lundi 5 avril 2010

3 scenarii pour le futur de la musique...

Il est parfois intéressant de chercher à se projeter dans le futur et d'essayer de percevoir comment le paysage de la production musicale pourrait évoluer à court terme.
D'une façon générale, le marché s'organise un peu comme l'indique le petit visuel ci-après : une économie dominée par les majors, que l'on trouve sur tous les segments : artistes et titres à fort volumes mais aussi artistes en développement. Cette caractéristique existe depuis la nuit des temps et c'est seulement au cours des dernières années que les majors se sont mises à céder des points de part de marché aux indépendants. Cependant, avec 46 des 48 titres ayant touché le top du chart aux USA, il est clair que les majors sont encore très largement dominantes dans le paysage.  




Tout ceci pourrait ne plus durer très longtemps car, de notre point de vue, quatre grandes tendances de fond sont à l'oeuvre... essayons de les résumer : 
 
1ère grande tendance : une baisse sensible des coûts de production. Un ami nous disait il y a quelques jours que les coûts des grands studios parisiens avaient baissé d'un facteur quatre depuis dix ans. Et pour cause, les progrès technologiques des équipements sont tels qu'il est à présent possible de disposer chez soi des meilleurs matériels possible. Ce phènomène -qui touche également le monde de la post-production vidéo- n'est pas prêt de s'arrêter. En conséquence, beaucoup de musiciens enregistrent leurs titres chez eux... Si vous écouterz attentivement le tube "New Soul" de Yael Naim, vous entendrez... Le crépitement d'oeufs à la poële (elle avait très faim et avait enregistré dans son salon-cuisine).


2ème grande tendance : une baisse absolue des coûts de distribution. Auparavant, la force d'une maison de disque consistait (aussi) à avoir la capacité de montrer un album à n'importe quel petit disquaire de Haute-Provence ou d'ailleurs. Cet avantage a disparu, de même que les stocks, le transport, la logistique associé. Internet à réduit les coûts de distribution à néant. Il faut rappeler qu'ils représentaient environ 20% du prix d'un album HT dans le monde physique.


3ème grande tendance : une réorganisation de la promotion. Même si la promotion passe encore et toujours par les grands média, ceci est largement en train de changer. Le buzz d'Internet prend de plus en plus d'importance, et l'investissement promotionnel que l'on y fait commence à trouver ses marques.


4ème grande tendance : une explosion du nombre de productions. Dont la première conséquence est que le modèle traditionnel ne peut adresser cette offre. Beaucoup de  directeurs artistiques dans les maisons de disques reconnaissent qu'il est désomais possible d'entendre qu'un faible échantillon de ce qui leur est soumis. Maintenant que beaucoup plus de gens peuvent faire de la musique, il est normal qu'un nombre plus important de titres arrivent in-fine dans le circuit de la production. Pourtant, si l'on tient compte du fait que les coûts de distribution sont réduits à néant, il peut y avoir un intérêt à investir sur la longue tail, c'est à dire sur les toutes petites productions à volumes très faibles. C'est ce que nous verrons plus loin. 
Lorsque ces tendances sont posées, la question qui reste en suspend est "quel est le scenario le plus plausible?". Les écoles et lobbies s'affrontent pour imposer leurs points de vues, et ceux-ci peuvent se résumer ainsi :

Scenario 1 (tendance UFC-QueChoisir): disparition de la monétisation de la musique. L'idée sous jacente serait que la musique ne puisse plus être produite par quiconque d'autre que le musicien. Seuls restent dans la course les gens qui, de part leurs talents, parviennent à produire -dans un modèle assez proche du bénévolat ou mécénat- des oeuvres de qualité. Nous avions auparavant exposé combien nous sommes septiques quant à la viabilité d'un tel modèle, qui a trop d'inconvénients pour être, de notre point de vue, autre chose qu'une utopie. Inutile de dire que plus aucune maison de disque ne surviverait à un abandon absolu de la répression du piratage, à commencer par les majors. Les défenseurs d'un tel modèle ne parviennent à mettre en avant d'autres formes de revenus que ceux issus du spectacle vivant, soit entre 10 et 15% des revenus que perçoivent la moyenne des artistes. Cela reviendrait donc à diviser les revenus pour le monde de la musique par... 6. 

Scenario 2 (tendance SNEP) : on prend les mêmes et on continue. C'est une vision inverse à la précédente : les maisons de disques s'adaptent et survivent, mais le modèle ne change fondamentalement pas. Il est clair que cette vision repose largement sur une répression qui ne fait pas dans le détail. Tout ceci nous semble trop naïf pour être sérieusement envisageable.


Scenario 3: Nouveau modèle, nouveaux acteurs. On a coutume de dire que la vérité se trouve à mi-chemin des extrèmes... Et bien, dans cette affaire, on est en droit de se demander si ce n'est pas faux. Le modèle de la musique est tellement boulversé qu'il est probable qu'il profite à des acteurs qui ne sont pas encore clairement identifié. Les forces des acteurs traditionnels (promotion, distribution...) leurs sont d'une faible utilité pour affronter l'économie qui semble se mettre en place.
C'est un fait que la valeur se déplace largement dans la long tail. D'ailleurs, son inventeur, Chris Anderson, a  fait il y a deux ans dans Wired la démonstration que le marché de la musique était sans doute à nouveau en train de croitre, si l'on se donnait la peine de  prendre cette longue tail en compte. Le fait est que les petits groupes ne sont pas toujours dans les circuits officiels (Il y a un vrai débat concernant le fait que les ventes faites par Amazon soient reconnues par la Sacem ou pas) et pour autant, ils vendent parfois de façon assez significatives. De surcroît, ils sont beaucoup moins exposés à la piraterie.
Cela ne veut pas dire que les stars vont disparaître, -elles vont sans doute vendre moins et moins longtemps- mais plutôt que les groupes émergent vont être infiniment plus nombreux. Des offres comme Zimbalan, de Believe, sont idéalement positionnées pour capter la valeur du carré gris clair de droite... Et ce carré ne cesse de grossir. 




  

1 commentaires:

Anonyme a dit…

meuh non ufc que choisir n'est pas si buté. Ils veulent juste revenir au troc...

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