vendredi 5 février 2010

Rien de pire que la musique?



La question est venue au dessert : est-ce qu'il existe un domaine pire que la musique pour placer son argent? 
Notre interlocuteur, un ancien directeur d'une banque d'affaire, soutenant, avec un certain talent, que les gens qui investissent d'une manière ou d'une autre dans la musique ne le faisait que par passion et qu'il ne pouvait être question d'une approche rationnelle. Nous en avons beaucoup débattu, et voici en synthèse ce qui nous a semblé intéressant de retenir. 


Investir dans la production: 
C'est une question de profil, mais aussi de nerf... Il faut non seulement avoir le talent de pouvoir détecter un artiste, mais être capable de tenir dans le temps. La leçon la plus courante c'est qu'il faut parfois être disposé à perdre de l'argent sur un, deux, voir même trois albums avant de connaitre un certain succès. A été cité en exemple Amadou et Mariam, signés dans plusieurs maisons de disques, et n'ayant jamais vraiment connu de grand succès avant de croiser le chemin de Deburtel et Because. C'est un exemple mais il en existe beaucoup d'autre. La production est sans doute le domaine le plus difficile de tous, de notre humble avis. 
Les modèles de co-production par internet doivent eux, faire leur preuve... 


La distribution: c'est assez mitigé. Monsieur Pinault vend la Fnac et Virgin ne se porte pas vraiment mieux... Investir dans la distribution physique relève plus ou moins du suicide organisé, et tout le monde est intéressé de connaitre les noms des repreneurs de ces enseignes... 
En revanche la distribution digitale représente une réelle opportunité. Il suffit de voir la vitessse à laquelle des  sociétés comme Believe se développent pour s'en convaincre. 


La Scène: Elle a été en recul en 2009, malgré tout ce que l'on en disait (bien portante, etc.), de surcroît, les marges dans ce domaine sont très faibles. Il se dit que les tourneurs des grandes salles ne rentrent dans leur frais qu'à condition de remplir les fauteuils à plus de 80, voir 90%... Ce serait d'ailleurs une spécificité française, les allemands et les anglais n'hésitant pas à dépenser beaucoup plus d'argent pour le Live. 


Placer ses sous dans une start-up:  C'est une très bonne idée, mais il faut bien la choisir. Cela relève d'une expertise un peu semblable à celle du Tiercé. Il faut connaitre les chevaux, les entraineurs, et même ainsi on ne gagne pas toujours dans l'ordre. Par respect pour la douleur des proches, nous n'évoquerons pas les noms de morts... Ceux qui sont ont retrouvé leurs sous ne sont pas légions. 


Ou dans du publishing: c'est un travail de longue haleine, puisque cela revient à être le premier à s'investir avant même que le titre n'existe ailleurs que... dans une partition. La particuliarité de ce business est qu'il rapporte des décénies durant. L'entrepreneur Xavier Niel et la division publishing de Because ont ainsi racheté le catalogue de Claude François -contenant la mythique chanson "My Way" assurés qu'ils sont de confortables revenus durant encore une trentaine d'années. La rumeur parle d'un montant de l'ordre de 4 millions d'Euros pour un rendement d'environ 10% l'an. 


Ou encore dans de petites astuces réglementaires... qui a noté que les pouvoirs publiques envisagent de relever les redevances que paient les commerçants pour diffuser de la musique par presque trois ? Ca va certes enrichir la Sacem, mais ça pourrait également faire le bonheur de sociétés (malheureusement en situation difficile) tel que Jamendo, qui offrent à ces mêmes magasins des flux musicaux provenant de catalogues hors sacem et donc moins chers... 


Vendre de la musique sur internet: pas évident, tant les problèmes de Deezer, Spotify, et de nombreux autres semblent difficiles à surmonter. Cependant, s'il existe un point d'entrée favorable, c'est certainement aujourd'hui. Que l'on y soit favorable ou non, la crainte du gendarme devrait, avec Hadopi, significativement faire baisser la piraterie et être donc très bénéfique aux fournisseurs de contenus. Reste à avoir la bonne formule. 


Faites vos jeux... 









9 commentaires:

Anonyme a dit…

Vraiment très bien rédigé!

Anonyme a dit…

oui, l'auteur de ce blog est un pur génie. G.

Anonyme a dit…

La production:
C'est comme la bourse, il faut diversifier son portefeuille d'investissement, dans l'espoir de tomber sur la vache à lait qui compensera les 90% du catalogue qui seront en pertes.
La distribution :
Il est clair qu'il n'y a plus qu'une seule voie : le numérique. Il ne faut pas laisser Itunes tout seul quand même. Peut être une opportunité via la télévision avec une possibilité immédiate d'achat lorsque un morceau entendu nous plait lors de la diffusion de ce morceau au sein d'un film ou d'une série ou autre.
La scène :
Cela nécessite une infrastructure (et des moyen financiers conséquents donc), on ne peut pas s'improviser dans ce business.
Start up:
Même combat que la production. Mais avec une connaissance du milieu (business model, personnes..)
Publishing :
N'investir que dans du lourd (l'exemple de Neil avec la catalogue de claude francois ou de jackson avec les beatles)

Pour conclure, je pense que ce secteur est plus difficile que d'autres en ce moment. Je pencherais néanmoins pour la distribution si j'avais de l'argent :-)

Anonyme a dit…

et les instruments de musique !!!!! oubliés ! ça marche bien pourtant. il y a des magasins qui s'ouvrent partout 7 millions de français jouent d'un instrument plus d'une fois par semaine !
Greg

Anonyme a dit…

Oui, ça parle de pognon et de façon de le faire.

Anonyme a dit…

bon, dommage... je vais investir dans les armes, les OGM et la contrefaçon... Ca reste poétique non?

Philippe Astor a dit…

Dans la chaîne de distribution, les agrégateurs sont les seuls acteurs à vraiment dégager une marge consistante. Sinon il reste Apple, dont il vaut mieux posséder des actions depuis déjà longtemps. J'aurais plutôt tendance à miser sur des start-up B2B qui apportent une vraie valeur ajoutée et ne dépendent pas de licences accordées par les majors (Noomiz ou iNumerica en France, Artistdata aux US, BandCentral, etc). On se focalise beaucoup sur le versant B2C et ses modèles économiques, il en est de bien plus porteurs et durables qui se dessinent dans le versant B2B, où tout reste encore à faire aujourd'hui.

alipacha a dit…

Juste une précision concernant les petites "magouilles" réglementaires : elles concernent les droits voisins (portés à 65% des droits d'auteurs pour les lieux publics sonorisés). Il n'est pas prévu dans l'immédiat d'augmentation des redevances Sacem.

Anonyme a dit…

à quand un fichier wav à 1€ ??

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