vendredi 24 décembre 2010

10 key trends for 2011

Pour ainsi dire chacune des 10 années passées, l'industrie de la musique a été sujette à un déferlement de mauvaises nouvelles et de non moins mauvais résultats. L'idée générale est que la musique est un business en voie de disparition (et effectivement les ventes se sont rétractées de 2/3 en 10 ans), incapable de réagir correctement au changement de paradigme qu'amène Internet ; condamné à subir.
Il est notoire que cette industrie a été particulièrement médiocre dans la façon dont elle a essayé de
coordonner son action -nous avons bonne mémoire de meetings avec des patrons de maisons de disques, au préalable desquels on venait nous recommander de ne pas même mentionner le concept de mp3- et encore moins de créer une alternative crédible. On connait la suite. Cependant, l'année qui vient de s'écouler est intéressante car elle semble marquer un début de transition. Il semblerait -cela reste à confirmer- que les chiffres 2010 vont être dans le vert pour la première fois depuis 10 ans.
2011 pourrait donc être plus intéressante encore, si ces nouvelles tendances venaient à s'affirmer. Voici donc nos dix "prévisions" pour 2011. Inch Allah. 


1 En Europe au moins, la chute des ventes va s'arrêter: Nous reconnaissons qu'il s'agit d'une prédiction risquée, mais si l'on s'en tient au 3 premiers trimestres de l'année 2010, il semble que les ventes ont atteint un premier plateau et que les ventes digitales compensent -enfin- la chute des ventes physiques. Même en France, marché traditionnellement difficile en raison du niveau élevé du piratage, les ventes se tiennent plutôt bien. Les plateformes digitales semblent décoller, ce que Hadopi et -dans une moindre mesure- la carte musique devraient renforcer. Ceci étant dit, il est probable que cette nouvelle donne profite surtout aux majors et aux nouveaux acteurs, de type Believe, tandis que nombre d'indépendants pourraient continuer à souffrir. 


La musique, c'est les nuages : en très peu de temps, la musique streamée est devenue super-cool. Et même si Spotify semble avoir quelques difficultés pour rentrer sur le marché américain, son modèle est généralement reconnu comme étant particulièrement prometteur, surtout depuis qu'ils ont révélé avoir des taux de transformation entre utilisateurs gratuits et payant bien plus élevés qu'initialement prévus. 
Les avantages d'une telle offre sont tellement évidents qu'elle devrait vite devenir commune à la plupart d'entre nous : plus de mp3 à ranger, accès depuis n'importe quel ordinateur, fonction sociales intégrées, répertoire presque illimité, piratage impossible... 


3 ° Itunes se déplacera vers le nuage: depuis sa création, il ya dix ans, son offre n'a évolué qu'à la marge. La modification la plus substentielle ayant sans doute été la suppression de toute DRM,  2 ans auparavant. En conséquence Itunes est clairement perçu comme un soft dépassé, tandis qu'une partie importante de sa base d'utilisateurs considère désormais qu'il est difficile à utiliser, selon nombre d'études. On peut par ailleurs parier que les petits gars de Palo Alto ont toutes les difficultés du monde à faire quelque chose qui soit mieux que Spotify ne l'est.
4 ° le marché devrait commence à se refragmenter:  au cours des dix dernières années, la prédominance de Itunes a été impressionnante. Jusqu'à 88% de part de marché aux États-Unis (selon Steve Jobs himself) et une part de marché mondiale de l'ordre de 70%. Les Majors ont (auraient?) appris la leçon et feraient en sorte que cela ne se reproduire pas. Bonnes nouvelles pour eux: il ya beaucoup de nouveaux arrivants prêts à prendre leur part du gateau.
5 ° Mp3 est en préretraite: Le format cent fois hype a été inventé il y a plus de 20 ans. Il est maintenant clair qu'en terme d'efficacité, de compression et de fingerprint, il est loin d'être le meilleur. Et le passage au cloud va achever de faire rentrer le mp3 dans histoire.
6 ° le trafic P2P... diminue: Peut-être pour la première fois en plus de dix ans, l'échange P2P a connu de fortes déconvenues, avec des acteurs comme LimeWire obligés de cesser leur activité alors que les peines de prison des fondateurs PirateBay ont été confirmées par la court d'appel suédoise. En conséquence, le trafic P2P semble avoir régressé un peu partout (il n'existe pas de chiffre agrégé). La piraterie ne s'en parle pas moins bien, grâce au fast download...  aux VPN et sites illégaux de streaming. Pour 2011, le nombre croissant de lois (comme Hadopi en France) pourrait considérablement réduire ces activités illicites, du moins en Europe.
7 les Fans ° sont de retour ... au moins sur Facebook: vous pensez que les "fans" Facebook ne sont pas significatifs en termes de business de la musique? Doigt dans l'oeil. La tendance de fond semble être clairement de lier profondément la musique aux réseaux sociaux... Pour nos ados, écouter de la musique signifie regarder des vidéos (forcément musicales), jouer à des jeux vidéo (en même temps) ou être sur FB.. Cela pourrait expliquer  pourquoi la valeur faciale de la musique a chuté à près de zero pour les très jeunes ados (étude Nielsen sur le marché UK). Toutefois, la bonne nouvelle est que 12 des 20 profils Facebook ayant le plus grand nombre de Fans sur Facebook sont des musiciens. Et ces artistes se rendent à présent compte qu'ils peuvent vraisemblablement monétiser ces fans. L'exemple du Social Gaming en plein essor a prouvé que le nombre de fans n'est pas un concept fumeux de marketeur en manque de reconnaissance, mais est une source de revenu tangible. Mettre en relation les fans (via des réseaux sociaux) avec la musique peut être un axe de développement très significatif pour l'industrie musicale.  Quelques start-ups -dont MXP4- ont clairement identifié cette opportunité. On en est encore au début, mais il ya des raisons de croire qu'il peut s'agit d'un business encore plus explosif que le marché de -feu- les sonneries de mobile. 

8 ° la valeur change de mains  Cela a commencé il y a longtemps  avec les e-commerçants (Itunes, Amazon ...) et plus récemment avec les plateformes type Deezer, Spotify, Pandora ... Mais depuis deux ans, les sociétés de type CDBaby, Orchard, et Believe -issues du monde de l'Internet- augmentent clairement leurs parts de marché. On notera que l'augmentation des tarifs Sacem est également de nature à renforcer des offres de type Jamendo. On ignore cependant si les revenus de ces nouveaux acteurs »sont reconnus et admis par l'industrie de la musique (nous supposons que la situation diffère d'un pays à l'autre). En revanche nous parions sur le fait qu'ils vont devenir en 2011 des acteurs à part entière de l'écosysteme,  à l'instar du fondateur de Believe, devenu patron.... du Snep.
9° la Long tail crée de la valeur: Même si ce concept popularisé par Chris Anderson est à présent largement critiqué, nous ne pouvons pas nier que la valeur de la musique située dans la partie longue de la queue a considérablement augmenté et qu'elle représente à présent une grande partie du chiffre d'affaires nouvellement créé. 
10 ° 2011, ne pourront voir l'émergence d'un artiste grace à Facebook: Mark Zuckerberg a récemment fait comprendre qu'il souhaite "réorganiser" le contenu (y compris la musique) en peu de temps, grâce à de nouvelles fonctionnalités Facebook qu'il devrait peu à peu dévoiler en 2011. Il comprend bien qu'ayant construit le plus grand réseau social de tous les temps il dispose d'une plateforme unique pour promouvoir de nouveaux contenus. Notre pari est que, en 2011, un artiste qui attendra un jour une renomée mondiale émergera grace à Faceboook. 




mercredi 1 décembre 2010

Eyeka... Ca commence à accélerer...

Une fois n'est pas coutume, voici un petit post qui est consacré à autre chose que de la musique... Mais Eyeka commence à plutôt bien fonctionner et il nous semblait opportun de résumer quelques uns des ressorts de ce développement. 
Pour mémoire, la société est née il y a maintenant quatre ans. Après des débuts poussifs au cours desquels le modèle consistait à s'aventurer dans le monde des services videos, la société s'est finalement repositionnée à partir de 2008 dans la co-création à destination des marques. Entendons-nous bien : le concept n'est pas ici de dire que faire de la publicité par une communauté de jeunes amateurs aspirants à devenir professionnels est un must, à l'instar de ce que font nombres de startups dans l'univers de la co-création. Mais bien plutôt de permettre au marque de rentrer au coeur d'un modèle qui permet aux marques d'avoir une relation extrêmement intense avec des gens qui s'y intéressent. 
A première lecture, le bénéfice peut ne pas sembler évident, mais pour des grandes marques, qui ont un peu perdues leurs ADNs, qui ne savent plus très bien pourquoi les consommateurs les consomment, c'est un outil plus qu'apprécié. L'exemple de la co-création de produit est très emblématique : des fabricants de voitures cherchent à savoir comment devrait être leurs prochaine voiture ; une 2 ou 3 place? électrique ou hybride? Modulaire ou pas? Une marque de mode veut savoir si sa communauté d'origine -les homosexuels- est toujours au coeur de son marché (ou pas), un fabricant d'équipement de montagne veut savoir quels seraient les produits que les femmes apprécieraient qu'il produise, etc, etc. 
Ces questions sont particulièrement importantes car elles engagent souvent le coeur de la stratégie de l'entreprise et ni le directeur marketing, ni le designer, ni encore les focus-groupes ne peuvent répondre convenablement sans prendre des risques considérables. Tandis qu'une communauté de créatifs est là très pertinente car elle permet de faire ressortir des réponses inattendues, et que la répétition de ces réponses est souvent un indicateur très fort "qu'il se passe quelque chose". 
L'histoire d'Eyeka est ainsi parsemée de petites annecdotes, comme cette directrice marketing qui s'était mise à pleurer en recevant le résultat d'un appel à création démontrant que ce qu'elle affirmait à son CEO depuis deux ans, sans être entendue, était correct, ; d'un grand annonceur qui a arrêté une très grosse campagne, constatant que son message n'était pas entendu, d'un fabriquant d'apéritif, qui se rend compte avec horreur qu'il est perçu comme une marque lugubre...
le métier co-créatif d'Eyeka s'applique à la stratégie -dois-je lancer un nouveau segment de produits en Chine (Eyeka a plusieurs milliers de co-créatifs en Chine-, au design -comment voyez vous le rasoir électrique dans dix ans?-, à la communication -est ce que mes messages sont les bons?- et même à des fonctions annexes -comment voulez vous que ma marque organise le recyclage de nos produits?- ou interne à certaines grosses entreprises -c'est quoi la qualité de vie au travail chez YZ telecom? 

Bien entendu, notre sentiment, c'est que la co-création va se retrouver rapidement au coeur du processus de management d'une entreprise. Après le Fordisme "les consommateurs vont acheter mon produit parce qu'il est bien" et le mix-marketing "mes études montrent qu'il faut vendre ce produit à ce prix", pourrait venir une ère du marketing conversationnel. C'est d'ailleurs la conviction de nombres de gourous du management, outre-Altantique. On ne compte plus les livres sur l'ère de la conversation et de la co-création... 

C'est pourquoi 2010 va représenter une année assez importante pour la société. Après avoir ouvert un bureau en Asie -qui comprend maintenant 7 personnes-, un autre à Londres au milieu de cette année, Eyeka se tourne à présent vers les Etats-Unis et la Chine. Même si la société n'est pas totalement rentable (nous privilégions la croissance et l'investissement), elle pourrait facilement l'être, et bien que nous ayons choisi de ne pas en révéler le chiffre d'affaire, nous pouvons révéler que celui-ci est beaucoup plus conséquent que ce que l'on l'imagine généralement. Chacun de nos investisseurs (nous en avons quatre) après -il est vrai- avoir été déçu de nos débuts plus que difficile, parle d'Eyeka comme d'un de ses investissements dans lequel il voit le plus de potentiel. 
En France, où la société dispose de son siège et emploie 25 personnes, Eyeka a paradoxalement peu communiqué ces derniers temps. C'est pourquoi, elle vient de faire le communiqué de presse ci après... 


eyeka

Triple 100 pour eYeka
Le 30 novembre 2010 – eYeka, leader de la co-création, annonce (i) une croissance annuelle de 100% de son activité après avoir dépassé le seuil de (ii) 100 marques clientes et de (iii) 100.000 membres dans sa communauté. 
Avec le développement de l'Internet, la voix des consommateurs influence fortement la façon dont nous percevons, évaluons et communiquons avec les marques et leurs produits. Pour réussir, les marques ont besoin plus que jamais de collaborer avec les consommateurs dans les domaines de l'innovation, de la distribution, du marketing et du support de leurs produits.
Depuis 2006, eYeka anime une communauté internationale des consommateurs créatifs sur lesquels les marques s'appuient pour collaborer avec les consommateurs et créer un lien direct et authentique avec ces derniers.

Forte croissance de l’activité commerciale 
En termes de développement commercial, eYeka est en forte accélération. Ses ventes ont ainsi augmenté de (i) 100% au cours des trois premiers trimestres de 2010 par rapport à la même période de l'année précédente. Eyeka a ainsi déjà obtenu plus de 80 nouveaux engagements depuis le début de l'année 2010.
 
Présente à Paris et Singapour, la société vient également d’ouvrir un nouveau bureau à Londres qui a déjà pour clientes des marques telles que King of Shaves, Cadbury et Standard Life.
 
eYeka travaille désormais avec plus de (ii) 100 grandes marques telles que Procter & Gamble, Coca-Cola, PepsiCo, Danone, L'Oreal, Coty, Renault, Honda, Levi's, Adidas, HSBC, Philips, Microsoft et Google.
 
eYeka, la plus grande communauté de co-création 
La communauté eYeka a récemment franchi le seuil de (iii) 100.000 consommateurs créatifs à travers 76 pays. Ayant la plus grande communauté de co-création à travers le monde, eYeka confirme ainsi sa position de leader.
 
En s'appuyant sur la communauté eYeka, les marques recueillent des contenus authentiques et les utilisent dans leurs initiatives d'engagement consommateur (entrer en conversation avec les consommateurs sur les réseaux sociaux), de génération d'insights (comprendre les besoins latents des consommateurs) et d'innovation (co-créer des produits et services avec les consommateurs).
 
Grâce à la communauté eYeka, les marketeurs peuvent recueillir en quelques jours des insights visuels et profonds venant du monde entier. A ce titre, la communauté eYeka a déjà créé plus de 45.000 contributions à travers plus de 250 appels à création.
 
L'ère de la co-création 
François Petavy, Directeur Général d’eYeka: « Les marques ont compris qu'il était désormais critique de collaborer avec les consommateurs à chaque étape du cycle de vie de leurs produits, et s'engagent de plus en plus souvent dans des démarches de co-création. Face à des défis sans précédent, les directions marketing ont plus que jamais besoin d'innover, de comprendre des besoins en forte évolution et de s'adresser à de nouveaux publics, tels que la Chine ou la Génération Y. Grâce à sa communauté unique, eYeka permet aux marques de réussir dans cette démarche - avec l'aide des consommateurs eux-mêmes. »
 
La société eYeka
eYeka est un leader dans le domaine de la co-création. La société anime une communauté internationale de consommateurs créatifs. A travers la co-création, les marques  s'appuient sur la communauté eYeka afin de créer un lien direct et authentique avec leurs consommateurs, de co-innover avec eux et de recueillir des insights. eYeka compte déjà plus de 100 grandes références telles que Coca-Cola, Nike, Philips, L'Oréal…La société est implantée en France, à Singapour et au Royaume-Uni. Pour plus d’informations: http://www.eyeka.com/corporate
 
 
CONTACT
Eyeka
François Pétavy – CEO
francois.petavy@eyeka.com - http://www.eyeka.com/corporate
Tél. : +33 1 44 76 80 80 – Fax. : +33 1 44 76 01 00
46 bis, rue N.D. des Victoires 75002 Paris

lundi 29 novembre 2010

Hadopi : et après?

Sun Tzu, l'auteur de l'Art de la Guerre, disait qu'il est inutile d'humilier un ennemi déjà vaincu. Aussi, nous ne voudrions pas donner à quiconque le sentiment que nous pavoisons de joie en évoquant le communiqué de presse de Universal, faisant état d'un redressement des ventes, depuis le passage de la loi Hadopi. 
Force est de constater que l'effet du gendarme, que nous avions longuement décrit dans un post ci-avant, paraît caractérisé ici et semble fonctionner à plein.

Chacun sait ici lire : les ventes de musique enregistrée augmentent légèrement, tandis que la musique online progresse d'environ 38% depuis le début de l'année.  

Certes, il s'agit d'une victoire à la Pyrrhus : il a fallu une loi particulièrement répressive pour arriver à sauver un secteur économique qui avait surtout su faire preuve de sa frilosité jusqu'à ce jour. Il remet également en cause la notion de neutralité du Net, si chèrement défendue par les libertariens de toutes origines, mais surtout américains. 
Cependant, c'est une pierre dans la chaussure de tous ceux -et ils sont nombreux- qui ont assuré que Hadopi était voué à l'échec et que le fait même d'en énoncer le principe montrait que l'on n'y comprenait rien. 

Reste qu'il convient probablement de trouver rapidement une sortie vers le haut. Que l'on le veuille ou nous, les contenus sont appelés à parvenir chez les internautes de plus en plus vite et de plus en plus facilement. Les étudiants de certaines facultés américaines disposent désormais d'un débit de... 1Gb dans leurs chambres ! Tandis que le cloud rend rapidement la notion de téléchargement obsolète. Se reposera alors la question de l'évolution de l'ensemble du business modèle de la musique à moyen-terme. Et dans de nombreux scenarii que nous avons à l'esprit, Hadopi semble n'être qu'un dispositif transitoire... 



mardi 9 novembre 2010

DJ Mosey a Vienna / electric ambiance.






Le producer Mosey, qui est signé en publishing chez Sawnd ,a depuis 18 mois discrètement ré-investi le monde du DJing, s'attachant à être apprécié pour sa musique et la qualité de ses sets, avant toutes autres choses ; il privilégie pour l'heure les dates à l'étranger. ll semble que son travail commence à porter : ses derniers sets ont été particulièrement appréciés, ainsi qu'en témoigne par exemple la vidéo ci-après : il s'agit d'une date (signée par Sawnd) à Vienne, qui a vu Mosey faire un set de près de 2h à l'issue de laquelle l'ambiance semble avoir été plutôt électrisée...


credit : 36Stunden.com/ Eugen Prosquill


vendredi 5 novembre 2010

Sondages Hadopi : du vrai et du faux

Plusieurs sondeurs -BVA- en particulier ont fait ressortir des baisses des pratiques de téléchargements illégaux. A contrario, le site ZDnet vient de publier un sondage, duquel il ressort que 47% des français ne croient pas en l'efficacité du censeur de l'internet... Y a t'il là une contradiction manifeste ? 
Pas nécessairement. Certes, la valeur de ces  sondages pourrait être contestée car basée sur des échantillons très réduits, 200 personnes environs dans le cas des sondages BVA (et 962 dans le cas de ZDnet). On peut aussi questionner la représentativité des échantillons choisis ; il semblerait même que certains sondés n'aient pas même l'internet haut-débit. 
Il n'en reste pas moins qu'il est possible d'en déduire qu'une partie des 53% de gens qui ne contestent pas la possible efficacité de Hadopi aient déja changé de comportement. 

Il y a donc là le constat d'une évidence que nous n'avions cessé de faire état dans ces lignes par le passé : même si Hadopi est largement imparfait et contournable, il n'en représente pas moins un bâton de gendarme clairement perçu comme tel par les internautes. En d'autres termes, l'efficacité ne vient pas de la sanction, mais bien plus de la peur de la sanction. Bien entendu, il restera nombre d'irréductibles, tout comme il existe des automobilistes équipés de détecteurs de radar plus ou moins sophistiqués, qui parviennent à ne pas tenir compte des limitations de vitesse.
Il convient d'ailleurs à ce sujet de rappeler la vague de contestation qu'avait provoqué l'installation des premier radars automatiques, puis leur généralisation, dans les années 2004-2007. On avait alors contesté la légalité d'amendes qui ne passaient pas par la supervision d'un officier de police et un processus judiciaire particulier avait dû être finalement institué.  Beaucoup de recours eurent lieu. Il n'en reste pas moins que les comportement des conducteurs ont massivement changé. Les accidents mortels ont été réduits de 40% en moins de 4 ans et la contestation s'est pour ainsi dire éteinte. 
Il est plus que probable que si l'on avait alors sondé les français pour leur demander s'ils croyaient que les radars automatiques allaient fonctionner, ils auraient, pour une part non négligeable, répondu par la négative. 
Sans ignorer les travers possibles de Hadopi, nous ne croyons pas à un scénario qui verrait une disparition de l'Hadopi quels que soient les changements de majorité possible. Le débat sur le monitoring des contenus de blackberry a clairement mis en évidence que les Etats exercent depuis longue date une surveillance sur les réseaux et que si celle-ci est plus ou moins visible, elle n'en est pas moins extrêmement forte. Certes on peut questionner l'autorité d'un organisme qui pourrait aisément commettre des abus, mais il est hypocrite d'y préférer une absence de contrôle qui pourrait légitimer le fait que l'état se comporte chroniquement de façon barbousarde. 

jeudi 28 octobre 2010

Ainsi, il aura fallu une dénégation officielle de Spotify pour mettre fin à une rumeur qui était venue à nos oreilles depuis l'été passé : Apple aurait cherché à racheter Spotify. 
Dans le fatras d'informations qu'il est impossible de vérifier, est également venu celle que cette même société chercherait à lever "au moins 50 millions d'euros" principalement auprès de fonds asiatiques -faut-il rappeler que le tycon Li Ka-Shin est déja présent au capital de la start-up musicale. 
Cette rumeur, même démentie, pourrait très bien être plus que fondée. Comme nous l'avions déja écrit dans ces pages, Apple a un sérieux problème de renouvellement avec Itunes, logiciel plus que vieillissant, dont l'adaptation au cloud s'avère malaisée. Il est vrai qu'une analyse de Spotify semble démontrer que la société suédoise a réalisé un quasi sans faute, tant son application est fonctionnelle, dispose d'un contenu exhaustif (tout au moins assez proche de Itunes en terme d'offre) et est même Sociale, au sens ou l'entendraient Mark Zuckerberg et consors, c'est à dire permettant d'échanger de la musique avec ses amis, présents sur Spotify. Sans même parler du design, qui n'a rien à envier aux meilleurs applications d'Apple. 
Pour cette dernière, il est donc essentiel de  revenir dans le coup sur ce terrain et vite. C'est pourquoi le prix évoqué, -1 milliard de dollars- ne semble pas totalement démesuré. Bien sûr, Spotify ne fait que 50 millions d'euros de revenus environ (700,000 abonnées à 6,7 euros en moyenne par mois, soit 56,2 millions d'euros sur 12 mois glissants) et cela reviendrait donc à la payer 20 fois le chiffre d'affaire (par comparaison, Musiwave a été payé 3 fois sur CA), mais la nécessité est telle que le prix pourrait s'en trouver justifié. Et tant pis si cela ne représente que 2,7% du chiffre d'affaire que Apple fait dans la musique. 
A cet égard, une anecdote mérite d'être rapportée : y a peu, Wired se faisait l'écho de la stupéfaction qui semblait avoir frappé l'état major de Apple devant le développement fulgurant de Facebook. La firme à la pomme a beau être super cool, elle n'en est pas moins consciente d'être largée sur ce nouveau front, pourtant indispensable à ses consommateurs aussi branchés que communicants. En réalité, Apple semble beaucoup plus à l'aise sur l'espace personnel -ses ordinateurs, Iphone, Ipad, etc qui sont tous conçus pour un usage pour ainsi dire individuel.

Et sur ce terrain, Apple n'a jamais vraiment brillée, qu'il s'agisse de Ichat, en déliquescence aujourd'hui, ou de Ping, pourtant spécialement lancé pour échanger de la musique, le succès ne semble pas être au rendez vous. Apple n'a plus communiqué sur Ping depuis son lancement et il est plus difficile de trouver quelqu'un qui en soit satisfait que de trouver un utilisateur heureux de Vista. 
Comment tout cela peut il donc finir entre Apple et Spotify? Il est -par expérience- très difficile de présumer de l'issue de discussions qui -quoiqu'en dise les actionnaires de Spotify- ont eu ou auront lieu. Il n'en reste pas moins que lorsque l'on manque d'expertise dans un segment, il n'est pas incongru de rattraper son retard en faisant une acquisition, surtout lorsque l'on a 50 milliards de dollars de cash dont on n'a pas l'usage immédiat...

@babgi

mercredi 20 octobre 2010

Evolution du marché de la musique et de l'internet suite.

A plusieurs reprises nous avons, au travers de ces lignes, essayé de deviner quel pourrait être l'évolution du monde de la musique et plus particulièrement de celui de la musique online. Nous avons pu constater combien ce sujet est passionnel, particulièrement en ce qui concerne Hadopi, que nous avons, nous le reconnaissons, clairement défendu ; position pour le moins pas toujours populaire. il est donc intéressant de faire, à présent que le dispositif est pour ainsi dire lancé, un petit point de situation sur les usages. 


En premier lieu, et quoi qu'en disent les porte-voix du "ça ne marchera jamais", force est de constater que la peur du gendarme a une efficacité, tout au moins pour ce qui concerne les réseaux P2P. Une étude de Nielsen Online tant à montrer que l'usage de eMule a baissé de 53% tandis que LimeWire baisserai de 66%, soit les deux tiers de son audience. D'autres sources tel que Mininova baissent de... 83% ! 
Le corolaire de cette baisse est, il faut le reconnaitre, une fuite passive vers des modèles moins détectables, type Megaupload qui, en un an, connait une croissance de 74% du nombre ses utilisateurs. Il faut cependant noter qu'en valeur absolue, il semblerait y avoir une érosion assez nette de l'usage des offres illégales. 


En ce qui concerne les services légaux, on observe un accroissement d'usage de solutions à base de streaming tels que Deezer, MusicMe et Spotify ; ce dernier ayant toutefois une audience confidentielle en France. 


Les sites de downloads, à l'instar de VirginMega, Starzik, Fnac, connaissent en revanche de fortes baisses. 
Qu'est à dire? Y a t'il un réel effet Hadopi? Il est encore trop tôt pour l'affirmer. 
Il n'en reste pas moins qu'après la mise en place de mesure coercitives, la Suéde continue à voir les ventes de mesure se situer à un niveau environ 2,4 supérieur à ce qu'elles étaient avant. On peut donc penser que l'effet répressif joue, ne serait-ce qu'un peu. 
Il est en revanche plus que probable que les solutions de streaming légales aient, elles, un impact beaucoup plus prononcé sur la décroissance des offres pirates ; le succès de Deezer et consort sur les très jeunes ne se dément pas et pourrait en avoir déja détourné un nombre important. 
Tout ceci reste évidemment assez incertain, mais tendrait à démontrer qu'une nouvelle ère se dessine, plus répressive c'est un fait, mais également plus riche en usages et économiquement plus accessible pour le consommateur. C'était d'ailleurs une des grandes revendications de ceux qui ont milité contre Hadopi. 




mercredi 13 octobre 2010

Réseaux sociaux et musique... On en est où?

Comme tout le monde ne parle plus que de réseaux sociaux, cela ne paraît pas idiot de se poser la question de savoir ou nous en sommes avec la musique d'autant qu'il y a eu pas mal de remue-ménage...
Tout cela a commencé en 2002 avec Myspace -qui aujourd'hui n'en finit plus de mourir. Le trafic est en décroissance et les différents effets d'annonce ne sont pas parvenu à lui rendre le lustre qu'il avait en 2005. Myspace reste incontournable en musique mais la partie interactionnelle est vraiment trop pauvre pour leur laisser une seule chance face à Facebook. Tout le monde attend donc la nouvelle version, trop souvent annoncée et qui devrait voir le jour prochainement. Il semble d'ailleurs que Myspace ait cessé de proclamer qu'ils vont s'étendre à d'autres univers que la musique ; ils ont sans doute compris que les auditeurs de musique étaient des consommateurs comme les autres...
A l'autre bout du spectre, se trouve Facebook. En facilitant l'accès au rich média depuis fin 2008, ses auteurs ont permis à la musique -principalement sous forme video- de s'émanciper. Reste que Facebook, tout aussi dominant qu'il soit, n'a rien fait pour faciliter l'usage de la musique à part développer un petit lecteur de streaming, sans doute par peur d'avoir à rendre des comptes aux ayants droits. La situation ne semble pas immédiatement destinée à évoluer, Facebook n'ayant jamais, de près ou de loin, fait d'annonce particulièrement précise à l'endroit de la musique.
Il serait cependant déplacé de ne pas rendre compte de l'impressionnante percée qu'on fait les musiciens sur FB : ainsi InsideFacebook, un site qui publie des statistiques sur le site éponyme, démontre que sur le top 30 des fanpages, 15... appartiennent à des musiciens (pas toujours les meilleurs à notre goût cependant) et le top 20 en comprend même 11, soit une majorité ! Notre David Guetta national vient d'ailleurs d'annoncer qu'il vient de franchir les 10 millions de Fans [sans doute grâce à mxp4 ; NDRL]. Les artistes ne s'y trompent d'ailleurs pas, utilisant Facebook pour faire la promotion de leurs concerts et albums. Nombreux sont d'ailleurs ceux qui ont fait publiquement l'éloge de la création de M. Zuckerberg, à l'instar de Rihanna ou Enrique Iglesias.
Facebook est aussi l'hôte de centaines d'applications musicales, qui l'utilisent pour se propager, au premier chef duquel, Spotify, qui a carrément intégré FB dans le coeur de son interface ; à notre avis, c'est d'ailleurs plutôt réussi. Enfin, FB héberge également des animations plutôt sympas comme Night club City ainsi que de nombreuses autres qui permettent de mixer, de mashuper, et on y trouve également de très nombreuses  vidéos de karaoké...

Parler de réseau sociaux et de musique sans évoquer MSN serait un crime de lèse majesté ; Depuis plus de 10 ans, une fonction très appréciée de MSN consiste à permettre l'échange de fichiers de façon simple et pour ainsi dire instantanée. Un petit sondage permet de constater que MSN est presque aussi efficace que les P2P pour enrichir les playlist des ados... Et puis qu'on en est là, il convient également d'évoquer les Emule, et autres outils de P2P, qui contiennent des fonctions sociales plus ou moins développées, principalement du chat d'ailleurs.

Il serait injuste de ne pas reconnaitre à sa juste valeur la créativité de toutes ces initiatives et, pour l'industrie de la musique, il serait plus que regrettable de ne pas saisir cette fantastique opportunité que représente ces réseaux d'échanges, qui ont désormais remplacé la chambre d'ado dans les années soixante, le lieu ou l'on découvrait de la musique... avant.

   

vendredi 24 septembre 2010

Itunes: désormais un vieux soft

A force de n'entendre que des éloges d'Apple, on en oublie que ma pomme a quand même quelques faiblesses et que son produit phare, à l'origine de sa reconquête commerciale, n'a pas été dépoussiéré depuis bientôt une decenie... I-Tunes est aujourd'hui totalement dépassé et pour en faire la preuve, voici une la liste des dix griefs les plus évident que l'on puisse lui faire: 

- Pour commencer, Itunes a un démarrage plus que poussif. force est de constater qu'il est préférable de ne pas avoir une trop grande librairie musicale. Sur un Imac de toute dernière facture, il est nécessaire d'attendre... près de deux  minutes lorsque l'on possède quelques dizaines de milliers de titres avant qu'il ne s'ouvre. Par la suite, ce n'est guère mieux. La récente installation de Ping impose une "transmissions des résultats Genius en cours" préalablement à tout partage et... Cela dure de longue minutes. 

- la DRM a été supprimé mais on la paye encore. presque dix ans après avoir acheté nos premiers titres et après avoir transféré ceux-ci de machine en machine, il est nécessaire de disposer d'une autorisation spéciale pour que la DRM se débloque sur votre dernier ordinateur. Résultat : des centaines de titres restent inaccessibles à nombres des plus fidèles consommateurs de produits Apple.

- la synchronisation n'a jamais réellement fonctionné : oublie de titres, pertes de données lors de changement d'ordinateur, voir destruction partielle de fichiers AAC... Un petit interview autour de soit est assez révélateur : il est étonnant de constater combien nombreux sont ceux qui se plaignent de cette fonction, peu aboutie, de synchronisation des titres. 

- Pas encore 'GrandMama proof' ; et c'est sans doute là le plus grand reproche. Le processus qui consiste à acheter les titres sur Itunes Store, pour ensuite pouvoir les écouter sur Itunes n'a jamais été accepté par le plus grand nombre, à contrario de Spotify ou Deezer, qui sont si simples à utiliser que les plus récalcitrants les apprécient. 
De surcroît, la navigation qui fut géniale en son temps, est restée pour ainsi dire la même. Elle commence à être dépassée, particulièrement par celle de Spotify. 

- Un Genius pas si génial que ça ; sur 40,000 titres de la librairie de votre serviteur, Genius ne s'aventure jamais au delà des 10 à 15% de ceux-ci. En conséquence, sa capacité à faire découvrir des titres -que l'on possède- est inexistante.

- Pas de radio interactive : celles-ci ont pourtant démontré leur efficacité pour faire découvrir et consommer de nouveau titres. Développer un petit Pandora est quand même à la porté d'Apple. Il est étonnant qu'en dix ans, cela n'ait pas été fait. Certainement dans la prochaine version, mais en attendant, il y a mieux ailleurs. 

- Une politique de prix peu flexible, que même les majors rejettent. En voulant définir le standard de prix du marché, Itunes s'est enferré dans une politique qui lui revient en bommerang aujourd'hui : impossible de s'abonner à un artiste ou à une catégorie d'artiste. Les bonus track ne peuvent être offert qu'en même temps qu'un autre titre. Pas de pack 100 titres ou 500 titres. Cela a pavé la voie au développement de leurs concurrents. 

- Un Itunes store raté : à la différence de beaucoup de site d'e-commerce, le Itunes store est lent, et ses recommandations musicales ne sont que d'une pertinence moyenne. Cette critique est valable également pour les films, et les apps. La mise en oeuvre du réseau social Ping pour tenter de suppléer à cette lacune a été entreprise bien tard. 

- Une impossibilité d'exporter simplement une playlist. La fonction ne fonctionne que si le destinataire dispose de tous les titres. Impossible ne serait de lui dire quels sont les titres d'une playlist (à moins de faire des impressions écran) ou d'utiliser Ping... qui n'est pas interroperable avec Facebook... 

Et le ponpon... c'est une arrogance sans faille dans la communication de ma Pomme qui a le dont de crisper tous ceux qui remarquent ces petits défauts. Leurs produits sont les meilleurs du monde, surtout les nouveaux... Les autres, on y reviendra lorsque la concurrence se refera sentir... Espérons que 700,000 nouveaux comptes sur Spotify leur permet de percevoir l'urgence qu'il y a à reprendre l'ensemble de ce logiciel qui, il convient de le reconnaître, a changé la donne en matière de musique digitale. 






samedi 18 septembre 2010

Un peu de politique, où quand les extrèmes se rejoignent...

Comme souvent lorsqu'une nouvelle loi est mise en débat en France, on assiste à des échanges plutôt passionnés entre les pro et les anti (pour éviter son équivalent anglais). Il en est ainsi du débat sur les retraites où nos élites sont, lorsqu'elles s'expriment sur le sujet, à la limite de la crise de nerf, plus particulièrement celles qui sont contre.

Hadopi ne fait pas exception à la règle. Sur ce point, le débat, commencé il y a plus de 4 ans (avec la loi DADVSI) a été et reste particulièrement passionné.
La singularité -et qui n'est que rarement relevée- de la contestation anti-hadopi est qu'elle parvient à mettre dans le même camp des courants qui sont par ailleurs radicalement opposés, en premier lieu, nos amis de UFC que Choisir, particulièrement remontés sur le sujet, aux cotés des opérateurs de télécoms, que UFC justement n'a cessé d'attaquer pour leurs pratiques commerciales. D'après une de nos relations, directeur général de l'un des trois grands opérateurs mobile UCF QueChoisir nous a certainement fait perdre des dizaines et probablement des centaines de millions d'euros à coup de procès concernant nos offres, nos conditions commerciales, notre soit-disant absence de concurrence. Ces deux là ne s'aiment donc pas trop, mais font cause commune, l'AFFA (Association Française des Fournisseurs d'accès, représentant les opérateurs de télécoms fournisseurs d'accès) ayant même été jusqu'à reprendre certains argument de UFC QueChoisir...
Le Monde syndical lui-même s'est parfois exprimé sur le sujet, outre l'apparition spontanée de revendications anti-Hadopi dans des manifestations sur les retraites par exemple, des syndicats comme SUD ou la CGT se sont régulièrement exprimés en défaveur de la loi. 
Cependant, force est de constater que les logiques qui sous-tendent l'opposition des uns et des autres ne sont pas les mêmes, loin s'en faut. 
Pour les ISP et Opérateurs, -que nous identifierons comme étant le groupe des Capitalistes établis- il existe un argument officiel, et l'autre officieux. L'officiel c'est que le coût de traitement technique serait prohibitif et à ce jour, il n'a pas été question de le compenser du moins en totalité. Les opérateurs évoquent le chiffre de 100M d'euros d'équipement et de développement pour mettre en place un détecteur de P2P efficace. D'après plusieurs experts indépendants, ceux notamment issus d'un grand systèmier militaire français qui a installé des systèmes de filtrages dans des pays peu démocratiques, ce chiffre est très largement exagéré et il serait plus proche de la quinzaine de millions d'euros. 
L'argument officieux, c'est que nos ISP ont tout simplement peur que l'Hadopi ne freine l'appétit de ce qui ne sont pas encore abonnés à l'ADSL et renchérisse donc leurs coûts de recrutements. Ce dernier argument s'évacue de lui même, car peu à peu, les ISP réalisent que l'une des seules planches de salut pour augmenter l'ARPU (ou le revenu moyen par abonné) consistera à vendre des contenus... Une baisse du P2P, qui a représenté jusqu'à 50% de la bande passante Internet n'est donc pas ou plus une damnation...
Une évolution de position dictée, on le voit, par des considérations bien pragmatiques et pécunières... Sauf peut être dans le cas de du patron du seul ISP indépendant, pour qui les réseaux doivent structurellement être le plus ouvert possible. 

Concernant les associations et syndicats, l'échiquier idéologique est extrèmement diversifié. La frange la plus importante concerne sans doute les "neo-anarchistes" bien défendus par de nombreuses associations de consommateurs (i) et des sites à vocation techniques, traitant de programmation Linux par exemple. Leur principal argument consiste à faire valoir que la culture est financièrement hors d'atteinte pour nombre de foyers et que la gratuité de fait de Hadopi n'est donc qu'un juste retour de balancier. 
Ils sont rejoints sur ce point par nombre d'association généralement classées à gauche, dont les partis politiques, PS en tête. Pour ces derniers, la démarche est plus structurée, avec une volonté de mettre en avant la Licence Globale, une taxe appliquée à l'ensemble de l'internet pour financer le contenu, ou une sorte de CNC Internet... Il y a donc une cohérence à retrouver à gauche une volonté de régularisation par l'impôt. 
Enfin, dernier groupe des Anti-Hadopi, les Libertariens, au sein desquels on retrouvera nombre de grands entrepreneurs de l'internet. Les arguements de ceux-ci sont radicalement opposés à ceux du groupe précédent mais arrivent à la même conclusion : Internet est comme l'argent, et toute entrave à sa circulation nuit au développement économique, il convient donc de laisser faire. L'industrie du contenu disparaitrait peut être, mais un grand bien en naitrait certainement. 
Il ne nous appartient pas de prendre position sur la pertinence des propos de l'un ou l'autre de ces groupes. Force est cependant de constater que Capitalistes Etablis, Neo-Anarchistes, courants de Gauche, et Libertariens ne pourrait être d'origine plus opposés. Est le signe qu'un consensus très fort émane de l'ensemble des citoyens? Il convient de rappeler que les alliances étranges ont toujours existé en politique pour le meilleur -à la libération par exemple- ou pour le pire -juste avant la seconde guerre mondiale-. La particularité de ces alliances a été de se rompre plus vite encore qu'elles ne s'étaient formées.  


(i)  Il faut cependant reconnaitre qu'une faction de UFC souhaite l'application de la Licence Globale. 






jeudi 9 septembre 2010

Social Music Gaming: année 0?

MXP4 imageAu cours des mois passés, les auteurs de ces lignes n'ont cessé de mettre en avant le fait que la consommation de musique avait définitivement évolué vers une forme plus active. Les concepts des années soixante (on écoute 45 min de musique enfermé dans sa chambre avec des copains) et plus encore celui du siècle précédent (on écoute 3 heures de musique d'affilé, à l'opéra), sont désormais totalement obsolètes sauf pour quelques élites peu significatives. On écoute désormais de la musique en restant actif et de plus en plus souvent alors que l'on est en train d'utiliser les reseaux sociaux. Une récente étude du FairChild Educational Project montrent que 81% des adolescents écoutent de la musique lorsqu'ils sont sur Facebook !
C'est l'analyse à laquelle vient finalement de se résoudre Apple, en lançant -tardivement- Ping : la notion d'échange, et d'interaction est au coeur de la musique et elle est incontournable.
Ca tombe plutôt bien car c'est aussi le credo de mxp4 depuis maintenant 3 ans : en développant des technologies et applications qui mettent l'interactivité et le jeu au coeur de l'expérience musicale, la société a fait aussi un pari sur l'évolution même du concept de musique. 
Cette évolution a trouvé, au travers de plusieurs applications facebook une définition qui nous convient particulièrement bien : le Music Social Gaming. 
Cette notion nous semble en effet être pertinentente tout autant qu'intéressante car elle est à la convergeance de cette évolution dans l'usage de la musique et plus généralement au coeur de ce phénomène très marqué, qui voit les internautes passer un temps très significatif sur les nouvelles plateformes de jeu. 
Le pari que nous faisons est que le MSG va devenir central dans l'évolution de l'univers de la musique à un horizon très bref. Dès à présent, les chiffres sont plutôt encourageants, comme évoqué dans le post de ce jour sur Techcrunch. D'autres applications sont à venir, qui renforcent ainsi ce positionnement. 

vendredi 3 septembre 2010

Aujourd'hui, le gagnant c'est... spotify.

spotify_apple
Le 1er Septembre fut-il un jour comme un autre? 
Peut être pas. Et peut être qu'il serait au contraire opportun de marquer cette journée d'une pierre blanche pour ceux que l'avenir de la musique dématérialisée intéresse. 
Car c'est ce jour là qu'Apple n'a finalement... rien annoncé. Mieux encore, la firme Californienne a fait aveu d'échec, Steve Jobs reconnaissant que les majors n'avaient pas voulu accepter les conditions commerciales qu'il leur a proposé concernant le lancement de son offre Lalatunisée et cloudisée...

Spotify dispose donc momentanément d'une opportunité, avec l'absence de challenger. Avec une très bonne offre en streaming (22 millions de titres versus 29 millions pour Itunes), une fonction d'écoute de mp3 en local, des fonctions de navigation très réussies, sans parler du design, ceux-ci en effet réussi à percer sur des domaines qui étaient jusqu'à présent considérés comme la chasse gardée de Apple. En offrant ce service irréprochable, ils ont donc convertis plus de 600,000 utilisateurs tout en bénéficiant du soutien appuyé des majors, trop heureuses de voir enfin une alternative apparaitre, face à Apple. 

Reste que la route sera longue avant que la domination de Apple ne soit sérieusement entamée, et mine de rien, la pomme croquée commence à placer ses pions afin de rattraper le terrain perdu : après l'acquisition de Lala.com, c'est à présent l'annonce de Ping qui représente un mouvement significatif. 
D'une expérience passive -telle qu'Itunes la proposait et la propose encore-, la musique est devenue en moins de cinq années sociale et interactive. La voie fut ouverte par Myspace, puis par Youtube et nombres d'autres solutions, au sein desquels Spotify représente une forme de quintessence, tant elle est réussie. 
Pour Apple cependant, il ne pouvait être envisageable qu'une fonction stratégique telle que le partage de playlist et plus largement  l'expérience de "social music", soit sous-traitée à Facebook, à la différence de ce que fait Spotify. 
Il est certain qu'Apple va mettre toute son énergie dans sa contre offensive. Mais désormais, ils se trouvent en position défensive. 

Reste, qu'un des nerfs les plus proéminant de cette bataille sera la capacité de Spotify à régulièrement se refinancer. Rappelons que le player suédois n'est toujours pas aux États-Unis, ni en Asie d'ailleurs et que chaque ouverture de pays représente un investissement (très) massif. Certes, de nombreux acteurs locaux montrent qu'il n'est nul besoin de disposer d'une présence globale pour exister, il n'est est pas moins vrai que le leadership d'Apple ne pourrait être sérieusement entamé que lorsqu'il ne pourra plus prétendre à une domination sans challenger sur au moins deux des trois grands marchés, Europe, Asie, et Etats-Unis. C'est loin d'être le cas aujourd'hui et ça reste pourtant la clé pour être considéré sérieusement par les maisons de disques et les artistes. C'est aussi un facteur de succès des fonctions de social music... 

samedi 7 août 2010

Musique... Jiwa, Deezer, et Beezic, deux systemes, un gagnant.

Jiwa a donc connu le destin funeste des 5 à 10% des start-up qui ne parviennent à trouver de modèle économique dans les 36 mois qui suivent leur fondation. Insuffisament capitalisée, partie nettement plus tard que le leader, disposant d'une offre difficilement dicernable de celle de ses concurrents, mais surtout en conflit récurrent avec les maisons de disques et non des moindres)... Tout cela faisait un peu trop à porter à la fois. Depuis près d'un an, les acteurs du milieu s'interrogeait d'ailleur sur les chances de survie de la société.
Il y a donc du mouvement dans le domaine des fournisseurs de musique en streaming ; Deezer s'est adossé à France Telecom (voir notre précédent post), Spotify est toujours à la recherche de 50M d'euros, et Jiwa... disparait. La vraie bonne nouvelle concerne Beezik, succès incroyable et détonnant dans cet univers : il se murmure que la start-up apicole pourrait faire un chiffre d'affaire très conséquent cette année, de l'ordre de la demi-dizaine de millions d'euros. En volume, elle aurait même dépassé Itunes sur les singles. Beezik ne devrait d'ailleur pas s'arrêter là et il n'est pas interdit de penser qu'elle puisse devenir un business model de référence à travers l'Europe, dans les trimestres et années à venir. 

De tout ceci, on peut tirer deux enseignements essentiels :

Le premier concerne le business de la musique en général : il ne faut pas se leurer, ceux-là même -Deezer et consors- qui ont développé des services d'écoute gratuits se sont, d'une manière ou d'une autre, tirés une balle dans le pied. Certes, c'était la condition nécessaire pour créer un trafic dont une sous-partie pourrait être monétisée, mais cela a largement renforcé le sentiment que la musique ne serait plus jamais payante. 
Symptomatiquement, les grands sites américains de musique, généralement en pointe concernant les nouveaux modèles économiques, n'ont pas vraiment suivi. Nombre d'interlocuteurs de haut niveau dans les maisons de disques ou au sein même des plus grandes start-up américaine n'ont eu de cesse de questionner les français les plus emblèmatiques dans le monde de l'internet sur le thème "what the hell, you guys are doing?". A ce jour, ils ne comprennent toujours pas. 
Le retour a la réalité est plutôt difficile, avec moins de 25,000 abonnés, Deezer n'a pas transformé 1% de ses utilisateurs... très loin des taux généralement constatés dans le "Freemium" (les business model alternant services gratuits et payants) qui, à l'instar de Plaxo, Viadeo "transforment" jusqu'à 5% de leurs utilisateurs. 

L'autre enseignement n'est pas moins intéressant. 
Beezic, en prenant une voie particulièrement originale -offrir une audience attentive et qualifiée aux annonceurs- a réussi à renouveler totalement le format publicitaire. Certes dans ce cas, la gratuité est au coeur du modèle, mais la beauté consiste à avoir sû s'affranchir du systéme publicitaire basique, hérité de la radio, pour monter en gamme. L'auditeur doit a présent justifier son salaire -musical- en regardant avec attention (on ne peut pas couper le son) une publicité avant de pouvoir télécharger le titre de son choix. En conséquence, le  revenu publicitaire moyen par auditeur a simplement explosé et la gratuité devient ainsi justifié. Le développement du modèle a une plus vaste échelle ne pouvant que profiter plus encore à Beezic, qui élargira l'inventaire tout en massifiant l'audience. Beezic a donc réussi à créer une contrepartie de valeur à la gratuité, et il semble que tous les acteurs -annonceur, auditeurs, maison de disques- y trouvent leurs comptes et c'est une première. 

mardi 27 juillet 2010

Deezer- France Telecom : Succès ou... Echec?

Mine de rien, le paysage de l'internet musical évolue à vitesse redoublée ces derniers temps et cela mérite d'être souligné. Il convient toutefois d'avoir parfois une lecture en creux des évènements les plus significatifs ; il en est ainsi de l'opération Deezer qui a vu France Telecom prendre jusqu'à 11% du capital de la start-up. Pour les néophytes, cet évènement donne l'image d'une entreprise conquérante, parvenue à s'associer avec l'un des plus gros opérateurs mondiaux. Il cependant est à craindre que ce point de vue soit clairement idyllique et que cet accord ne sonne le glas d'une aventure somme toute remarquable jusqu'à ce point. A plusieurs égards, on peut en effet douter de l'intérêt de cette opération pour Deezer. En premier lieu, il convient de souligner que France Telecom a été remarquablement et durablement incapable de développer une offre de contenu avec succès. Son Directeur General vient d'ailleurs de mettre fin à une incursion de dix ans dans les contenus, qui a vu l'opérateur dépenser -officiellement- plus de 200 millions d'euros par an dans ceux-ci, et plus même les bonnes années. Les mauvaises langues soulignerons donc combien, avec 800,000 abonnés au bouquet Orange, cela représente tout de même près de 600 euros -uniquement en contenus- par abonné. Sachant qu'un abonné TV se désabonne en général tout les deux ans et demi et que l'abonnement moyen, promotion incluse est à environ 20 euros, chaque abonné génère donc structurellement un déficit de l'ordre de 40 euros, sans même parler des frais techniques et de gestion. 
Mais c'est sur le terrain de la musique que les échecs sont plus remarquables encore. Dès 2004, l'opérateur coloré a commencé à investir fortement dans une solution fournie par Musiwave pour concurrencer SFR sur le plan de la musique sur mobile. Après des changements incessants de stratégie et de specifications technologique, la solution sera finalement commercialisée en 2007 pour, deux ans plus tard, ne générer qu'une poignée d'abonnés, tant la mise en oeuvre du plan marketing aura été tumultueuse. Orange, s'est depuis fait plus discret sur la thématique musicale, se contentant de discuter avec l'ensemble des acteurs du marché pour tacher d'identifier la solution qui lui permettrait d'éviter toute nouvelle fausse note. 
Le fait que Deezer et Orange aient tous les deux une domination affirmée sur le marché français  pose une apparente logique à leur rapprochement. Coté Deezer, on peut supposer que les difficultés pour trouver de nouveaux financements, dans un contexte d'échec de l'offre d'abonnement qui n'aurait récolté que 23,000 abonnés tandis que Spotify en revendique plus d'un demi million, n'ont pas été étranger à cette alliance. 
Coté France Telecom, on notera avec ironie qu'après que son patron eu annoncé mettre fin à l'aventureuse incursion dans le monde des contenus lors de son assemblée générale de juin, l'opérateur a eu deux fois l'occasion de se dédire, d'une part en tentant de rentrer dans le capital du journal Le Monde et d'autre part donc, en prenant une participation dans Deezer. Gageons qu'il ne s'agit que d'ultimes soubresauts avant que le concept de réalité ne finisse par s'imposer. Il est en effet à craindre que le bon mot, certes un peu cruel, d'un ancien responsable marketing à l'endroit de France Telecom ne tarde à s'avérer exact "tuyau tu es, tuyau tu resteras". 
Mais c'est finalement pour Deezer que la pilule pourrait s'avérer fatale. Quiconque a évolué dans le monde des affaires et plus encore dans celui des start-up sait que tisser des liens trop forts avec un acteur industriel revient à limiter voir supprimer la création de valeur à moyen-terme tant le badwill créé peut se réveler important. Il convient d'éviter de s'appesantir sur le fait qu'il est difficile de trouver une structure culturellement aussi éloignée que Deezer et du monde de l'entrepreneuriat que France Telecom. Et tout ceci, sans même mentionner le fait que le droit de préemption, généralement accordé à tout actionnaire, ôte pour ainsi dire tout attrait à Deezer pour un acquéreur éventuel.
Il est donc à craindre que l'aventure entrepreneuriale Deezer vienne de prendre fin avec ce rapprochement, ce qui est d'autant plus dommage car elle avait été menée avec brio jusqu'à présent par ses fondateurs, qui avaient pour ainsi dire un sans-fautes. Seul l'avenir le dira, mais d'expérience, un scenario hautemement probable pourait voir l'absorbtion pure et simple de Deezer par France Telecom d'ici à deux-trois ans. 

mercredi 7 juillet 2010

L'Europe : combien de Media divisions?



Les polémiques sur les mesures pour contrer l'utilisation innapropriée des contenus ne semblent pas prêtes de s'etteindre. Il semble même que le débat concernant Adopi s'est à présent étendu à toute l'Europe... ainsi qu'à son Parlement. Les arguments sont connus. D'un coté se trouvent ceux qui défendent la liberté d'expression, d'utilisation de l'internet, de l'autre l'industrie des contenus, qui argue du fait que cette industrie emploie de très nombreuses personnes, à l'échelle de l'Europe. 




Il est intéressant de se pencher un peu sur les chiffres et de chercher à savoir combien d'emplois représentent réellement l'industrie des médias, combien sont ceux qui sont à risque, etc. 
La pêche aux infos est assez laborieuse et, pour dire les choses telles qu'elles sont, les chiffres varient considérablement d'une source à l'autre. Eurostat, récipiendaire officiel des statistiques européenne semble cependant le plus fiable, évoquant dans son rapport " Cinema, TV, Content and radio in the EU — Statistics on audiovisual services — Data 2000–2005" qui n'est certes pas tout frais, le chiffre de 13,7 millions d'emplois dans le secteur. Soit près d'un emploi sur 12 dans l'Union à 25. Ce chiffre est d'ailleurs proche de celui que l'on trouve dans plusieurs études tel que le rapport TERA, qui évoque 14 millions d'emplois représentant 6,5% du PIB Européen. 
Le site de l'IFPI évoque quand à lui dans son rapport "investing in Music report (mars 2010), le chiffre de 2 millions d'emplois directs dans l'industrie de la musique à une échelle globale -ce qui semble par ailleurs assez cohérent avec les chiffres précédents. Enfin, le gouvernement de nos amis Britanniques, évoque dans wikipedia.org le chiffre de 1 million de personnes travaillant dans les industries créatives et de contenus, créant un revenu de 112,4 milliards de Livres, ce qui n'est pas rien non plus.

Ces chiffres, même grossiers ne sont pas tellement sujets à caution ; on peut d'ailleurs également envisager qu'un million de personnes en France travaillent également dans les industries créatives, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles créent toutes des contenus aptes à être piratés ou détournés. Ainsi, 300,000 d'entre-elles travaillent à ce titre dans le monde du marketing et de la publicité, que l'on peut donc presque exclure en totalité du monde de la création de contenus à fort copyright. 
Les chiffres de l'industrie du cinéma, de la musique et de l'industrie de la télévision ne sont guère accessibles. Ni le site du snep, ni l'insee, ne permettent d'avoir une vue d'ensemble de ces éléments. il est symptomatique que le Syndicat National de l'Edition Phonographique ne suive et ne valorise cet indicateur. 
Par plusieurs méthodes et recoupements, on peut toutefois évaluer, de façon conservatrice, le nombre d'emplois directs rattachés à l'industrie des contenu à 320/430,000 pour la France. Soit 28,000 dans le monde de la musique (et 98,000 en incluant distribution et spectacle), 110,000 pour l'industrie du cinéma (dont 51,000 dans la production des films selon le CNC), et... 260,000 dans l'industrie de la télévision. L'industrie des jeux videos, très éclatée, pourrait quant à elle regrouper un peu moins de 11,000 emplois directs en France, mais ces chiffres sont sujets à caution (sources AFJV) car l'insee évoque de son coté 27,564 emplois directs. 
Il s'agit là d'emplois à forte valeur ajoutée, les salaires moyens pouvant être estimés comme probablement supérieur à 40KE par an, soit tout de même sensiblement au dessus de la moyenne nationale de 26KE. 

Venons-en aux destructions d'emplois, sujet sensiblement plus polémique, régulièrement contesté par les protagonistes du premier bord. Au niveau Européen, le chiffre de 1,2 millions d'emplois détruits à l'horizon 2015 est largement cité. L'origine de ce chiffre remonte au rapport préliminaire Gallo, du nom d'une députée européenne (photo) qui s'est fait connaitre pour avoir pris fait et cause pour une régulation un peu plus "poussée" de l'internet sans qu'elle ne défende ACTA pour autant. Ce chiffre repose largement sur le rapport TERA, qui ajoute qu'en 2008, les industries créatives de l’union européenne les plus impactées par le piratage (films, séries tv, musique enregistrée et logiciels) ont enregistré un manque à gagner de 10 milliards d’euros et plus de 185 000 destructions d’emploi en raison du piratage et notamment du piratage numérique".
Dans son volet Français, le même rapport évoque le fait que 10,000 emplois auraient déja été détruits en France du fait des contenus non-rétribués. Ce chiffre nous semble relativement cohérent avec le principe de 2000 à 2500 emplois détruits dans l'industrie de la musique au cours des 10 années passés, généralement admis et rarement contesté (majors plus gros indépendants ont réduit leurs effectifs de moitié environ, à l'exception notable de Universal). 
Le rapport évoque ensuite le risque de voir 10,000 autres emplois disparaitre pour la France soit 20,000 emplois en tout. 
Il y a cependant là un petit travers méthodologique : comment se fait il que la France, qui représente 18% du PIB des 25 pays composant l'europe puisse ne voir disparaitre que 20,000 emplois tandis que 1,2 millions disparaitrait au niveau européen dans le même temps? Rappelons que 20,000 emplois ne représentent que 1,7% de 1,2 millions. 
L'explication se trouve dans le fait que Tera a fait plusieurs hypothèses, et que le chiffre le plus largement médiatisé concerne l'hypothèse la plus noire, celle où pour ainsi dire aucune tentative de régulation ne serait entreprise. 

Il n'en reste pas moins que l'étude TERA semble tant pour son volet français que pour le corps européen, assez documentée et donc fiable. Il est difficile de contester que de très nombreux emplois, à forte valeur ajoutée, sont en jeu. 
Ce que le rapport n'évoque pas, c'est le nombre d'opportunité de création d'emplois qui ne peuvent avoir lieu. Lorsque des offres telles que Deezer ou Spotify se lancent, il est évident qu'elles sont avant tout en concurrence avec les offres illégales, avant même la radio ou la Fnac. Ces deux acteurs de l'internet musical ont certes réussi à trouver les financements leur permettant d'exister jusqu'à ce qu'elle puisse -hypothétiquement- rejoindre un point d'équilibre, mais l'exercice revient toutefois à nager avec des altères. Que dire des projets d'entreprises  innovantes -et ils sont nombreux- dont les modèles sont par avance compromis car ils ne peuvent trouver un modèle rétributeur, ni un investisseur prêt à prendre un risque conséquent dans cet environnement incertain? 
Il conviendrait bien entendu de faire ici de la place pour évoquer les modèles économiques alternatifs ; ce que nous n'avons que peu fait jusqu'à ce jour, tant il nous a semblé que ceux-ci sont hypothétiques pour l'instant.