Le ciel n'est jamais très loin de l'enfer, tout au moins dans le merveilleux des start-up musicales...
On peut en effet s'étonner de voir que les jeunes pousses qui étaient deux ou trois ans plus tôt aclamées comme le futur de l'industrie musicale, se retrouvent, juste une demi-douzaine de trimestres plus loin, aux portes du tribunal de commerce, proches du dépot de bilan.
C'était ainsi le cas de Cellaband, qui s'est retrouvé en redressement judiciaire, puis en liquidation ce vendredi... Il semblerait qu'un investisseur soit sur le point de reprendre l'ensemble de la société, mais nul doute que les fondateurs et salariés ont du se faire quelques cheveux blancs dans l'aventure.
Est-ce specifique au monde de la musique? Sans doute pas : nombreux sont les exemples de sociétés qui ont approché le dépot de bilan pour ensuite rebondir. Pour ne citer qu'un exemple, Ebay avait eu de grosses difficultés à se financer dans ses jeunes années.
Il n'en est pas moins vrai que le nombre de start-up musicales qui connaissent ce type d'errements est particulièrement important. Même les succès n'échappent pas à la règle. L'argent était à ce point rare chez Musiwave en 2002, qu'à titre préventif, un rendez-vous avait été pris entre son patron et le tribunal de commerce. L'argent arriva finalement, in-extremis.... Et qui se souvient que Myspace a été revendu pour 200,000 livres anglaises par les fondateurs, en bout de course, avant de connaitre le succès?
Aujourd'hui, ce sont les sociétés qui développent des offres de streaming gratuit qui se retrouvent en terrain miné. Les majors remontent peu à peu leurs redevances et la conversion vers le premium est nettement plus ardue que prévue. L'argent se fait en conséquence rare. Spotify ne cesse de rencontrer des fonds de private-equity, principalement anglo-saxons et asiatiques (et plutôt late stage), mais sans générer un grand enthousiasme, tout au moins jusqu'à présent. Le fait qu'ils aient levé entre 3 et 5 millions de dollars récemment auprès du Founder Fund (les informations concernant ces chiffres sont gardés avec le plus grand secret), confirme que ça n'est pas si évident que cela. Deeezer est à nouveau à la recherche d'argent frais et là non plus ça ne paraît pas aller autant de soit que par le passé. On connaît également les difficultés de Jiwa et de ses consoeurs.
Il est vrai que chercher le succès dans un environnement qui perd 15% de sa valeur chacune année, c'est un peu comme vouloir ouvrir une acièrie en Loraine dans les années quatre-vingt. Un fait dont il est difficile de ne pas tenir compte lorsque l'on est dans la peau d'un investisseur sur le point de faire un chèque de quelques millions pour financer une start-up musicale, au business-model hypothétique, évoluant dans un environnement totalement dégradé.
Pourtant, il y a un an seulement le detaillant KingFischer avait fait réaliser un sondage d'opinion qui mettait la musique parmi les 3 préoccupations les plus importantes des anglais (après la famille et les relations sentimentales...)!
Il y aura sans doute de très bonnes récoltes pour ceux qui auront choisi d'investir, à condition cependant d'être prêt à traverser quelques années de vaches maigres. La culture du gratuit a mis par terre l'industrie musicale et il va falloir attendre que le balancier revienne un peu dans l'autre sens avant d'entrevoir une possibilité de succès. Si on le dit plus abruptement, cela fait dix ans que le piratage est pour ainsi dire légal, il pourrait en falloir quatre ou cinq avant que l'internaute se convainc du bien fondé d'une offre payante.
dimanche 28 février 2010
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3 commentaires:
Et quid de jamendo ?
Bientôt des nouvelles très positives pour Jamendo.
Vous faites exprès d'écorcher le nom des startups mentionnées ?
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