lundi 19 octobre 2009

Futurologie de l'Internet au coin du feu

Il y a 48h, je lisais un article dans le FT écrit par quelqu'un de Samsung sur ce que la technologie modifierait dans notre vie de tout les jours d'ici 2020... Une traditionnelle tarte à la crème sur l'ubiquité des flux et contenus... Nous serions tous et tout le temps connecté jusqu'à en avoir la nausée, les contenus arriveraient comme des camions de 38 tonnes chargés à raz-bord dans notre tout petit portable avec écran 3D, etc.
En finissant cet article sans consistance, qui aurait pu être écrit dans les années soixante, je me suis demandé quel pourrait être VRAIMENT les impacts fondamentaux des technologies de l'information sur nos sociétés.
J'en ai parlé à quelques amis et il est très vite ressorti le fait que la notion de participation deviendra un élément crutial, peut être aussi important que l'invention de l'internet dans l'évolution de notre modèle de société.
Septiques? 3 concepts  :



1° L'expression systématique de la voix populaire dans le processus démocratique va devenir massive, à brève échéance. Explication: La semaine dernière à Londres, les parlementaires ont passé une loi, sous l'influence d'un groupe de pression qui s'est spontanément exprimé sur Twitter (article dans le même FT). On lit notamment qu'une partie des parlementaires ont cherché à s'extraire de la pression de l'Internet -twitter en l'occurence-. Cependant, il est difficile de nier que l'interaction, pour ainsi dire en temps réel, avec les électeurs, ne deviennent peu à peu une réalité. Le choix des sujets phares de la campagne d'Obama a ainsi été décidé au travers d'une très large consultation organisée par Internet. Il existe de nombreux autres exemples. Les travers qui sont reprochés à Internet par les parlementaires (réaction à chaud ; campagne pour la peine de mort des pédophiles lors de la révélation d'un évènement sordide, etc., orientation des résultats par des lobbies ; débordement de ces mêmes parlementaires par un flux constant de sollicitations, etc.) étant largement maîtrisables par la mise en place d'outils appropriés.



2° Les médias n'ont pas encore vécu leur révolution, ils pourraient pourtant connaitre une nouvelle ère de prospérité en modifiant radicalement leur processus de création de l'information. Les marques médias vont se spécialiser par thématiques. Explication : Le Daily Telegraph est le journal Européen dont la croissance est la plus forte (si d'autres parvenaient à croitre!). Ses journalistes ont vécu la révolution. Leurs seuls outils de travail sont désormais la Suite e-google ; ils sont installés dans une grande salle de presse, au mur un grand écran diffuse les Twits (flux d'information sur twitter) les plus populaires, dont ils s'emparent pour écrire leurs articles.
Un esprit conservateur, doublé d'un corporatisme efficace a jusqu'à présent empêché que de vraies réformes aient lieu. Internet est souvent décrié pour la faible qualité de ses informations. il n'en est pas moins vrai que Twitter est en train de supplanter de nombreux médias par sa pertinence structurelle. Son modèle est cependant largement perfectible et surtout réintégrable avec profit dans la chaîne de valeur des média. 


3°: La production de toute autre oeuvre de l'esprit (un plan d'urbanisme, d'une musique, d'un film, etc.) va recourir massivement à la participation d'experts et de moins experts. Explication : Eyeka, MyMajorCompany, mxp4, Wilogo... sont autant d'indices permettant de penser que bientôt, la participation des internautes dans la création d'une campagne video, la production d'un artiste, le mashup (remix) d'un musicien, à la production d'un logo, d'une oeuvre architecurale, d'un plan d'urbanisme, etc. sera forte. Après le e-Commerce il y dix ans, le commerce des compétences devrait être la prochaine grande vague. Sa particularité serait de désenclaver les compétences perdues, pour des raisons géographiques ou de barrière sociale (voir à cet égard elance.com).  Le potentiel de ce segment est vraisemblablement extraordinaire, globalisant la matière grise, seulement vingt ans après la globalisation des échanges marchands. 


Il semble que nombreux soient ceux qui pensent qu'un corrolaire à plus grande participation serait une évolution de la notion de "privacy" (désolé ce mot ne semble pas exister en français). Celle-ci devrait être fortement ébranlée par une transparence des échanges et opinions beaucoup plus exprimés. Je suis plus visible, je suis plus exposé, je suis mieux identifié. Par ailleurs, nos données personnelles -y compris les plus personnelles- devraient être disponibles à tout moment dans une "grey zone" (et elles le sont d'ailleurs déja largement). Elles ne seraient cependant utilisés à des fins répressives et financières que dans un cadre défini par la loi (ou par le contrat, mais toujours dans le cadre d'une loi renforcée. A terme, la CNIL et les régulateurs de même types devraient être intégrés aux Conseils d'Etats et aux Parlements aux cotés desquels ils interviendraient systématiquement sur les enjeux d'assurance, de sécurité sociale, de sécurité publique, et de tout ce qui touche aux données personnelles.

Tout ceci est évidemment -je suis le premier à le reconnaitre- de la spéculation bon marché. Il me semble cependant qu'un point certain, c'est qu'imaginer le futur en fonction d'options technologique est une approche dépassée. Le niveau technologique des systémes d'information surpasse de très loin le potentiel que l'on peut en attendre. Il suffit pour cela de voir que nombres d'idées ne sont pas encore exploitées.

Ps: cet article m'a pris un temps fou a écrire, alors même que je suis débordé de boulot par ailleurs....

3 commentaires:

Olivier a dit…

Intéressant. Concernant la prochaine grande vague du commerce des compétences et sans faire de pub voir par exemple wengo. Bravo pour le temps passé !

Anonyme a dit…

Chris Waignier : répond à Gilles
j'ai n'ai pas lu l'article du FT mais il aurait pu conclure sur le fait que les technologies ne sont rien sans les usages et les aspirations des consommateurs.
Comme le dit Gilles,le fait marquant c'est le passage d'une société de communication à une société de conversation.Les réseaux sociaux sont au centre de cette "ringardisation" des média traditionnels et ont donné les outils qui permettent à chacun de prendre la parole et d'exprimer ces opinions.Peter Leyden l'explique très bien sur la campagne d'Obama (sur nextagenda)
Cette tendance d'usage va changer à la fois le marketing des offres (on en parle pas mal déjà) mais je pense aussi le management des entreprises (les employes veulent aussi donner leur point de vue sur la façon dont les boites sont gérées)
Les savoirs faire du Web 2.0 devraient bientôt se développer dans l'entreprise pour alimenter des initiatives de management conversationnel
Gilles : On monte une boite ?

Anonyme a dit…

ca devrait finir par arriver !
Eyeka va lancer une grosse initiative dans le conversationnel...
sinon, si tu penses à répondre à mon interview c'est top.
GIlles

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