lundi 23 novembre 2009

Nos élites réfléchissent sur le futur de la musique ou, De l'analyse des avantage du modèle culturel Nord-Coréen.



Ces derniers temps, il semble que l'industrie du contenu ait reçu le soutien de quelques pontes institutionnelles -parmi lesquels Asterix, nom de code d'un ancien ministre connu pour sa loi en faveur de l'exception culturelle française- afin de reprendre l'initiative et faire de nouvelles propositions de nature à passer au delà de la controversée loi Hadopi.

Ainsi, dans une réunion qui s'est tenue la semaine passée du coté du Palais Royal et à laquelle ont participé deux patrons de majors françaises, des propos aux tonalités guerrière ont été entendus...
Sans doute inspirés par nos amis Chinois -ou Nord-Coréens, c'est au choix- ils ont décidé -entre autres idées géniales- qu'il serait à présent opportun d'essayer de forcer Google à restreindre ses résultats de recherche ! D'après eux, ce moteur de recherche serait un très grand pourvoyeur de contenus piratés dont, évidemment, il tirerait moult profits.


Méchants américains
Les mêmes sont plus que critiques à l'égard de Itunes qu'ils accusent (asseyons nous un instant)...  d'hégémonie ! Mais plus abject encore, de contrôle des marges et des prix. Ouh les méchants américains! Internet, Google, Apple -qui font rien que nous embêter (bien entendu, aucune des majors n'a jamais -en son temps, lointain il est vrai- essayé de contrôler les prix).
Ce matin même, ils étaient rejoint dans leur sainte croisade par le héros (bientôt sans terre à l'en croire) Nicolas Seydoux, qui s'en prend aussi à Google, mais cette fois-ci pour se comporter en rouleau compresseur de la culture, Rien de moins. Il est vrai que les coréens du Nord n'ont pas ces problèmes et que leur culture est sans doute aussi bien préservée qu'un Tinguely au fond d'un bocal de formol.


Lorsque le sage montre le soleil, l'imbécile regarde le doigt
et bien c'est aussi ce que font nos élites lorsqu'elle s'en prennent à Google, qui a le défaut d'être riche, américain et... efficace, des tares difficilement prescriptibles pour nos élites françaises. 
Faisons une petite expérience et tapons "Daft Punk" sur Google... est ce que notre ordinateur se transforme soudain en une machine à cracher du mp3, dans la seconde? En réalité pour trouver un site pirage, il nous faut aller... au 108ème lien ; et encore, le site malfaisant  n'est que cité dans un blog avec le lien approprié ! 
Les 107 liens qui précèdent conduisent sur des sites comme Deezer, Starzik, virginmega, Itunes et de nombreuses autres offres légales... Mais ça c'est tout à fait secondaire. 


Et voilà le mashup !
En revanche, et il faut l'admettre, ce qui est plus étonnant c'est que de nombreux liens conduisent vers des contenus mashupés, c'est à dire des remix de titres connus. Ce phénomène est tout à fait étonnant car il n'existait pas il y a seulement trois ans. Il ouvre un champs entier de disputes entre ayants-droits, sites web et musiciens... Un bonne pagaille assurée, dont nos amis cité plus haut semblent commencer à s'émouvoir. 


Ya de la joie, mais pas beaucoup... 
ce qui semble stupéfiant, c'est que personne ne dit jamais "que pourrions nous inventer pour reprendre l'initiative?".  Et surtout ne nous posons pas la question de savoir comment notre culture peut être plus forte, ou comment nous pourrions avoir une créativité qui transcende ce débat. Force est de constater que ce n'est pas l'industrie musicale qui a inventé les ringtones hifi (3,5Mds de $ de CA en 2006), mais quelques nerds dans une start-up du 20ème arrondissement. 
Dans ces pages, il a maintes et maintes fois été théorisé le potentiel de la co-création en général. Il semble d'ailleurs que concernant la musique, ce débat, ne fait que commencer. Et plutôt que d'essayer de clore le système, même s'il convient de limiter les comportements illicites, il faut essayer d'en tirer profit. Ce blog fera d'ailleurs prochainement une analyse des différentes formes de co-création dans le domaine de la musique. 


Pour finir donc, cessons de nous en prendre à nos amis outre-atlantique, Google n'est reponsable ni de l'aplanissement culturel (encore une fois, et pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, google est un moteur de recherche), ni du piratage, qui est le fait des sites vers lesquels il peut conduire. Il est vrai que si google devait s'assurer que le contenu des sites est licite avant de les indexer, le Minitel aurait encore toute sa place dans notre monde globalisé... 



4 commentaires:

Phillippe Astor a dit…

On peut d'ailleurs se demander par quel travers de notre société s'organise cette impunité qui voit une poignée de caciques industriels locaux confisquer le fond de tous ces débats sur la culture et la création en petit comité introduit... Tout cela est très vieille France, en définitive, et un brin bonapartiste, isn't it ?

Dr Maboul a dit…

Les fabricants d'armes (Dassaut, Lagardère, Thalès ou d'autres grandes entreprises françaises hors du CAC40) sont-ils responsables de l'utilisation qui est faite de leurs produits (tirer sur des gens, braquer des commerces...) ?

Non! Certes...

Mais il faut bien avouer que ce que fait Google c'est pire!
Donner un accès neutre et ouvert à presque tout ce qui est référencé sur le net (voir même ce qui n'est pas référencé mais que le GoogleBot a trouvé en suivant des liens). L'accès à la connaissance, à la culture, à l'échange... Vous rendez-vous compte???

Vous ne voudriez pas aussi rendre légaux les dictionnaires ou les encyclopédies tant que vous y êtes? On peut y apprendre des insultes ou même à fabriquer des armes, au lieu de les acheter...

Rhalalala, ces gauchistes ils ne comprennent rien au monde moderne... ;-)

Anonyme a dit…

Pour ma part j'accuserai les marchants d'armes, qui ne peuvent ignorer que la finalité de leur produit n'est rien d'autre que la destruction, tandis que Google rend un service que des centaines de millions d'individus apprécient chaque jour. Je me demande combien de vies ont été sauvées par Google (médecin qui évite une erreur de diagnostic par exemple)...
Les marchands d'armes sont des voyous, je n'en dirais pas autant de Google.

Patrick a dit…

On va pas non plus tresser des lauriers à Google, qui font des montagnes de fric grâce à tous les contenus mis en ligne gratuitement. Ils ont été plus malins plus vite, certes. Ce ne sont tout de même pas de preux chavaliers, si tant est qu'il en fut.

Pour ce qui est de la comparaison avec les marchands d'armes, mon petit doigt me dit qu'on ferait mieux de tourner notre langue...

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