Ca y est, c'est fait : Frédéric Mitterrand vient de nommer Patrick Zelnick patron d'une commission principalement chargée de trouver de nouveaux modèles économiques pour les contenus.
L'idée subliminale a sans doute été de prendre l'un des plus durement touchés par la dématérialisation de la musique pour l'inviter à se creuser les méninges afin de sauver son business et celui de ses confrères...
J'aime bien Patrick, qui est sympathique et qui a toujours plein d'anecdotes à raconter sur les artistes mais j'avoue me demander s'il ne va pas trouver sa mission un peu laborieuse. Pour éviter cet écueil concernant le sujet qu'il connait -la musique-, il faudrait tout au moins qu'il crée rapidement un groupe de travail assez large, impliquant surtout le monde de l'Internet, plus à même de comprendre les modèles de monétisation, que ne le sont les acteurs de l'industrie "traditionnelle" des contenus.
les points durs sont multiples, mais à mon sens, celui des modèles économiques est central et peut se résumer ainsi :
a) les consommateurs ne veulent pas payer, ou presque pas pour des contenus de type mp4,
b) ces mêmes consommateurs n'ont jamais écouté autant de musique tant celle-ci est facile d'accès : une étude américaine vient de démontrer que dans chaque foyer américain, il y avait en moyenne... 21 différents appareils qui peuvent produire de la musique ; dont une majorité de lecteurs mp3 !
c) la publicité NE PEUT PAS, dans les modèles actuels, financer la musique (et ceux qui prétendent le contraire sont malheureusement souvent de mauvaise foi). Avec un CPM à 0,80 euros (1), il faut 15 pages vues pour financer un titre écouté en streaming et encore, je pense que les prix actuels sont très en deça de ce qu'ils devraient être pour financer l'industrie de la musique.
arg !
Il existe quelques solutions. Comme je l'exprimais récemment, en faisant payer environ 4 euros par mois et par foyer pour une offre totale (c'est à dire 10 millions de titres en catalogue au moins, une qualité hifi, une ergonomie top), si 50% des foyers français s'y abonnaient, on doublerait le marché de la musique tel qu'il était en 2000...
Une autre option, encore plus pertinente selon mois consiste à développer de façon très significative la CRM, c'est à dire la maitrise de ce qui intéresse le consommateur. La connaissance client serait telle qu'on pourrait multiplier largement par plus de 15 le -bientôt feu- CPM.
Les marques ont en effet des poches profondes : le marché de la publicité pèse 3000 Mds de dollars dans le monde ; celui de la musique en pèse à peine 24... Ya moyen de s'entendre non?
Alors au boulot !
PS: pour ceux que ce sujet passionne, et je suis sûr qu'ils se comptent en millions, j'ai aussi co-écrit sur le sujet un petit papier avec mon vieux compère Christophe Waignier.
et pour les fondus compulsifs, il y a aussi un autre papier de mon ami P. Giraudie...
(1), le CPM correspond à la valeur que vaut l'affichage effectif de 1000 fois une bannière de publicité donné sur le web. Le CPM moyen était estimé à 0,77 euros en Sept 2009.
(2) prochain papier sur la création sur internet.
lundi 7 septembre 2009
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1 commentaires:
3 commentaires pour le prix d'un :
1°) L'affichage de 15 pages de pub à 0,8 de CPM génère 0,012€ !
Pas de quoi payer la Sacem + les producteurs + les coûts de diffusion + marketing + coût de régie + ... Donc OK avec toi, ça ne marche pas. Mais es-tu certain que c'est le prix d'un morceau ?
2°) Le CPM des sites de musique est en général plutôt autour de 0,15€ ! Le cas s'aggrave...
3°) Le CRM, n'est pas non plus la panacée. Deezer a essayé ... je n'ai pas l'impression que ça soit très concluant, sauf si leur objectif était aussi de réduire leur coût de bande passante (en faisant fuir leurs internautes).
La valeur créée par la musique numérique se retrouve dans les équipements électroniques, les réseaux et les services de recherche de contenus pirates (dont Google).
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