jeudi 19 novembre 2009

Pourquoi la musique devrait être gratuite.... ou pas.

Ca apparait entre les lignes, parfois c'est en clair, mais c'est un point qui revient trop souvent pour qu'on ne l'aborde pas frontalement. La musique devrait elle être gratuite?
Après tout, elle pourrait l'être !
Il est donc intéressant de faire l'exercice de simuler un monde sans argent, tout au moins pour les musiciens.
1er Janvier 2011, il est interdit de vendre de la musique enregistrée en France ! 
Dans un premier temps, on assisterait à la fermeture de l'ensemble des entreprises qui en vivent : en France Sacem, Majors, indépendants, organismes de gestion collective, etc. Quelques milliers d'emplois en tout, soit un impact supportable à l'échelle d'un pays.
Pour les artistes faisant beaucoup de scène, l'impact serait limité, mais ils sont finalement très peu nombreux ; David Guetta, Bob Sinclar, une poignée d'autres Dj et on y est. Pour les formations très subventionnées (opéra, grandes formations classiques), pas d'impact du tout, les revenus des ventes de disques sont marginaux ; sauf leur respect.
La ou ça se complique c'est finalement pour tous les autres. TOUS, pour ainsi dire l'ensemble des gens qui font la musique que l'on écoute, seraient impactés. Si l'on prend le top des ventes de la semaine et même en mettant à part les artistes étrangers, les Kools Sen, Jena Lee, Benjamin Biolay et autres se retrouveraient sans revenus. Dans une certaine mesure, il pourrait continuer à produire de la musique, mais ils devraient trouver un boulot par ailleurs, la scene était probablement incapable de leur fournir des revenus suffisants pour vivre. Ils ne pourraient rémunérer les artistes avec lesquels ils travaillent, et en conséquence, ceux ci devraient également trouver un petit boulot par ailleurs et la qualité de leurs prestations s'en ressentirait sans doute largement.
Le temps qu'il leur est nécessaire de consacrer à leur art pour parvenir au niveau de qualité qu'on leur sait est rarement connu des néophytes. Les DaftPunk racontaient dans un interview qu'il leur arrivaient régulièrement de ne plus savoir combien de nuits s'étaient écoulées depuis qu'ils s'étaient mis au travail. Les Beatles avaient certes du génie, mais ils travaillent aussi jusqu'à 14h par jour les semaines durant lesquelles ils enregistraient un album et, ils consacraient  de 8 à 10h par jour à la musique en dehors de ces périodes !
De surcroît, il n'est pas certain qu'on entendrait jamais parler de Benjamen Biolay et autres. Qu'en le veuille ou non, le travail de promotion, pour chacun des noms cités plus haut, a été déterminant dans leur émergence. C'est à un article élogieux dans le New-York Times -pour lequel il a certainement nécessité l'emploi d'une agence de relation publique- que Monsieur Biolay doit son émergence à l'étranger.
Bien sûr, une certaine frange de musique pourrait se développer ; celle qui est aujourd'hui autoproduite, et parfois avec talent. Comme indiqué il y a quelques temps dans ces pages de blogs, la baisse des coûts des équipements technique milite aussi en la faveur de l'autoproduction. Il n'en reste pas moins vrai qu'il s'agit d'une sous-catégorie de la production musicale dont évidemment les gens ne se satisferaient pas.
Par ailleurs, je ne connais pas d'études concernant le nombre de d'artistes qui vivent de la musique, mais il me semble qu'avec un volume de 1,4Mds d'Euros pour la France, il doit être possible de rémunérer un nombre assez conséquent de gens. D'autant qu'il est probable que la "fragmentation" (nombres de bénéficiaires) soit assez importante. L'impact ne toucherait donc pas uniquement Jonny Halliday, mais également votre voisin de palier. Personnellement, je préfère que les musiciens soient plus riches que les traders, mais ça, c'est un autre débat...

8 commentaires:

Xingpao a dit…

C'est une simulation un peu tendancieuse ça!! Imaginons un autre scenario, en réponse point par point à celui-ci, tout aussi défendable (comme l'auteur, j'argumente peu, c'est plus facile):

"Dans un premier temps, on assisterait à la fermeture..." --> euh, l'industrie musicale, c'est pas que vendre des cds, non? un artiste aura toujours besoin d'une équipe autour de lui, et pour les rémunerer, il y aura toujours plein de pistes, dont les concerts par exemple!!

"Pour les artistes faisant beaucoup de scène..." -->on est d'accord

"les Kools Sen, Jena Lee, Benjamin Biolay et autres se retrouveraient sans revenus." --> le boulot d'un chanter c'est pas de chanter?? ce serait donc juste de poser son cul devant sa caisse enregistreuse une fois son cd pressé, génial!! Son revenu, l'artiste il le trouvera sur la scène!! Et cette scène paiera bien sûr son équipe...ce faisant, le voilà affranchi de sa maison de disque notre artiste!

"Le temps qu'il leur est nécessaire de consacrer à leur art pour..." --> on est d'accord! A charge pour eux de lisser leurs revenus pour passer ces cap ;-)

"De surcroît, il n'est pas certain..." --> certainement; mais en contrepartie, on entendrait peut-être juste les plus originaux, créatifs...et pas juste ceux qui bénéficient d'une machine de guerre à lobotomiser les cerveaux (je parle pas de biolay...);peut-être même qu'on y gagnerait au change, va savoir!!

"Bien sûr, une certaine frange de musique pourrait se développer..." --> seul le talent les fera émerger...

tout ça pour dire que finalement, ce serait peut-être pas si mal...

Anonyme a dit…

On devrait commencer par foutre la paix à ceux qui téléchargent.
Les pauvres types aux salaires misérable, criblé de dettes, les étudiants qui travaillent la nuit pour se payer leurs études....
La musique devrait-elle être réservée aux gosses de riche?

Si les droits d'auteur sont en baisse, c'est à cause du pouvoir d'achat, et donc de sarkozy!

Anonyme a dit…

on a pas d'argent donc on vole aux artistes. Belle mentalité. Je te suggère de travailler gratuitement pour commencer.

Babgi a dit…

Je ne peux accorder beaucoup d'attention au précédent commentaire qui, dans l'esprit, cherche à légitimer le vol de biens culturels sous prétexte que les revenus de certains seraient insuffisants, et qui semble écrit dans un contexte de "rancoeur politique". En revanche le commentaire de Xingpao est plus intéressant. Ceci étant, il ne développe pas assez le type de revenus alternatifs qu'il escompte se voir développer. La scène étant largement insuffisante -et contrairement à une idée répandue, en baisse- pour à elle seule faire vivre les artistes. Les revenus qu'elle génère ne font pas l'objet de statistiques fiables, mais elle compte généralement pour une part faible dans les revenus d'artistes, moins de 1/3 en général. Le risque serait donc d'avoir, grossièrement, 3 fois moins d'artistes.

philippe a dit…

Si tous les gosses de riches ne télécharge plus en payant, les pauvres qui téléchargent "illégallement" seraient plus riches ?

Et si un pauvre a l'idée géniale d'une musique, vous le condamner à rester pauvre. M'as-til pas le droit de devenir riche ?

La création intellectuelle mérite un salaire...
Télécharger illégallement c'est privé le créateur de son salaire donc du vol.

Et même chez Castro et chez les soviets le vol c'est interdit !

Anonyme a dit…

Le problème est que l'industrie du disque fait preuve d'une arrogance qui ne se dément pas même avec la crise. Il est assez logique que nous en arrivions à cette situation avec une gestion aussi calamiteuse du dossier "téléchargement. Au point où nous en sommes je suis au regret de constater qu'il faut "réinitialiser le disque dur", à savoir, reconstruire complètement le marché avec d'autres acteurs (providers de contenus et annonceurs), ce qui veut dire attendre patiemment la mort des maisons de disque. Il est juste dramatique de réaliser que ce sont les artistes qui vont payer le prix de cette révolution, pendant au moins une bonne dizaine d'années. J'espère que vos Ipods sont bien chargés..

Anonyme a dit…

Article assez faible (réduit le sujet, amalgames).

Vous nous avez habitué à mieux !

Tiebor a dit…

La vraie question selon moi est de se demander si "artiste" (remarquez les guillemets...) est un métier.
Certes, tout travail mérite salaire, mais l'activité d'un "artiste" est-elle un travail?

Je connais des dizaines de personnes qui ont une activité artistique pendant leur loisir (moi-même d'ailleurs, sans grande prétention), mais qui ne s'autoproclament pas pour autant artiste et ne réclame pas de rémunération.
Sont-ils pour autant moins "artistes" que les autres? Il existe des tas d'artistes amateurs, de grande qualité, qui sont heureux de leur situation et n'ont jamais pensé à devenir "professionnels".

je sais qu'une telle question ferait hurler les "artistes professionnels" (n'est-ce pas un oxymore?), mais ceux-ci devraient peut-être se remettre en question.

Il doit bien y avoir un compromis à trouver, entre des artistes pro qui estiment mériter une rémunération (parfois très importante), et d'autres qui n'ont rien.

Petite provocation pour finir: Et si un artiste travaille 8h par jour pour son art, peut-être alors qu'il n'est qu'un travailleur comme les autres, et non un génie... (perso, j'aimerais bien quitter mon job pour me consacrer 8h par jour à perfectionner ma guitare et mon piano...)

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