En 2000, l'industrie de la musique a enregistré sa meilleure année de tous les temps : un chiffre d'affaire proche des 41 milliards de dollars, soit plus de deux fois ce qu'il était 15 ans auparavant, même s'il est vrai que l'inflation fausse un peu la lecture de ces chiffres. Les menaces pourtant ne cessaient de s'amonceler sur l'industrie. Napster avait clairement montré son potentiel et l'industrie s'est mobilisé dans son ensemble pour essayer d'en bloquer le développement.
On ne refera pas le parcours des l'industrie de la musique, sauf pour dire que les 14 années écoulées ont surtout été une succession de ruptures, de lancements de nouvelles offres, de concentration des maisons de disques... pour aboutir à ce que nous avons aujourd'hui : un marché totalement recomposé, totalement différent, ne pesant qu'un peu plus de la moitié de ce qu'il était il y a 14 ans.
Peu de chocs dans l'histoire économique sont comparables ; peut-être le passage de la voiture au maréchal Ferrand ou l'émergence de la photographie face aux artistes-peintres.
Pourtant, même sil beaucoup d'acteurs souffrent encore, même si les petits artistes continent à avoir des difficultés à vivre, même si les maisons de disques continuent à se plaindre d'une transition imparfaite., même si le download de musique ne semble plus progresser, même si il existe de nombreuses raisons de se plaindre, le monde qui s'ouvre est probablement assez radieux.
Pour commencer, les acteurs improductifs ont disparu. Les majors, habitués à vivre sur un train d'exception, ont été les plus ébranlés, passant de cinq à trois et réduisant leur train de vie de façon drastique. On se souviendra d'une époque où l'ensemble des membres d'un Major étaient logés au Martinez, lors du Midem, et dont les patrons n'avaient rien moins que des suites dans ce même hôtel.
A présent, les acteurs de la musique sont redevenus des entrepreneurs, mesurant vraiment l'efficacité de leurs actions et s'assurant que le business est conduit avec rigueur ; rendant ainsi un vrai service à leurs consommateurs.
Les nouveaux acteurs, à l'instar de Deezer, Spotify, Believe montrent que l'on peut durablement créer de la valeur avec les contenus. Et il ne se passe pas désormais une semaine sans que l'on découvre de nouveaux acteurs, plus innovants les uns que les autres, qui développent de nouvelles solutions, technologies, formats de contenus, contenus... On assiste même à la création de nouvelles maisons de disques, chose impensable il y a seulement trois ou quatre ans !
Et le rationnel est le suivant : après 13 années de chute, il est bien possible que 2014 soit la première année où, en valeur, l'industrie de la musique croitra à nouveau. C'est un désaveu pour tous ceux qui prédisaient sa mort. Beaucoup, par contre, comme Stéphane Bourdoiseau de Wagram ou Vincent Frerebeau de Tôt ou Tard, paraissent croire en l'avènement des années d'or. Et ce n'est pas impossible. Le contenu reste roi, impossible à reproduire par des machines.
La morale de cette histoire est finalement simple : comme pour tout, il faut raison garder. L'argent trop facile a manqué de tuer l'industrie musicale qui, durant longtemps, n'a pas supporté que son modèle puisse être remis en cause. L'arrogance avec laquelle ils se sont alors défendu n'a fait qu'aggraver leur cause. Il a fallu longtemps avant que le chemin de la raison, de l'innovation, de la mesure ne reprenne le dessus. Souhaitons à présent que ces notions soient inscrites dans le marbre du hall des maisons de disques et de l'ensemble des acteurs de la filière... L'avenir est radieux pour ceux qui sauront raison garder.
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