AVATAR. Ces jours ci, tout le monde n'a que ces mots à la bouche, tant il est vrai qu'avec ce film, la rupture avec le ciména traditionnel est frappante. Grosse émotion pour ceux qui ont eu la chance de le voir en 3D, mais pas seulement pour eux. Les spectateurs de la version tradionnelle -2D- n'en parraissaient pas beaucoup moins stupéfiés par la qualité des animations, des animaux, de la flore, et de l'ensemble des images. Le Financial Times (ou était-ce le WSJ?) ne s'y est d'ailleurs pas trompé, titrant il y a quelques semaines "Avatar, A Landmark Film".
Il y a là matière à parler un peu de musique. Il est en effet tout à fait étonnant de constater combien l'industrie du cinéma n'a eu de cesse d'innover ces trente dernières années. Quoi qu'on puisse en dire, cette innovation a été un rampart plutôt efficace contre la banalisation de ses contenus. Preuve en est ; à une époque où la piraterie est à son paroxisme, James Cameron est parvenu à rassembler la coquette somme de 500 millions de dollars pour financer ce film...
Dans l'ordre chronologique, VHS, Dolby Surround, THX, DVD, blueRay sont quelques-uns des acronymes qui ont connu un net succès commercial, contribuant ainsi à relancer à chaque fois la machine. Voici maintenant qu'apparaît la 3D et, n'en doutons pas, celle-ci envahira un jour prochain nos foyers, nous poussant à renouveler, une fois de plus notre équipement ainsi que notre bibliothèque de films... Nombreux sont ceux d'entre nous qui ont soigneusement gardé, des années durant des cassette VHS, pour le jour où... Et riaient d'eux-mêmes lorsqu'ils ouvraient le placard où celles-ci prennaient la poussière, sans que jamais plus ils ne les utilisent. Gagneons qu'il en sera bientôt de même pour les platines Bluray (et pour toutes les platines d'ailleurs avec l'augmentation du débit de l'internet), bientôt supplantées par l'arrivé du standard 3D.
Il y a là sérieusement matière a remise en question pour l'industrie musicale, tant il est vrai que le format qu'elle utilise n'a pas changé (*).
Certes, la musique est aujourd'hui entièrement numérisée. Mais les puristes objecteront que le son du vinyl restera inégalée (et nous partageons largement ce point de vue). Si cela est exact, le support musical le plus qualitatif a...62 ans.
On objectera, avec un certain propos, que le ciména est un art qui se prête beaucoup plus facilement à l'innovation. L'image est imparfaite, et jusqu'à présent, elle n'était qu'en 2D. Tandis que le son est, pour beaucoup, parvenu un niveau, si ce n'est de perfection, tout au moins d'acceptabilité tout à fait satisfaisant pour le commun des mortels.
Et il faut admettre que l'amélioration de la qualité sonore n'a qu'un potentiel commercial limité.
Il n'en est pas moins vrai que le potentiel émotionnel de la musique est lui,sans limites : c'est d'ailleurs une part non négligeable de l'émotion cinématographique. Mais là ou la musique dispose d'un avantage unique, que n'a pas le cinèma, c'est dans le partage de cette émotion. Lorsqu'on regarde un film, on ressent à peu près la même émotion que son voisin du fauteuil d'à coté, mais on ne la partage qu'assez peu (certes on peut toujours lui broyer la main, ou la caresser, selon le contexte de ce qui projeté).
Or, curieusement, sans doute parce que la création d'émotion n'est pas un terrain facile pour les ingénieurs de R&D, il n'y a pas ou très peu d'initiatives dans ce sens.
Voilà pourtant un vrai terrain de développement. Certain pourront arguer du fait que l'invention d'un créateur d'émotion ne se fait pas sur commande, et c'est pourquoi nous résumons ici quelques pistes, parfois abordées dans ces posts, mais pas encore sous cette forme :
1) permettre une immersion de l'internaute dans le concert (voir même dans l'univers de l'artiste) :
Ce qui existe aujourd'hui, ce sont des dispositifs qui permettent au mieux de changer d'angle de vue, de caméra. il serait intéressant de permettre aux internautes de participer pleinement en leur offrant la possibilité de s'exprimer et donc d'être plus au coeur de l'évènement ; du chat à la possibilité d'hurler ou d'applaudir (c'est selon) avec ceux ont payés leur billets.
2) influencer la musique. il s'agit là d'un vieux rêve, mais pouvoir, à la mesure de ses moyens, jouer un des instruments, c'est une expérience que beaucoup aimeraient tenter. C'est certainement le principal facteur de succès de Rock Band. Ce jeu, qui s'est maintenant vendu en dizaines de millions d'exemplaires, mériterait d'être étendu à d'autres univers (Jazz et classique band par exemple), de façon approprié bien entendu : une guitare electrique n'étant pas nécessairement la meilleure interface.
3) ré-écrire la musique. Nous l'avons déja dit dans ces lignes : il pourrait venir une époque ou la version la plus populaire d'un titre serait co-créée par une succession d'interprêtes. Certains de nos lecteurs semblent très septiques vis-à-vis de ce processus. Il n'y a cependant aucune raison que le futur de la musique passe massivement par la co-création et que le processus de création partagé aboutisse à un accroissement de la qualité. C'est le cas dans de nombreux domaines sur internet (il suffit de prendre l'exemple de wikipedia). La musique est le champs de prédilection par excellence d'une approche co-créative. Les maisons de disques semblent terrifiées par le mashup ; il existe à notre sens là une opportunité de création artistique extraordinaire et le business model -car il en faut- ne semble pas en dehors de porté.
4) jouer le phénomène du réseau social. C'était bien parti avec Myspace, mais le site a pour ainsi dire cessé d'innover lorsqu'il a été acquis par Newscorp. Il existe pourtant un champs intéressant de partage que l'on peut observer dès que l'on met en ligne un titre musical sur Facebook. Ce sont généralement les notes les plus reprises. Nous ne pouvons que souhaiter qu'un des nombreux réseaux sociaux de fans qui se sont créés récemment émergera en 2010 comme LE site qui saura valoriser cette particuliarité sociale de la musique et faire en sorte qu'elle rapporte plus que de la notoriété.
Pourquoi insister -un peu trop de l'avis de certains- sur ces sujets? Parce qu'à force d'entendre parler de start-up, de musiciens et de managers qui ne pensent surtout qu'en termes de business model (je te donne un titre gratuit, mais tu achètes l'autre et tu en envois un troisième à un copain, etc.), il nous semble important de rappeler que cette façon de voir banalise finalement le produit musique.
Goethe
(*) il serait intéressant d'étudier (une autre fois) le processus d'innovation du cinéma, qui implique constructeurs, studios de cinéma, et parfois même réalisateurs.
2 commentaires:
Très bon article... vive l'innovation !
Gabriel Ecke.
Quelles conclusions avez vous envie de tirer de ces constatations (sur lesquelles il y aurait des commentaires à faire) ?
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