des plateformes de téléchargement, aux sites de stream, en passant par le Web 2, ou encore les réseaux de blogs. Le triptyque : maison de disques, magasins, radio a vécu. Il est en phase terminal. La musique a un avenir plus grand, plus beau, plus fort, je serai tenté de dire...

Tu es un fin connaisseur du monde des start-ups, qu'est ce qui t'intrigue le plus en ce moment, dans celles qui sont liées au monde de la musique?Je vais mettre les pieds dans le plat tout de suite : les start up ont-elle une vision correcte du marché ? Pas certain. Je vois les choses ainsi, actuellement une plateforme est en train de devenir incontournable, et même pire omniprésente : iTunes. Il n'y PAS d'autre canal de vente sur le dématérialisé. C'est un fait, on peut le regretter, argumenter contre, on aura tort. iTunes a gagné. C'est simple, hier la musique réalisait du biz avec un mono-support, le CD, aujourd'hui, c'est sur une marque : iTunes. Le reste ce sont des broutilles, et souvent pas suffisamment pérennes. Bref, dans cette situation, les innovations doivent s'inscrire dans l'éco-système entretenu par Apple autour de la musique pour être viables. Ce que ne font peut-être pas assez les start up du moment. Et pourtant, il y a du champ libre... Ainsi, iTunes est centré sur un aspect des choses : l'acte d'achat. Aux start up d'investir tout le reste : CRM, marketing Web, App, management de fans, story telling, etc. Il y a la place, mais il faut bien se dire que dorénavant tout cela se fera sous l'ombrelle d'Apple. Et d'ailleurs n'y a-t-il pas un problème de concurrence ? iTunes bénéficie d'une position dominante dans plus de 20 pays. Que faire ? Attaquer ? Avec le risque de tuer la poule aux oeufs d'or ? C'est aussi l'argument qui avait été utilisé par Microsoft il y a 20 ans ! On sait ce qu'il advint depuis...

A ton sens, quelle sera l'évolution la plus spectaculaire ?
La montée en force du download, l'explosion des formats qualitatifs et la révolution de la production musicale. J'aborde ce sujet dans le livre "vive la crise du disque". La position de l'artiste est remise en question avec internet. Il n'est plus, et ne sera plus, avant longtemps, la vache sacrée de l'industrie du disque. C'est la fin d'une histoire. Celle de l'"auteurisme". La musique va redevenir ce qu'elle est avant tout, un média pour les émotions et les sentiments, et pas une expression de l'art pour l'art.

Dans le monde de la presse, comment vois tu les choses évoluer?Je vais être là aussi radicale. Il y a selon moi deux problèmes. En premier lieu, les pure-players de l'information sont sous capitalisés. Et ce n'est pas bon pour l'expression de la diversité de l'information. Comprenons-nous bien : l'information est une guerre. Une vraie guerre. Elle est un instrument important du pouvoir, quel qu'il soit. Cela a commencé dans les années 70. Voir pour ça des films incroyablement lucides comme "les trois jours du condor". A la fin du film, Redford croit avoir fait le plus dur, en donnant l'histoire à la presse, mais non... C'est très pessimiste, mais aussi forcément réaliste. Dans ce contexte, il y a un second problème : la paupérisation du métier de journaliste. Il faut bien comprendre que le journaliste gène. A moins d'être très médiatisé, d'être un symbole, une icône, mais dans ce cas, il est de lui-même neutralisé par le pouvoir, son propre pouvoir de parole.
Dans cette situation, il va falloir être très rusé, et grossir sur le réseau sans alarmer la bête ! Sans agiter les "grelots de Cyber" (attention jeu de mots).

Merci Emmanuel ! .

lundi 8 février 2010

être un artiste en 2010...

Lors du Midem, nous avons assisté à de nombreux débats sur la "juste place" d'un artiste en 2010. Certain souhaitent les enfermer loin de toute tentation technologique, sur le plateau du Larzac, avec leurs potes musiciens et leur guitare, tandis qu'à l'autre extrème, nombreux sont ceux qui ne peuvent plus concevoir que les artistes ne twittent pas au moins 10 fois par jour, soient sur FourSquare, managent eux même leur communautés de fans, et tutti quanti.

Et, il faut avouer que le spectre d'expériences rencontrées n'aide pas à se faire une conviction... Entre la rockeuse Noush Skaugen, qui a (accrochez-vous) 1,244,000 followers sur twitter, un site à son nom particulièrement bien tenu, des pages sur Facebook, Myspace, et d'autres -dont nous tairons le nom-, qui n'ont absolument rien, il y a un monde, parfois sans qu'il n'y ait une génération, ni même une seule année d'écart.

Le point de vue de ce post n'est pas de juger ce qu'il convient de faire pour être un bon artiste, mais de ce qu'il conviendrait sans doute de faire pour exister un minimum et, disons-le abruptement, augmenter son efficience commerciale. De surcroît, ces recommandations sont nuancées en tenant compte du fait que les artistes peuvent avoir des status très différents, de l'un à l'autre. Nous connaissons un Alto des "Arts Florissants" qui travaille 10h par jour. Autant dire qu'il n'a sans doute que peu envie d'aller gérer sa page facebook à la fin de sa journée. Et par dessus le marché, une certaine catégorie d'artistes conçoivent leur travail comme une ascèse au cours de laquelle une activité de ce type est en contradiction nette avec leur art.

Cependant, pour ceux qui souhaitent être au fait de ce qu'il se pratique aujourd'hui, voici quelques observations.

Les sites communautaires: longtemps encensés pour leur capacités à agréger les fans, les sites communautaires -facebook compris- sont de plus en plus remis en cause en raison de leurs dispersions et du temps qu'il est nécessaire d'y consacrer. Même si en France, la notoriété en a pris un coup (assez rude), Myspace reste, au niveau mondial, la référence en matière de musique, avec plus de 6 millions de comptes d'artistes. loin, très loin devant facebook, dont les fonctionnalités ne sont pas faites pour les musiciens.

Les sites B2B, du type Ioda, the Orchard, ou Believe font le travail qu'un artiste ne peut que difficilement faire : aller signer avec chaque plateforme pour se distribuer. Ils prélèvent une part conséquente des revenus, mais mieux vaut des revenus que pas de revenu du tout. ces sites multiplient les fonctionnalités et devraient devenir des outils incontournables pour les artistes.

Youtube: il faut le rappeler ; un tiers du trafic internet mondial est dû à Youtube, site qui est totalement indexé par google.com . Même s'il ne s'agit pas d'un support très qualitatif, le laisser de coté revient à négliger une part de voix significative.

Twitter: est devenu une sorte de phénomène -incontournable- pour les artistes également. il n'y a qu'à voir le nombre de stars qui l'utilisent quotidiennement pour s'en convaincre. Le site est comparé, aux états-unis à une drogue dure par Rolling-Stones, tant il parvient à créer un lien fort entre les artistes et leurs fans. Recevez chaque jour, en direct de chez elle, la pensée lumineuse de Alicia Key, ou mieux encore de Britney Spears... C'est un peu moqueur, mais n'en est pas moins d'une puissance incomparable. Foursquare, un peu dans le même principe, reste trop jeune pour qu'il soit possible de juger de sa pertinence... Si un artiste ne devait s'approprier qu'un seul outil, il nous semble que cela devrait être celui-là.

Et sinon... Bien entendu, chaque artiste pourrait développer son site à son nom, y intégrer de la vidéo, de l'e-commerce, etc. Ceci nécessiterait cependant des moyens considérables à cette échelle.
Il existe également de très nombreux autres sites et modèles. Nous en parlons régulièrement dans ce blog. L'usage de l'un ou de l'autre dépend de l'activité propre à chaque artiste. Il n'en reste pas moins vrai qu'il nous semble qu'un artiste se doit, aujourd'hui, d'être à minima conscient de cet univers virtuel et, tout comme il choisit les salles où il parait, décider des outils et plateformes qui vont assurer sa visibilité sur Internet.

vendredi 5 février 2010

Rien de pire que la musique?



La question est venue au dessert : est-ce qu'il existe un domaine pire que la musique pour placer son argent? 
Notre interlocuteur, un ancien directeur d'une banque d'affaire, soutenant, avec un certain talent, que les gens qui investissent d'une manière ou d'une autre dans la musique ne le faisait que par passion et qu'il ne pouvait être question d'une approche rationnelle. Nous en avons beaucoup débattu, et voici en synthèse ce qui nous a semblé intéressant de retenir. 


Investir dans la production: 
C'est une question de profil, mais aussi de nerf... Il faut non seulement avoir le talent de pouvoir détecter un artiste, mais être capable de tenir dans le temps. La leçon la plus courante c'est qu'il faut parfois être disposé à perdre de l'argent sur un, deux, voir même trois albums avant de connaitre un certain succès. A été cité en exemple Amadou et Mariam, signés dans plusieurs maisons de disques, et n'ayant jamais vraiment connu de grand succès avant de croiser le chemin de Deburtel et Because. C'est un exemple mais il en existe beaucoup d'autre. La production est sans doute le domaine le plus difficile de tous, de notre humble avis. 
Les modèles de co-production par internet doivent eux, faire leur preuve... 


La distribution: c'est assez mitigé. Monsieur Pinault vend la Fnac et Virgin ne se porte pas vraiment mieux... Investir dans la distribution physique relève plus ou moins du suicide organisé, et tout le monde est intéressé de connaitre les noms des repreneurs de ces enseignes... 
En revanche la distribution digitale représente une réelle opportunité. Il suffit de voir la vitessse à laquelle des  sociétés comme Believe se développent pour s'en convaincre. 


La Scène: Elle a été en recul en 2009, malgré tout ce que l'on en disait (bien portante, etc.), de surcroît, les marges dans ce domaine sont très faibles. Il se dit que les tourneurs des grandes salles ne rentrent dans leur frais qu'à condition de remplir les fauteuils à plus de 80, voir 90%... Ce serait d'ailleurs une spécificité française, les allemands et les anglais n'hésitant pas à dépenser beaucoup plus d'argent pour le Live. 


Placer ses sous dans une start-up:  C'est une très bonne idée, mais il faut bien la choisir. Cela relève d'une expertise un peu semblable à celle du Tiercé. Il faut connaitre les chevaux, les entraineurs, et même ainsi on ne gagne pas toujours dans l'ordre. Par respect pour la douleur des proches, nous n'évoquerons pas les noms de morts... Ceux qui sont ont retrouvé leurs sous ne sont pas légions. 


Ou dans du publishing: c'est un travail de longue haleine, puisque cela revient à être le premier à s'investir avant même que le titre n'existe ailleurs que... dans une partition. La particuliarité de ce business est qu'il rapporte des décénies durant. L'entrepreneur Xavier Niel et la division publishing de Because ont ainsi racheté le catalogue de Claude François -contenant la mythique chanson "My Way" assurés qu'ils sont de confortables revenus durant encore une trentaine d'années. La rumeur parle d'un montant de l'ordre de 4 millions d'Euros pour un rendement d'environ 10% l'an. 


Ou encore dans de petites astuces réglementaires... qui a noté que les pouvoirs publiques envisagent de relever les redevances que paient les commerçants pour diffuser de la musique par presque trois ? Ca va certes enrichir la Sacem, mais ça pourrait également faire le bonheur de sociétés (malheureusement en situation difficile) tel que Jamendo, qui offrent à ces mêmes magasins des flux musicaux provenant de catalogues hors sacem et donc moins chers... 


Vendre de la musique sur internet: pas évident, tant les problèmes de Deezer, Spotify, et de nombreux autres semblent difficiles à surmonter. Cependant, s'il existe un point d'entrée favorable, c'est certainement aujourd'hui. Que l'on y soit favorable ou non, la crainte du gendarme devrait, avec Hadopi, significativement faire baisser la piraterie et être donc très bénéfique aux fournisseurs de contenus. Reste à avoir la bonne formule. 


Faites vos jeux... 









lundi 1 février 2010

interview de Fabrice Nataf CEO de EMI publishing. Sawndterview #16


Fabrice NatafFabrice Nataf est un personnage assez central de l'industrie de la musique. Patron de EMI publishing depuis 2001, il a un regard particulier sur l'industrie aussi car il était auparavant le DG de PeopleSound, un site web qui restera dans les anales pour avoir essayé d'être à mi-chemin entre  MyMajorCompany et MP3.com... 
Le fait qu'il ait été patron de label -Disque Vogue- ne rend son parcours que plus complet. Fabrice à une langue bien pendue, ce qui donne un petit vernis très sympatique à son interview. 



Fabrice, ca fait combien de temps que tu es à la tête de EMI publishing en France?
Ca fait presque 9 ans. t c'est toujours un immense plaisir malgré la sinistrose ambiante et la tempête que traverse l'industrie du disque. Vu que tout le Monde est plus ou moins dans le brouillard,
chaque projet est important, chaque innovation est intéressante et les dizaines de business models qui arrivent depuis quelques temps dans la musique montrent déjà une chose : il n'y a pas de crise dans la créativité. De toutes façons, aujourd’hui, nous sommes condamnés à la créativité.

Peux tu nous expliquer en deux mots comment tu résumerais EMI Publishing par rapport au marché français?
En 2 mots, très facile: - LES - MEILLEURS - [ :-) NDRL]

Comment vois tu l'industrie du publishing évoluer ces derniers temps ?
L'industrie du Publishing a été plus protégée que l'industrie du disque depuis le début de la crise. D'abord parce que les droits mécaniques ne concernaient seulement que 60% de notre chiffre d'affaire, et aussi parce que de nombreuses utilisations de la musique (depuis 5 ou 6 ans) concernent plus les chansons que les titres enregistrés par les artistes originaux (ringtones, jeux vidéos comme Guitar Hero, Karaoke, reprises de titres dans les émissions comme Star Ac ou N'oubliez pas les paroles), etc…) enfin parce que l'industrie du Live se porte plutôt bien.
Il n'est pas rare aujourd'hui de voir un artiste qui a vendu seulement 25 000 albums remplir l'Olympia, ce qui n'était pas envisageable il y a une dizaine d'années.
Aujourd’hui, le Publishing est au cœur du métier : D’ailleurs, quand on signait un artiste il y a 5 ou 6 ans (un artiste non signé dans une boite de disque), sa première question était : Est-ce que vous pouvez me trouver une boite de disques. Aujourd’hui cette demande arrive en 5 ou 6éme position, juste après les questions suivantes :
"Est ce que vous pouvez m’aider à me faire connaitre sur internet (avoir une super page MySpace ou facebook) ?"
"Est-ce que je peux essayer d’écrire pour des autres artistes ?"
"Est-ce que je peux travailler en synchro, c’est à dire soit placer un titre sur une publicité, un film, soit composer une musique pour un film ou une fiction en télé) ?"
"Est-ce que vous pouvez m’aider pour trouver des concerts, un tourneur, etc…"
Le problème de la boite de disques se retrouve après toutes ces préoccupations.

Dans quel état te semble le monde de la musique en ce moment?
Pas terrible. Je sais que ce n’est pas super politiquement correct de dire ça sur le net, mais j’attends beaucoup de la loi Hadopi et il y a beaucoup de choses très bien dans le rapport Zelnik [ :-) X2 NDRL]. Même si l’industrie du disque (dont je fais partie) a inconsciemment fait beaucoup d’erreurs et a préparer une sorte de piste d’atterrissage très confortable pour la plupart des sites de téléchargement illégal ou pour le PtoP, je crois qu’on a touché le fond. Et que les métiers de la musique ont de très beaux jours devant eux.

Pour les maisons de disque, tu penses que le business va s'améliorer ou se dégrader?
Comme je l’ai dit dans la précédente réponse, je crois vraiment qu’à court ou moyen terme, les métiers de la musique vont repartir. Sous quelle forme ? J’imagine que plusieurs business models
vont se côtoyer (achats au titre, abonnement, streaming, financement par la publicité, marché physique, etc, etc…) mais il n’y aucune raison que la musique qui est quand même adorée par tant de monde voit toute son industrie sombrer.

Et pour le publishing?
C’est encore mieux pour le Publishing qui, comme je l’ai dit, a moins souffert de la crise que les boites de disques. D’ailleurs regarde les premiers signes qui ont touchés les maisons de disques :
(Radiohead qui vend son album sur un internet à un prix variable, Mc Cartney qui a signé avec Starbucks, Madonna qui signe avec Live Nation) tout ça a beaucoup plus touché le publishing que les maisons de disques traditionnelles qui ont vu des pans entiers de leurs chiffres d’affaire partirent chez d’autres.

Quel est leur plus gros défi à relever en ce moment dans le publishing ?
Arriver a à faire respecter coute que coute le droit d’auteur. Plus les sociétés d’auteurs seront fortes, plus les auteurs et les artistes seront protégés.
En France, la Sacem fait un travail exceptionnel à ce niveau.

Tu ferais quoi si tu étais un artiste?
Je passerai plus de temps sur mon MySpace ou en studio de répétition que chez mon avocat.
J’arrêterai de réfléchir comme un chef de produit et plus comme un artiste.
Et surtout j’éviterai de choper la grosse tête dés le premier disque d’or (et encore moins avant le premier disque d’or).
Et plus sérieusement, j’essayerai de constituer autour de moi, l’équipe qui (d’après moi) va m’amener au succès
(Manageur, tourneur, éditeur).

Quels sont les projets, les start-up qui t'intéressent le plus en ce moment?
Je suis très curieux de voir qu’est que vont devenir des modèles comme MyMajorCompany ou Deezer ou facebook. Pour facebook par exemple, c’est très bizarre de voir une société avec 350 millions de clients à travers le Monde perdre encore de l’argent. Non ?

Tes sites préférés?
A part des sites d’informations comme CNN ou Libération, j’aime beaucoup mobileroadie.com qui permet aux artistes de faire une application pour Itunes très facilement.
Sinon, je dépense beaucoup d’argent sur Itunes.

Est-ce que tu penses que la musique va rapidement évoluer vers une offre légale?
J’en suis certain.

A quel horizon?
Le temps que la loi Hadopi ait un effet considérable sur le piratage et que les propositions de Zelnick soient mises en place.

Quels sont les musiciens qui te semblent les plus innovants en ce moment?
Innovant, je ne sais pas. Les musiciens innovants ne sont pas forcément les plus intéressants.
J’ai adoré Amy Winehouse ou les White Stripes mais ce n’est pas forcément à eux que je pense si je dois donner des noms de musiciens innovants.
J’aime beaucoup un groupe qui s’appelle Bewitched Hands On The Top Of Our Heads. Je sais ils ont un nom impossible mais j’adore ce groupe.
Ils ont des vraies compositions et une énergie incroyable sur scène.
Sinon, la plupart des gens avec qui j’ai la chance de travailler tous les jours Gonzales, Keren Ann, Jay Z, So Called, etc…



Merci Fabrice !