jeudi 22 avril 2010

mxp4 lève 3M d'€uros avec Orkos Capital... Explications de Albin Serviant, son CEO




Mxp4 vient de lever 3 millions d'euros... Qui est ce nouveau fond Orkos Capital?
Ce ne sont pas vraiment des nouveaux venus sur la place! Notamment dans le secteur de la musique!
Orkos Capital est une société de gestion de Private Equity créée en 2006. Les membres de l’équipe d’Orkos Capital, associés depuis le début des années 90 ont lancé la famille de fonds ETMF orientée vers les télécommunications et les médias. Le FCPR ETMF III est un fonds de venture late stage et de capital développement qui investit aujourd’hui dans des entreprises européennes du secteur des technologies et services de communications. Depuis 1990, ils ont investi plus de 300M€ avec leurs différents fonds (ETMF I, ETMF II et ETMF III), dans 35 sociétés de 9 nationalités dont Allociné, Bouygues Telecom, Cogent Communications, ONO et SES Astra, (soit  plus de 30 000 salariés).
Orkos Capital fût un des heureux investisseurs dans l'aventure Musiwave, vendue à Openwave en 2007 pour 120m€ et revenue par la suite à Microsoft. 
j'étais l'époque directeur Marketing de Musiwave, je me souviens d'un actionnaire plutôt exigeant et pas mal intéressé par la chose marketing... 
Par ailleurs, il me semble qu'Orkos a plutôt la réputation d'un actionnaire "disruptif" c'est à dire qui aime parier dans des environnements contre-cycliques... Ils viennent d'investir dans Musicall, une société de Ringback-tones. Pour différentes raisons, c'est un produit qui est largement déconsidéré par les opérateurs et les investisseurs, car "ça n'avait pas marché en Europe"(c'est un must en Corée et au Japon) et bien eux, ont fait l'analyse de cet échec, et en ont conclu que ce n'était pas structurel. On va leur permettre de continuer dans cette voie ! 

Ca fait beaucoup d'argent ! Qu'est ce que vous allez en faire ?
Les placer dès demain! Un "sou est un sou" comme disait mon grand père et la gestion du cash est prioritaire en ce moment. L'année 2009 nous a permis de valider un certain nombre d'hypothèses avec une structure de coût très réduite. Les premiers revenus ont été enregistrés début 2010, mais nous souhaitons avant tout travailler sur le long terme (la roadmap produit et le développement commercial aux Etats Unis), plutôt que de courir après des opportunités de revenu court-terme, non stratégiques.
L'enjeu est le suivant. Qu'apprendre du monde des jeux vidéos ou encore de l'industrie du cinéma?. Le secteur a vécu une crise similaire à celle de la musique il y a 10/15 ans. Toute la chaîne de valeur s'est employée à réinventer l'expérience utilisateur (WII, World Of War Craft, Guitar Hero, DS 3D maitenant ...); idem pour le cinéma qui s'en sort relativement bien avec d'énormes investissements sur la qualité des salles, le numérique, la qualité du son (THX, 5.1) et maintenant la 3D.
L'ambition de MXP4 est d'aider à apporter la même révolution l'expérience musicale que la 3D apporte au cinéma traditionnel.

Des recrutements? 
On cherche des gens qui sont très forts dans le domaine des interfaces. Après tout ce que l'on veut faire, c'est permettre aux gens de s'emparer de la musique... Ceux qui pensent avoir un vrai talent dans ce domaine sont vivement invités à nous passer quelques exemples de ce qu'ils font... 
On cherche également des bons développeurs, Flash, Java script, C++... des gens passionnés également. 
Par ailleurs, on est toujours à la recherche de gens qui veulent faire des stages, issues de grandes écoles d'ingénieurs ou de commerce. Avis aux intéressés, dans la culture maison, c'est une bonne voie pour être finalement recruté. 

Pourquoi faut il faire un effort de r&d si important pour développer des technologies de mixages qui finalement existent sous différentes formes ailleurs?
Je ne pense pas que ces technologies existent ailleurs. Notre approche est techniquement unique. D'ailleurs, nous attachons une importante très importante à la politique IP avec actuellement 3 brevets déposés, et plusieurs en phase de préparation et dépôt dans le monde. Notre vision sur le projet MXP4 a évolué : d'un play purement technologique autour d'un format interactif, nous avons évolué vers un play plateforme B2B en marque blanche pour différents acteurs de la chaîne de valeur (marques, agences de publicité en ligne, portail media, portails musicaux, agence marketing musical, dévelopeur d'applications mobiles, majors, indépendants, labels digitaux, plateforme de distribution en téléchargement ou streaming ... L'investissement R&D va porter sur de nouveaux brevets pour enrichir notre vision sur le futur de la musique interactive. Plusieurs recrutements sont finalisés au niveau R&D, CTO, Marketing produit avec notamment des ex Last FM.
Les axes de travail sont simples:
- des nouvelles solutions en marque blanche pour permettre au grand public de "not only play but play with their preferred music" (difficile à traduire en français),
- des nouveaux outils simplifiés 100% en ligne pour la grande masse des musiciens en mode home studio,
- la mise à disposition d'API pour la communauté des développeurs.
... Inutile de préciser que nous regardons de près les opportunités d'intégration au niveau des réseaux sociaux. 2 tests effectués depuis le début de l'année ont démontré des croissantes sidérantes de trafic.

Vous voulez aller à l'international. N'est-ce pas un peu prématuré pour une start-up qui commence tout juste à disposer d'un produit mature?
C'est crucial. Plus précisément, nous nous concentrons sur les US et l'Angleterre depuis 9 mois.
50% des effectifs sont américains ou anglais, tous basés en France (ah les françaises! ...), mais prêt à voyager régulièrement aux US pour travailler leur réseaux. Les principaux accords signés dès 2009 ont été signés directement aux US. Les équipes de développement sont françaises et basées à Paris.

Quelle est l'ambition exacte de mxp4? 
Devenir la plateforme leader des solutions de musique interactive.

Quels sont les objectifs pour les deux années à venir?
1ère priorité: 
L'expérience utilisateur, le produit, le produit, le produit ... avec un investissement particulier sur une stratégie multi-device : ordinateur, mobile, tablettes, TV connectée, ...
2ème priorité:
Démontrer notre capacité à aider les acteurs de la chaîne musicale à monétiser leurs contenus. Cela passe encore une fois par l'expérience utilisateur. Nous avons réussi à démontrer en l'espace de quelques mois que l'interactivité permet de générer une écoute active de la musique (9 minutes en moyenne avec des consommateurs en écoute active devant leur écran) et une diffusion optimisée avec une viralité très importante (75% du trafic vient de la viralité après 15 jours de mise en ligne.

Merci Albin ! 
Ci-après le communiqué de presse, mais avant quelques remerciements à Frédéric Cazals (avocat des fonds d'investissement Cabinet Weil Gotshal et Manges), Dominique Rencurel & Jean-Jacques Bertrand (partners chez Orkos), Claire Houry (partner chez Ventech) Philippe Ulrich (associé fondateur), Tanguy Nicolet ([très bon] avocat de mxp4, Bouhénic Baudin & Associés), Eric Bachelier (Commissaire aux comptes de mxp4), Jean-Claude Martinez, (venture partner chez Sofinnova). Merci également à nos premiers business angels Bernard Spitz et Pascal Mercier. 







MXP4 lève 3 millions d'euros
pour accélérer sa stratégie de développement  

Paris, 22 avril 2010. MXP4,  leader du développement de solutions de musique interactive, annonce aujourd'hui un tour de table de 3 millions d'euros mené par Orkos Capital et incluant les investisseurs historiques Sofinnova Partners et Ventech Partners.
Ce financement reflète le succès de la nouvelle stratégie de développement mise en place depuis plus d’un an, qui vise à déployer les solutions MXP4 en mode B2B auprès des différents acteurs de l’industrie musical (Marques, Agences de publicité, Portails Media, Labels, Artistes & Managers, Développeurs d’applications mobiles, etc.),  avec un effort particulier porté sur la simplicité des interfaces utilisateurs.

Au cours de l'année passée, plus de 100 artistes prestigieux, tels que David Guetta, Michael Jackson, Lily Allen, Pet Shop Boys, Ben Harper, Britney Spears,... ainsi que d'importantes sociétés comme Air France Music et Coca-Cola ont utilisé les applications web et mobile conçues par MXP4 afin de stimuler l'engagement de leurs  fans, la viralité de leurs opérations et le recrutement au sein de leurs communautés.
Grâce aux données récentes recueillies via l'utilisation de sa technologie, MXP4 a démontré que les fans jouent avec les applications de musique interactive plus de 9.1 minutes en moyenne. Ils utilisent également ces applications de manière intensive et virale générant 75% de trafic avec un taux de transformation en achat allant jusqu’à plus de 3% dans certains cas.


MXP4 est dirigée par une équipe de premier plan issue de l'industrie musicale et des média digitaux.
Albin Serviant, PDG de MXP4, a précédemment été à la direction générale de Vivendi Mobile Entertainment et a également contribué à de nombreux succès marketing & commerciaux tels que Musiwave (racheté par Microsoft), iBazar Groupe (racheté par eBay), Sony Music et Pepsi Co.
Gilles Babinet, Membre du Conseil de MXP4, a quant à  lui fondé entre autre Musiwave et occupe à présent le poste de président du conseil d'administration. Enfin, JF Cecillon, ancien PDG d'EMI Music International et actuellement Vice Chairman de The Really Useful Group Holdings à Londres  fait également parti du conseil d'administration.


Mxp4 apporte la 3D à l'expérience musicale . En réinventant la manière d’écouter la musique, MXP4 démontre que la musique interactive est une nouvelle opportunité de revenus pour l'industrie musicale, les média et les annonceurs” a commenté Albin Serviant, CEO de MXP4.
Gilles Babinet, Président du Conseil, a ajouté : “La valeur perçue de la musique est en déclin et la musique interactive a la capacité d'accroitre l'expérience musicale dans son ensemble”.

Les solutions MXP4 réinventent et enrichissent l'expérience des albums et des singles d'autrefois en permettant aux fans d'interagir avec les chansons et de jouer avec la musique.  Avec des fichiers musicaux MXP4, les fans peuvent réaliser leurs propres remix de chansons, découvrir dynamiquement les paroles et les notes des titres, chanter et interpréter leur propre version, s’enregistrer, explorer les morceaux pour écouter les différents instruments ou bien savourer une nouvelle génération de Maxi Singles digitaux, différents à chaque écoute.

A propos de MXP4
MXP4 développe des solutions de musique interactive qui font évoluer l'expérience musicale des consommateurs en leur permettant de jouer avec la musique. MXP4 offre une expérience de musique numérique interactive permettant à l'industrie musicale d’explorer de nouvelles opportunités commerciales et de développer des relations plus étroites entre artistes et fans. Basée à Paris, la société a été fondée en 2006 par Gilles Babinet, Sylvain Huet et Philippe Ulrich sous la direction d’Albin Serviant, ancien DG de Vivendi Mobile Entertainment et CMO de Musiwave. Le conseil d’administration de la société est composé de JF Cecillon (ex-PDG d’EMI Music et actuellement Vice Chairman de « The Really Useful Group Holdings » In London). La société est  maintenant financée par Orkos Capital (www.orkoscapital.com), Sofinnova Partners (www.sofinnova.fr) et Ventech Partners (www.ventech.fr).
Pour plus d’informations, merci de vous rendre sur le site web de MXP4 : http://www.mxp4.com.
Vous pouvez également suivre l’actualité de MXP4 sur http://www.twitter.com/TheRemixCulture

A propos d’Orkos Capital
Orkos Capital est une société de gestion de Private Equity créée en 2006. Les membres de l’équipe d’Orkos Capital, associés depuis le début des années 90 ont lancé la famille de fonds ETMF orientée vers les télécommunications et les médias. Le FCPR ETMF III est un fonds de venture late stage et de capital développement qui investit aujourd’hui dans des entreprises européennes du secteur des technologies et services de communications. Depuis 1990, plus de 300M€ auront été investis à travers les fonds ETMF I, ETMF II et ETMF III, dans 35 sociétés de 9 nationalités dont Allociné, Musiwave, Bouygues Telecom, Cogent Communications, ONO et SES Astra, regroupant plus de 30 000 salariés.
Pour plus d’information : www.orkoscapital.com.

A propos de Ventech Partners
Ventech est une société de Venture Capital qui depuis plus de dix ans investit dans des sociétés en création ou récentes dans les secteurs des Technologies de l’Information (logiciel, hardware & communications, Internet, Media & Mobile) et des Sciences de la Vie, principalement en France et dans les autres pays européens. Avec 365 M€ sous gestion, la mission de Ventech est d’accompagner les projets ambitieux qui feront des entreprises leaders, le plus souvent avec une reconnaissance internationale.
Ventech est également présent en Chine en partenariat avec une équipe locale, CMHJ (China Merchant Hidden Jade), pour contribuer au développement des sociétés européennes de son portefeuille en Asie et également pour investir via un fond dédié.
Pour plus d’informations : www.ventechvc.com

A propos de Sofinnova Partners
Sofinnova Partners est une société de capital-risque indépendante basée à Paris. Depuis ses débuts il y a plus de 35ans, la société a financé près de 500 sociétés en amorçage, post-création, spin-offs et opérations de retournement. Elle a accompagné les plus grands entrepreneurs européens dans le domaine de la technologie, des sciences de la vie et du cleantech. Avec 1,1 milliard d'euros sous gestion, l'équipe de Sofinnova, reconnue pour sa capacité à aider et à soutenir les entreprises de son portefeuille de la création à la sortie, a permis l'émergence de leaders sur leurs marchés, qu’il s’agisse d’investissements historiques comme Genentech, Actelion ou Vistaprint ou de grands succès plus récents comme CoreValve, Fovea, Novexel ou Sensitive Object. Tournée vers l’international, la société investit à travers l’Europe à partir de son bureau parisien, et sa société sœur Sofinnova Ventures se situe à San Francisco.
Pour de plus amples informations sur l'équipe de Sofinnova et sur son portefeuille : http://www.sofinnova.fr











Contact Presse
Gildas Piquet-Friboulet - gildas.piquet@mxp4.com - MXP4 - Tél. : 0619935832

mardi 20 avril 2010

Qui, en France, peut encore investir dans la musique?


Petit billet sur un ton polémique (mais léger)...  à force de parler de tous les segments économiques qui touchent de près ou de loin au domaine de la musique, on est en droit de se poser la question : qui peut bien encore vouloir mettre des sous dans la musique? La situation ressemble un peu à celle de l'industrie de l'acier au le début des années 70... après moultes de plans sociaux chez Essilor-Sacilor, et d'aussi nombreuses tentatives de rebond sans succès, l'Etat Français avait finalement rendu les armes, initiant l'une des plus cruelles saignés au coeur du plus grand bassin industriel français.

La musique n'a cessé de perdre des emplois au cours des dix dernières années : à titre indicatif, EMI est passé de 450 à moins de 200 salariés sans pour autant que l'on puisse vraiment dire qu'ils soient sortis d'affaire. le résultat cumulé des profit des 4 majors restantes est négatif sur cette période et de nombreux autres secteurs d'activités proches -la radio par exemple- sont passés de situation de rentabilité élevée à profits chancelants, voir pertes trop régulières.
Les investissement n'ont pourtant pas manqués. Au début des années 2000, avant le crack, Vivendi met la main sur Universal, à la stupéfaction de nombreu
x acteurs. Seagram (Edgar Bronfman) ne s'oppose pas à une opération qui lui permet de devenir un actionnaire significatif du nouvel ensemble. Il ne sait pas encore que Jean-Marie Messier est peut être un visionnaire, mais avec au moins quinze ans d'avance. Vivendi, par ailleurs actionnaire majoritaire de SFR, est rapidement rejoint par les autres opérateurs de télécom. Orange renifle de très près le secteur pour n'y rien investir... mais de peu. SFR quand à lui décrète la musique comme un axe stratégique pour fidéliser et recruter de nouveaux consommateurs. Quelques années durant, ils tiendront d'ailleurs la seconde marche du podium, juste derrière Itunes. Une performance qui aura toutefois nécessité des investissements très significatifs, dont l'un des bénéficiaires n'est autre que la société Musiwave. 
Mais début 2000, c'est aussi le temps des fonds d'investissement. De nombreux projets sont initiés dans le domaine de la musique. Francemp3, Musiwave, Musicme... Les investisseurs pensent que le marché du numérique va exploser ; peu d'entre eux font le pari du mobile. La DRM est perçu comme un enjeu d'avenir. Ils déchanteront peu à peu, et très rares furent ceux qui parvinrent, ne serait-ce qu'à adosser leurs projets. 
L'espace se vide peu à peu. SFR continue bien à investir, une participation dans le showcase (une boite trop petite pour faire de grands concerts et trop grande pour en faire une boite...) mais dès 2005, le coeur n'y est plus vraiment. 
Cette année là, de très nombreuses opérations se débouclent, rarement avec profit pour les investisseurs. 
2006 se révèle une très forte année pour le venture (des records historiques sont enregistrés) mais une mauvaise année pour la musique ; en France, très peu d'investissement y sont concrétisés. 
Puis, à partir de 2007, une nouvelle vague arrive. Believe est financé et rapidement, fonctionne mieux que prévu, et en 2008 c'est Lagardère qui prend -confidentiellement- une participation très significative dans Because (on parle de 40%) : c'est le grand écard entre la vente de missiles -avec EADS- d'un coté et les paillettes de l'autre. 
Enfin, vient la vague de la musique streamée. Et après les business angels, des fonds s'intéressent à nouveau à la musique ; Deezer, Jiwa et consors se développent rapidement. Les investisseurs flairent la bonne affaire, s'imaginant sortis sous deux ans. On peut prédire sans grand risque qu'il faudra probablement compter le double ou le triple avant que ce modèle puisse être rentable et pereine. 
En dehors de ces derniers, le marché s'est considérablement assagit depuis deux ans. Plus de deal en capital risque et encore moins dans le monde traditionnel qui, il est vrai n'a cessé de s'enfoncer. 
Sous-investissement? désafection des consommateurs? Piraterie? Les réponses divergent, mais il est certain qu'il n'y a plus beaucoup de monde pour y aller tant le rendement sur fonds propre paraît négatif. 
Il n'en reste pas moins vrai que nous ne cesserons jamais d'écouter de la musique et que toutes les études le montrent, l'offre ultime -y compris Itunes- n'existe pas encore. Par essence, la détection du point bas est un art ou une science difficile, mais il n'est pas impossible que l'on soit arrivé à un instant de renversement. il faudra certes attendre plusieurs années pour en juger, cependant, la probabilité que de marché s'en sorte au travers d'un redoublement de l'innovation ne nous a jamais autant semblé concrète que ces derniers temps. 

dimanche 18 avril 2010

Interview de Yannick Sauvignet : le patron de ConcertandCo. Sawndterview #17

 Yannick Saugignet travaille dans un business périphérique au monde de la musique : son site concertandco.com annonce l'ensemble des concerts ayant lieu en france, soit environ 10,000 dates chaque jours. Il dispose de ce fait d'un regard intéressant sur le monde de la scène... 

Yannick, dans quel état te semble le monde de la musique?
Actuellement le monde de la musique se cherche et essaie de se reconstruire après l'effet dévastateur d'internet sur une industrie structurée, qui se serait très bien passé de ce nouveau canal de diffusion totalement hors de leur controle.
Chacun cherche de nouveau modèle et si l'offre artistique n'a jamais été aussi présente elle n'a jamais été aussi mal rémunérée.


Penses tu que la scène évolue plus et se développe plus vite que les autres secteurs de la musique?
A l'heure actuelle c'est quasiment le seul secteur qui permet un mode de rémuénération raisonnable et par conséquent qui génère un regain d'intérêt marqué. On voit de nombreux acteurs de l'univers du disque se tourner vers les métiers du live. De même les réseaux de distribution travaillent de plus en plus la billetterie qui est censée compenser les baisses sur le secteur des supports.
Donc, en clair, oui ce secteur évolue plus que les autres. On parie également sur d'autre support comme la retransmission de concert en direct. L'expérience récente du premier concert en 3D a clairement démontré qu'il existe un véritable public pour une expérience qui, il est vrai, est vraiment exceptionnelle. Concertandco s'est lancée très tôt su ce secteur et notament par le biais d'un partenariat avec le Réseau Printemps qui nous confie la réalisation des retransmissions des découvertes depuis 6 ans. 
Dans ce domaine l'aboutissement est arrivé en Novembre 2009, après une rencontre avec le
fondateur de Because, avec la retransmission du concert de Moby , concert qui a été vu par plus de 17 000 personnes


 Comment t'es venue l'idée? ou Parle nous de Concertandco...
L'origine vient de la rencontre avec un ingénieur informatique passionné par les concerts. Voulant lancer un service de musique en ligne j'avais commencé par travailler sur la capation de concerts partant du constat qu'à l'époque l'offre autour du live était plus que restreinte. Nous pensions déjà en 2000 que la video serait l'avenir pour le web  -c'était un peu tôt- et les rares contenus que nous avions pu produire malgré les nombreuses réticences des maisons de disque trouvaient difficilement preneur, du fait des débits. Par conséquent, nous sommes sur des contenus plus légers, adaptés aux réseaux bas-débit.

Tu peux nous donner quelques chiffres sur Concertandco?
Et bien, nous enregistrons près de 25 000 visiteurs uniques par jour et plus de 70 000 billets commercialisés l'année dernière pour le compte de billetteries tierces. Nos marges sont très raisonnables, et ainsi si notre volume d'affaire billetterie dépasse les 2 millions d'euros, cela génère un CA de l'ordre de 200 000 euros...avec,  par contre un résultat qu devrait tourner entre 10 et 15 %. Toute ceci dans un contexte de très forte croissance. 

Peux tu me donner une anectode depuis la création de ton site?
J'en ai une toute fraiche ...TF1 nous contacte en nous demandant si on pouvait leur donner un coup de main pour trouver des groupes pour un casting et le petit groupe qu' on leur recommande passe ce samedi en prime time et en direct !

Quel est le plus gros défi de Concertandco?
Sans doute arriver à faire comprendre aux acteurs que la pub sur le net s'achètent comme le 4 X 3 et ...qu'un site web tout comme n'importe quelle autre structure professionnelle ne peut fonctionner que sur de l'échange de visibilité et que le web est aujourd"hui un support efficae permettant qui plus est de quantifier les retours !

Ton site s'intéresse aussi aux concerts d'artistes moins connus, penses-tu que cela amènera à un buzz de certains d'entre eux?
Sans créer le buzz comme a pu le faire MySpace avec  certains artistes, je dirais qu'on est surtout capable d'optimiser leur visibilité au milieu d'une offre de musique Live qui est quasiment le double aujourd'hui de celle
d'il y a 10 ans. On leur offre la même visbilité que des artistes très connus. On met en avant ce qui nous plaît et ce qui fait l'actu, mais dans l'agenda tout le monde est traité au même niveau.


Quelle est la rupture que peut amener Concertandco dans le monde de la musique?
Concertandco.com n'a rien de révolutionnaire : les agenda papier existent depuis longtemps. Par conséquent, nous ne sommes qu'un prolongement sur Internet ...d'ailleurs mon associé avait déjà lancé un agenda numérique dès 95 sur le minitel. L'intéret, c'est surtout de centraliser l'info les services et tout ce qui touche à la musique Live autour d'un portail multimédia qui permet d'acheter de voir ou de s'informer. 
Le point de rupture sera surtout d'un point de vue B/B car nous travaillons à la mise en place d'un outil global permettant aux artistes autoproduits ou aux professionnels de disposer de services à valeur ajoutés, comme par exemple la mise en relation entre artistes et lieux de concert. 


 Quels sont les projets les start up qui t'interessent en ce moment?
J'aime beaucoup Awdio et je trouve le projet totalement en phase avec notre projet Electrocorp.fr, un blog de référence pour moi. Et dans un autre domaine Soonnight... 

Revenons sur ce projet de tourneur en ligne... 

Et bien comme je le disais plus haut, c'est le point le plus innovant que peut apporter Concertandco en apportant un service global de gestion du live...c'est d'ailleurs notre chantier pour 2010. On reçoit chaque jours des dizaines de mails de personnes nous demandant de leur trouver des dates. Je ne parle pas non plus de ceux qui nous demandent des informations détaillées sur les lieux de concert(plan de salle, capacité ...). Il manque vraiment un outil professionnel dans ce domaine pour permettre une gestion efficace des tournées. Nous ne voulons pas remplacer les tourneurs mais leur apporter une application en ligne facilitant leur travail que se soit en terme de placement d'artistes ou d'organisation. On voit aux US des services comme SonicBids exploser et fédérer des dizaines de millers de groupes qui tournent, et qui sont plus que satisfait par ce type d'offre.

Ton évènement favori?
Incontestablement le Pantiero Festival 

jeudi 15 avril 2010

MXP4 arrive sur PC

Mxp4 propose désormais sa solution de création de musique interactive sur les PC sous Windows, après avoir sorti il y a peu une version compatible Mac OS le 11 mars dernier. Pour rappel, Mxp4 se présente comme une "solution de musique interactive qui ont vocation à faire évoluer l’expérience musicale des consommateurs en leur permettant de jouer avec la musique". Pour donner un exemple, Mxp4 propose une application nommée "Max it"...
la suite sur ElectronLibre.info

lundi 12 avril 2010

Sociétés de gestion collective : billet d'humeur

Nombreux sont ceux qui ont déja commenté le rapport de la Commission de Contrôle sur le dérapage des salaires du management des sociétés collectives. La vague semble surmontable, tant elle se noie dans une inflation généralisée des rémunérations des chefs d'entreprises des grandes sociétés françaises. Sur cinq ans, les revenus des équipes dirigeantes du CAC ont augmenté de 103% (soit, tout de même un poil plus que l'inflation). C'est en soit assez scandaleux, pour maintes raisons, à commencer par le fait que ces augmentations n'ont aucune justification. Ni la création de valeur (le résultat, la valeur de bilan), ni le cours en bourse, ni aucun autre indicateur ne permet d'expliquer ces augmentations, si ce n'est pas prétendue mise à niveau avec ce qui se fait ailleurs que chez nous. L'argument est d'ailleurs également falacieux car les grands patrons français sont depuis 2005, relativement à la valeur de leurs entreprises, les mieux payés d'Europe et de loin. 

Concernant la Sacem et autres sociétés de gestion collective, le problème est plus aigü, ce qui le rend proprement scandaleux. En effet, les recettes de ces sociétés collectives étant en très faible augmentation, quand elles ne reculent pas, il serait normal que les salaires de leurs dirigeants y soient plus ou moins indexés, faute d'augmenter les frais de gestion. 
Mais c'est là que l'aberration se précise. On apprend dans ces mêmes rapports que les frais de gestion sont, pour l'ensemble de ces sociétés, d'environ 33% !!!! 
Ce chiffre devrait être à même de scandaliser beaucoup plus que les salaires de ces dirigeants ; il est en effet nécessaire de rappeler que le métier principal de ces organismes de gestion consiste à collecter de l'argent pour le redistribuer aux ayant-droits. C'est -un peu trivialement certes- une sorte de service financier, au même titre qu'une banque ou que le ministère des finances pour la collecte de l'impot. La différence notable, c'est que ces organismes prélèvent des frais de gestion qui sont une très faible fraction de ce que prélève la Sacem et consors. Ainsi, en France, la collecte de l'impots, considéré comme l'une des plus chères des pays de l'OCDE, "coûte" entre 0,8 et 1,4% des sommes prélevées, suivant le mode de calcul.
Certes, la mission de la Sacem et autres sociétés de gestion collective est plus vaste que celle se résumant à une simple collecte, il n'en reste pas moins que la situation de monopole dans laquelle se trouvent ces organismes leur a laissé penser qu'ils pouvaient s'abstenir de toute réforme et qu'ils ont en conséquence conservé des procédés de gestion des droits largement dépassés. Le niveau de transparence qu'ils offrent à leurs membres étant en soit une démonstration assez explicite du fait qu'ils ne souhaitent en aucun cas que l'on mette le nez dans leurs affaires. 
Il y a quelques temps, votre serviteur avait eu l'occasion d'être invité par la direction de la Sacem à déjeuner : restaurant privé avec Grand Chef qui s'enquiert de vos requettes alimentaires, vue imprenable sur l'Ile de la Jatte... Tout ceci pour entendre ses directeurs se demander ce qu'il conviendrait de faire pour que les artistes aient une meilleure opinion de cette grande maison... 
Dans un contexte de crise historique de l'industrie de la musique, il est plus que dommageable que ce genre de rapport ne puisse aboutir à une remise à plat d'un systéme qui ne se justifie que parce qu'il existe. Rappelons que la Sacem collecte 1,4 millards d'Euros par an et qu'un tiers de cet argent pourrait donc être largement mieux employé qu'à -trop- rémunérer son équipe dirigeante. 


dimanche 11 avril 2010

Que vaut la musique?

A l'ère ou beaucoup semblent penser que la musique est gratuite -c'est une vraie question- , nous nous sommes amusés à la poser à deux populations distinctes. L'une, une classe d'adolescents d'un collège du vingtième arrondissement de Paris (moyenne d'âge 13 et 14 ans), l'autre à des adultes bien murs, d'une quarantaine d'année. 
Pour faire bonne mesure, nous avons également demandé à ces groupes ce qu'ils étaient prêts à payer pour la musique, ainsi que pour des films, des SMS, et d'autres formes de contenus. Aux deux groupes nous avons donc attribué un budget de 100 euros, à dépenser sur chacune de ces expériences. 
Les résultats n'en sont pas seulement intéressants, ils sont édifiants. Il n'y a en effet que peu de relation entre le facteur émotionnel et ce que les gens sont prêts à payer pour le contenu à l'origine de l'émotion. De surcroît, les valeurs varient beaucoup entre les groupes.


Pour les adolescents, il est manifeste que l'accès aux contenus gratuits via internet a très fortement impacté la valeur perçue. La musique est considéré comme devant être -presque- gratuite. Et -bonne surprise- elle conserve une aura émotionnelle intacte auprès de cette cible, qui lui trouve plus d'attrait qu'aux jeux videos. 
Il est à noter que ces adolescents sous-valorisent les messages SMS, réaction sans doute, à un prix qu'ils jugent largement exagéré. Finalement, seul l'accès à Internet -qu'ils ne payent pas-, les jeux videos -qui sont fortement segmentant entre filles et garçon, qui ne sont pas du tout prêt à y consacrer le même budget- et les films 3D sont convenablement valorisés auprès de la cible des adolescents. 

Les adultes sont plus dépensiers... enfonçant largement le budget de 100 euros... faute de parvenir à trouver un accord entre eux. Mais, bonne (ou mauvaise?) surprise, ils valorisent largement plus la musique que leurs enfants. Sans doute car la culture du P2P n'est pas encore trop présente chez eux. En revanche, ils acceptent de payer sans rechigner pour les SMS, auxquels ils ne trouvent pourtant qu'un potentiel émotionnel très limité. 


Cela semble donc mettre assez crûement en evidence le manque d'innovation de ce domaine. Comme l'explicite assez bien la graphique suivant, c'est finalement les expériences les plus anciennes qui sont les plus complètes et par essence, les plus valorisées. 



Cette petite étude mériterait d'être faite à beaucoup plus grande échelle et sur des échantillons sociaux-professionnels plus larges , car il faut l'avouer, notre échantillon était fort réduit (une vingtaine d'adolescents et... 4 adultes), mais d'ors et déjà, les enseignements sont importants, montrant combien la valeur d'usage de la musique et surtout combien son potentiel "social" sont tous deux sous valorisés. 






mercredi 7 avril 2010

Start-up: tendance du début de l'année 2010

Angel investors shy away from biotechNous avons récemment été approché par la rédaction d'un grand journal économique français qui prépare un dossier sur le capital-risque et les start-up. L'occasion de faire un point et de regarder quels sont les thèmes des entreprises de l'internet et des investisseurs les plus en vogue ces temps-ci... 
Après quelques coups de fil à droite à gauche, (quelques investisseurs privés et deux fonds) on se fait rapidement -au doigt mouillé- une idée finalement assez précise de ce que font les entrepreneurs, mais plus encore de ce qui intéresse les investisseurs. 

Voici donc les 6 sujets du moments.

1° Les communautés verticales : Plus de place pour recréer un twitter ou un Facebook, en revanche, faire une communauté chasse pêche et tradition, ou collectionneurs de capsules de bouteilles reste largement prisé. Un dossier sur 6 ou 7 semble être de cette nature. 
2° Tout ce qui touche au "marketing engagement" et au renforcement des communautés de marque. Plusieurs études américaines ont pointé qu'il s'agissait du premier centre d'intérêt des directions marketing aux USA (la data arrive juste après). Les sociétés qui savent donc activer des communautés, les impliquer sur des sujets (comme eyekadigicompanion et mxp4 par exemple) sont au coeur du sujet. De façon plus périphérique,  il semble y avoir une effervescence de start-up offrant des solutions complémentaires à Twitter, Facebook et consors pour la gestions de communautés. 

3° Le sport : C'est une nouveauté. Il a une grosse demande et finalement assez peu d'acteurs sur Internet. Le premier Européen -Eurosport.com- est 7ème audience mondiale. Les investisseurs réalisent qu'il n'y a que peu de commautés spécialisés en B2C et encore moins en B2B. Les dossiers sérieux sont donc recherchés, particulièrement au Royaume Uni. 

4° Les produits électroniques : Il y a seulement deux ans, plus aucun investisseur ne voulait entendre parler d'un produit electronique. Trop compliqué, trop capital intensif (R&D qui coûte cher). Or nombre de start-up développent des produits, dont l'ingénieurie finale et la production est faite en Chine. Nous avons été capable d'en dénombrer pas moins de 5 dans notre proche entourage. C'est dire si l'évolution est notoire par rapport à quelques années en arrière où l'on en trouvait aucune... les Nabastags (pas un franc succès mais bon), Coyote et autres Sonos ont ouvert la voie. 

5° Il y a un effet de Hype sur l'e-commerce 2.0, c'est à dire des plateformes qui permettent aux internautes de viraliser un produit à vendre avec des fonctions communautaires puissantes, puis de permettre de l'acheter (et finalement, dans sa capacité à créer le buzz, ventes-privés fait partie de cette catégorie non?). Ce type de dossier reste assez rare et est particulièrement recherché dans le monde anglo-saxon. Moins en France. 

6° En France, la data commence tout juste à devenir un centre d'intérêt, soit une vraie différence avec les Etats-unis ou plusieurs fonds se sont spécialisés dans la data ! L''initiative Data.gov de Barak Obama, n'est certainement pas étrangère à cette évolution. Le fait est qu'il n'existe que peu de start-up dans ce domaine, à l'exception de la bien nommée Captain_Dash

pour finir, quelques observations, 
- Les investisseurs sont tous à la recherche du bon dossier greentech -en dehors des opérateurs solaires ou éoliens, reposant sur des distortions de marchés dûes à la régulation-, mais c'est comme le renard blanc... beaucoup en ont entendu parler et très peu l'on vu. 
- La biotech, fait un retour assez marqué, aidée par des très bons exits, effectués par une poignée de fonds spécialisés. 
- Le mobile est entre deux eaux. 
- Les jeux sont toujours bien considérés, particulièrement le casual gaming, mais sans doute un peu moins que l'année passée. 



- Les questions de développement durables et de gouvernance semblent avoir également contaminé les investisseurs... Beaucoup recherchent activement des start-up dirigés par des femmes ! avis aux amatrices. 
- Enfin, il n'y a pour l'instant que peu de dossiers dans le domaine de la musique. Cela ne veut pas dire que ça ne changera pas !

lundi 5 avril 2010

3 scenarii pour le futur de la musique...

Il est parfois intéressant de chercher à se projeter dans le futur et d'essayer de percevoir comment le paysage de la production musicale pourrait évoluer à court terme.
D'une façon générale, le marché s'organise un peu comme l'indique le petit visuel ci-après : une économie dominée par les majors, que l'on trouve sur tous les segments : artistes et titres à fort volumes mais aussi artistes en développement. Cette caractéristique existe depuis la nuit des temps et c'est seulement au cours des dernières années que les majors se sont mises à céder des points de part de marché aux indépendants. Cependant, avec 46 des 48 titres ayant touché le top du chart aux USA, il est clair que les majors sont encore très largement dominantes dans le paysage.  




Tout ceci pourrait ne plus durer très longtemps car, de notre point de vue, quatre grandes tendances de fond sont à l'oeuvre... essayons de les résumer : 
 
1ère grande tendance : une baisse sensible des coûts de production. Un ami nous disait il y a quelques jours que les coûts des grands studios parisiens avaient baissé d'un facteur quatre depuis dix ans. Et pour cause, les progrès technologiques des équipements sont tels qu'il est à présent possible de disposer chez soi des meilleurs matériels possible. Ce phènomène -qui touche également le monde de la post-production vidéo- n'est pas prêt de s'arrêter. En conséquence, beaucoup de musiciens enregistrent leurs titres chez eux... Si vous écouterz attentivement le tube "New Soul" de Yael Naim, vous entendrez... Le crépitement d'oeufs à la poële (elle avait très faim et avait enregistré dans son salon-cuisine).


2ème grande tendance : une baisse absolue des coûts de distribution. Auparavant, la force d'une maison de disque consistait (aussi) à avoir la capacité de montrer un album à n'importe quel petit disquaire de Haute-Provence ou d'ailleurs. Cet avantage a disparu, de même que les stocks, le transport, la logistique associé. Internet à réduit les coûts de distribution à néant. Il faut rappeler qu'ils représentaient environ 20% du prix d'un album HT dans le monde physique.


3ème grande tendance : une réorganisation de la promotion. Même si la promotion passe encore et toujours par les grands média, ceci est largement en train de changer. Le buzz d'Internet prend de plus en plus d'importance, et l'investissement promotionnel que l'on y fait commence à trouver ses marques.


4ème grande tendance : une explosion du nombre de productions. Dont la première conséquence est que le modèle traditionnel ne peut adresser cette offre. Beaucoup de  directeurs artistiques dans les maisons de disques reconnaissent qu'il est désomais possible d'entendre qu'un faible échantillon de ce qui leur est soumis. Maintenant que beaucoup plus de gens peuvent faire de la musique, il est normal qu'un nombre plus important de titres arrivent in-fine dans le circuit de la production. Pourtant, si l'on tient compte du fait que les coûts de distribution sont réduits à néant, il peut y avoir un intérêt à investir sur la longue tail, c'est à dire sur les toutes petites productions à volumes très faibles. C'est ce que nous verrons plus loin. 
Lorsque ces tendances sont posées, la question qui reste en suspend est "quel est le scenario le plus plausible?". Les écoles et lobbies s'affrontent pour imposer leurs points de vues, et ceux-ci peuvent se résumer ainsi :

Scenario 1 (tendance UFC-QueChoisir): disparition de la monétisation de la musique. L'idée sous jacente serait que la musique ne puisse plus être produite par quiconque d'autre que le musicien. Seuls restent dans la course les gens qui, de part leurs talents, parviennent à produire -dans un modèle assez proche du bénévolat ou mécénat- des oeuvres de qualité. Nous avions auparavant exposé combien nous sommes septiques quant à la viabilité d'un tel modèle, qui a trop d'inconvénients pour être, de notre point de vue, autre chose qu'une utopie. Inutile de dire que plus aucune maison de disque ne surviverait à un abandon absolu de la répression du piratage, à commencer par les majors. Les défenseurs d'un tel modèle ne parviennent à mettre en avant d'autres formes de revenus que ceux issus du spectacle vivant, soit entre 10 et 15% des revenus que perçoivent la moyenne des artistes. Cela reviendrait donc à diviser les revenus pour le monde de la musique par... 6. 

Scenario 2 (tendance SNEP) : on prend les mêmes et on continue. C'est une vision inverse à la précédente : les maisons de disques s'adaptent et survivent, mais le modèle ne change fondamentalement pas. Il est clair que cette vision repose largement sur une répression qui ne fait pas dans le détail. Tout ceci nous semble trop naïf pour être sérieusement envisageable.


Scenario 3: Nouveau modèle, nouveaux acteurs. On a coutume de dire que la vérité se trouve à mi-chemin des extrèmes... Et bien, dans cette affaire, on est en droit de se demander si ce n'est pas faux. Le modèle de la musique est tellement boulversé qu'il est probable qu'il profite à des acteurs qui ne sont pas encore clairement identifié. Les forces des acteurs traditionnels (promotion, distribution...) leurs sont d'une faible utilité pour affronter l'économie qui semble se mettre en place.
C'est un fait que la valeur se déplace largement dans la long tail. D'ailleurs, son inventeur, Chris Anderson, a  fait il y a deux ans dans Wired la démonstration que le marché de la musique était sans doute à nouveau en train de croitre, si l'on se donnait la peine de  prendre cette longue tail en compte. Le fait est que les petits groupes ne sont pas toujours dans les circuits officiels (Il y a un vrai débat concernant le fait que les ventes faites par Amazon soient reconnues par la Sacem ou pas) et pour autant, ils vendent parfois de façon assez significatives. De surcroît, ils sont beaucoup moins exposés à la piraterie.
Cela ne veut pas dire que les stars vont disparaître, -elles vont sans doute vendre moins et moins longtemps- mais plutôt que les groupes émergent vont être infiniment plus nombreux. Des offres comme Zimbalan, de Believe, sont idéalement positionnées pour capter la valeur du carré gris clair de droite... Et ce carré ne cesse de grossir. 




  

vendredi 2 avril 2010

IPAD : la fin du multimédia mobile... ou le début?

Il y a encore quelques années encore, les articles de journaux traitant de contenus et services mobiles étaient légions. Aujourd'hui, le sujet ne semble plus émouvoir grand monde, tant la catégorie s'est fondue dans les contenus Internet au sens large, Apple ayant ouvert la voie en unifiant le même processus de téléchargement sur Iphone ou au travers d'Itunes. 
Dans la foulée, les consultations de sites WAP (Wireless Application Protocole) -ce standard qui était appelé à devenir la référence de l'internet mobile-, se sont totalement écroulées. SFR ayant récemment reconnu que seul 2% des pages vues depuis un mobile l'étaient encore dans ce format, le volume global de data échangées ayant évolué de... 940% sur 5 ans ! l'arrivée de l'IPAD pourrait renforcer cette rupture. Tout ceci dans un contexte, caractérisé par plusieurs faits significatifs : 
(i) la distinction entre mobile est fixe tend à disparaître rapidement. les utilisateurs souhaitant accéder à tous leurs contenus, n'importe quand et n'importe où. Ils attachent une importance forte à retrouver la même expérience utilisateur quel que soit le mode d'accès. 
(ii) L'exception à ce qui précède concerne les systèmes de messageries, qui restent des services spécifiques au mobile? La question est de savoir pour combien de temps. Il a fallu que deux petites années pour abattre les offres de contenus, le portail, et par conséquent le standard des opérateurs ; il pourrait ne pas en nécessiter beaucoup plus pour en faire de même du SMS. MSN est déja en seconde position derrière le -text, ou SMS- (et avant le mail) dans l'échange de messages aux États-Unis. 

(iii) Les modes d'accès deviennent également symétriques. Auparavant, on accédait aux contenus mobiles par le réseau 3G (ou 2G) et au contenus pour PC par le Wifi ou l'Ethernet. Nombre de portable PC sont à présent équipés d'une liaison 3G et tous les mobiles peuvent maintenant accéder au Wifi. 
Il est intéressant de noter qu'en conséquence, tous les opérateurs veulent être multi-modaux (fixe et mobile), à l'instar de ce qu'a initié Orange, dès 2002. Free va devenir opérateur mobile et SFR a racheté -au prix fort- son ex-filiale CEGETEL, dont il s'était séparé -à vil prix- en 2003. 

(iii) Les contenus sur mobiles sont largement piratés, mais pas de la même façon. C'est en effet au travers des cartes mémoires que le piratage s'organise, et non par le biais du fast-download ou du P2P. Une étude un peu daté du CTIA 2008 évoquait le chiffre de 85% de contenus piratés. Chiffre à comparer à ce qu'il en était en 2002 ou seuls quelques petits % des contenus mobiles étaient d'origine piratée. 

Les accès vont donc largement se démocratiser, les expériences utilisateurs vont plus encore s'unifier, reste à essayer de deviner ce que cela augure pour les contenus...
Dans un tel contexte, il semble en effet impossible de leur maintenir une valeur unitaire élevée, ce qu'elle est encore aujourd'hui. C'est encore plus vrai pour la musique, dont le format de petite taille facilite largement la copie. 
Alors quoi? Financer par la publicité semble être une chimère et le consommateur ne semble pas particulièrement prêt à payer. 
A cet égard, il est intéressant d'observer les gesticulations de plusieurs opérateurs au travers de la planète (Japon, Corée, Israel) qui ont demandé des licences bancaires... il semble en effet que ceux-ci, comprenant que le temps des revenus faciles et des forfaits abusifs n'est pas loin de se finir. Ceux-ci veulent donc vendre des assurances, de l'énergie, de la banque : en d'autres termes, les services indispensables à forte valeur ajoutée... 
Quel est le rapport avec la musique, et les contenus plus largement, nous diriez-vous ? 
Et bien, ces mêmes opérateurs ont fait valoir leur capacité à faire payer certains services... Tandis qu'ils en offriraient d'autres. Docomo aurait ainsi expliqué qu'il ne lui est possible d'offrir la musique que si l'assiette de services qu'il commerciale à large échelle s'étendait autre chose que des forfaits télécoms.
A bon entendeur...